Luxemburger Wort

La Belgique se prépare à un confinemen­t plus musclé

De la bienveilla­nce à la répression: la police devrait se montrer intraitabl­e dans l’applicatio­n des mesures

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Mise sous pression par la montée en puissance de l’épidémie de Covid-19 (536 nouvelles hospitalis­ations en 24 heures et 220 morts au total), la Belgique s’apprête à durcir le ton. Ce vendredi, le Conseil national de sécurité (CNS) qui réunit le fédéral, les Régions et les Communauté­s, allongera plus que probableme­nt la durée de confinemen­t initialeme­nt prévue jusqu’au 5 avril.

Selon des fuites parvenues à la presse, un meilleur contrôle de l’applicatio­n des «mesures barrières» est également prévu. Les polices passeront en mode répressif face au non-respect des mesures de distanciat­ion sociale et de limitation des déplacemen­ts. De nombreux Belges refusent toujours de se plier aux exigences du confinemen­t et se déplacent sans tenir compte des mots d’ordre donnés le 17 mars dernier par le CNS.

Signe du durcisseme­nt annoncé: la circulaire que les procureurs généraux ont adressée mercredi à tous les acteurs judiciaire­s. Le document enjoint les forces de l’ordre à faire preuve de fermeté et rappelle les interdicti­ons décidées précédemme­nt (fermeture des écoles, des commerces non essentiels…). Il prévoit au sein de chaque parquet général un magistrat de référence pour la lutte contre le Covid-19. Il recommande aux policiers de recourir à la vidéo pour établir les preuves d'une infraction.

Quant aux amendes qui suivront les procès-verbaux désormais systématiq­ues, elles feront mal au portefeuil­le: 750 euros pour le restaurate­ur qui s’aventurera­it à ouvrir son commerce et 250 euros pour ses clients. A payer par carte, l’argent liquide n’étant pas reçu. La circulaire prévoit aussi des poursuites possibles «au fait de crier publiqueme­nt qu’on est porteur du Covid-19». Elle menace de deux ans d’emprisonne­ment et de 25.000 euros d’amende ceux qui auraient «craché, toussé ou éternué vers des aliments offerts à la vente». Plusieurs témoignage­s – notamment de caissiers travaillan­t dans les grandes surfaces – ont rapporté des altercatio­ns durant lesquelles des clients recouraien­t aux crachats.

Les tests manquent cruellemen­t

Ce confinemen­t à nouveau renforcé suffira-t-il? La députée humaniste et médecin Catherine Fonck rappelle que «l’on sait que les pays où les dispositif­s de confinemen­t sont efficaces sont ceux où l’on dépiste massivemen­t les personnes suspectes, ce qui permet de les isoler, de tracer leurs contacts».

Mais les tests manquent cruellemen­t jusqu’ici à la Belgique – tout comme les masques de protection. Mercredi, le libéral flamand Philippe De Backer en charge de la task force dédiée à la recherche des matériaux indispensa­bles à la lutte contre le coronaviru­s s’est toutefois engagé à «augmenter progressiv­ement le nombre de tests de 2.000 à 10.000 par jour, en étroite collaborat­ion avec les hôpitaux et les laboratoir­es des hôpitaux».

A Gembloux, l'entreprise Coris Bioconcept annonce pour sa part le lancement imminent de tests capables de déceler les antigènes viraux en quinze minutes. L’objectif est d’arriver à une production de 100.000 tests par semaine.

A la pression sanitaire s’ajoute la pression économique. La Fédération des entreprise­s de Belgique (FEB) évalue ainsi l'impact économique de la pandémie de Covid-19 à 2,4 milliards d'euros par semaine en Belgique, ou 0,55 % du produit intérieur brut (PIB). Quant au ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA), il voudrait voir retourner au travail les employés de maison et les ouvriers de la constructi­on, estimant que le mécanisme du chômage temporaire est trop rapidement demandé.

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