A la recherche de raconteurs d’histoires
Après l’arrêt des concerts dans les maisons de retraites ou de soins: l’appel de la Fondation EME
Les personnes âgées vivant dans les maisons de retraite ou de soins, sont aujourd’hui plus que jamais isolées. Pour cause de coronavirus, les visites des proches sont désormais interdites. Les concerts que la Fondation EME (Ecouter pour Mieux s’entendre) propose d’habitude dans ces structures sont stoppés net.
«Les journées sont longues pour ceux qui vivent dans ces centres», note Dominique Hansen, directrice de la Fondation EME, avant de rappeler: «En temps normal, nous organisons quelque 650 concerts par an dans différents milieux. Rien que pour les hôpitaux, maisons de soins ou de retraite, nous arrivons à près de 180 interventions. Maintenant, tout est à l’arrêt.»
Face à cette situation inédite et préoccupante, la fondation a décidé d’agir. Et lance un appel aux musiciens du pays. «Certains le font déjà: les musiciens enregistrent des vidéos de leurs concerts, les diffusent sur les réseaux sociaux, aujourd’hui il suffit d’un téléphone pour le faire. D’où notre appel aux musiciens: envoyeznous vos enregistrements, qui pourront être diffusés dans toutes les structures», explique la directrice de la Fondation EME. «Nous cherchons des raconteurs d’histoire.»
Des interventions d'ensembles de musique de chambre, des solistes ou d'instrumentistes, des ateliers de chant ou divers workshops... la Fondation EME poursuit avec ces multiples activités une mission simple: «Apporter le plaisir grâce à la musique et apporter la musique à ceux qui n’y ont pas accès. Au-delà de toutes barrières qui peuvent empêcher certains à avoir accès à la musique – nous voulons aller à la rencontre de personnes malades, en difficultés ou exclues» rappelait Dominique Hansen en 2019 lors
La Fondation EME organise chaque année près de 180 concerts dans des maisons de soins ou de retraites (photo). Ces initiatives sont maintenant à l’arrêt. Des concerts virtuels devraient permettre aux personnes âgées de continuer de profiter de ces moments de divertissement.
Pour Dominique Hansen, de nouvelles voies doivent être cherchées. des festivités du dixième anniversaire de la Fondation EME.
L’addition pourrait être lourde
si le confinement perdure
Ces rendez-vous ont été retirés de l’agenda de toutes les structures il y a près de deux semaines. A raison d’une trentaine de sorties mensuelles, si le confinement imposé face au virus devait s’éterniser, l’addition risque d’être lourde, déplore d’ores et déjà Dominique Hansen.
Le centre de jour de la Croixrouge luxembourgeoise de Lorentzweiler est lui-aussi touché par cet arrêt des concerts de la Fondation EME. Veronika Dolezalova est éducatrice dans cette structure, qui est de plus en plus vidée de ses visiteurs quotidiens. «Normalement nous avons un concert par mois. Nos clients aiment avant tout une musique douce, qui souvent chez elles rappelle des souvenirs. Surtout pour les personnes souffrant de démence, la musique peut avoir des effets très bénéfiques grâce aux stimulations qu’elle engendre.»
Nombreuses sont actuellement les initiatives qui grâce à différentes technologies ont pour but de parer à l’impossibilité d’organiser des concerts en live. A l’image des «Live aus der Stuff» de Serge Tonnar, qui ont démarré dès le début de la crise sanitaire, ces nouveaux concerts virtuels, qui fleurissent un peu partout, s’adressent souvent à un public bien déterminé. «Dans les structures que nous visitons, le répertoire de chansons luxembourgeoises est tout particulièrement apprécié des pensionnaires, cela leur rappelle de bons souvenirs, Les chansons françaises ou italiennes sont elles-aussi très prisées», note Dominique Hansen.
C’est pour cette raison, qu’outre les musiciens de l’orchestre philharmonique du Luxembourg – qui sont sont régulièrement à pied d’oeuvre, l’appel de la Fondation
EME s’adresse à des artistes d’horizons les plus divers. La directrice est bien consciente que tous les genres de musique ne s’adaptent pas forcément au public d’une maison de soins, voire de retraite. Que faire par exemple si des rappeurs ou des musiciens de métal proposent leurs service? «Nous ne refuserons aucune proposition, nous essayerons de les diriger vers d’autres structures, qui s’occupent de jeunes. Dans le passé nous avons par exemple régulièrement collaboré avec le service de psychiatrie juvénile.» La directrice assure que la fondation s’adresse aussi à d’autres publics, qui euxaussi sont demandeurs.
Pour finir, Dominique Hansen tient à rappeler que la fondation rémunère chaque musicien participant à l’une ou l’autre initiative – qu’il soit indépendant ou salarié. A chaque musicien ensuite de disposer à sa guise de ce cachet.
«Il est important que les concerts de la Fondation EME puissent reprendre le plus rapidement possible. Pour le bien-être de nos personnes»: Veronika Dolezalova ne perd pas espoir.