La BGL Ligue va se serrer la ceinture
Fuite des sponsors et contrats revus à la baisse comme premières conséquences de la crise
Les grands clubs européens ne sont pas les seuls à se torturer les méninges sur le plan financier. Il y aura aussi un avant et un après Covid-19 dans le monde du football luxembourgeois. La question peut paraître futile au coeur de l'urgence sanitaire. Elle occupe pourtant déjà les esprits de certains dirigeants au pays.
«Cette crise va provoquer un changement majeur», affirme Luc Hilger. A la tête d'une fiduciaire de 35 personnes, le président strassenois est sur tous les fronts. «Ce n'est pas tant l'absence de rentrées financières provenant des recettes au guichet qui seront préjudiciables, mais le risque de désertion des sponsors.»
Selon le modèle économique défendu par les clubs, les partenaires occupent une certaine place dans leur financement. «Oui, il y aura des résiliations», confirme Pascal Wagner, vice-président de l'union Titus Pétange.
Patrick Kugener est aussi bien placé pour en parler. Directeur sportif de L'US Mondorf, il en est aussi l'un des sponsors majeurs. «Je vous avoue que je pense en premier lieu à la situation de mes employés. Mais je me suis engagé envers le club de Mondorf et j'ai l'intention de tenir mes promesses jusqu'au bout, mais il faut voir jusqu'où la crise va nous emmener.»
Chômage partiel ou…
La photographie est prise à l'instant et la vérité sera peut-être tout autre dans une semaine. Le rythme de vie confortable dans lequel sont installés beaucoup de joueurs parmi l'élite grand-ducale va changer. «J'ai déjà prévenu les joueurs, les entraîneurs et les agents que les contrats ne seraient plus les mêmes à l'avenir», avertit Hilger. «En attendant, on n'a pas arrêté de payer les joueurs. Ils toucheront leur mois de mars. Si on ne joue pas en avril, c'est une autre histoire.» A Pétange, le débat doit encore avoir lieu en interne. On connaît les valeurs humanistes du président Paulo Duarte, mais l'arrêt des chantiers cette semaine ne va pas égayer le monde de la construction ni celui de l'immobilier. «Moi, j'ai déjà dit aux joueurs d'épargner et de ne pas dilapider l'argent dans des produits de luxe», explique Wagner.
Et les joueurs dans tout ça? Certains clubs, comme le Fola, panachent des garçons sous contrat de travail et d'autre sous contrat dit «de louage de service».
«Les premiers devraient bénéficier du chômage partiel», explique le président du Fola Mauro Mariani. Pour les seconds, qui représentent la majorité des joueurs de l'élite grand-ducale, les clubs vont se pencher sur la question.
Wagner avançait une première piste à explorer. «Peut-être que l'on pourrait les considérer comme indépendants. Il reste à voir sous quel régime ils tombent selon qu'ils habitent dans tel ou tel pays», précise le Pétangeois.
Les sponsors? Oui il y aura des résiliations. Pascal Wagner, président de l'union Titus Pétange
J'ai déjà prévenu les joueurs qu'ils devront revoir leur contrat à la baisse. Luc Hilger, président de L'UNA Strassen
Quelles aides?
«Je ne trouverais pas normal que les clubs paient seul l'addition», poursuit Hilger. Mariani, lui, n'estime pas utopique «que la FLF ou L'UEFA apporte son écot à la situation». Des spéculations qui dépendent en grande partie de la forme que va prendre la fin de saison si fin de saison il y a. «La qualification pour une Coupe d'europe conditionne pas mal de choses», reconnaît Mariani, rompu à voir son club puiser dans la manne européenne pour rester audessus de la ligne de flottaison. Loin de ces considérations, L'US Mondorf a vécu sous un autre régime ces dernières années en tissant des liens étroits avec ses joueurs à qui ils ont parfois donné un fameux coup de main pour trouver un travail. Des relations qui pourraient être salutaires à l'heure de passer à l'ère post-coronavirus.