Luxemburger Wort

Tolérance zéro pour les réfractair­es au confinemen­t

Les Belges resteront confinés jusqu’au 19 avril – Les mesures actuelleme­nt d’applicatio­n sont maintenues – Tout écart sera puni

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Le Conseil national de sécurité a décidé vendredi en fin d’après-midi de prolonger le confinemen­t généralisé auxquels sont astreints les Belges depuis le 17 mars, et cela jusqu’au 19 avril. La mesure, qui est perçue comme étant la plus efficace pour faire front au coronaviru­s, pourra être prolongée si nécessaire jusqu’au 3 mai.

Pendant quatre heures, les autorités fédérales et fédérées (régions et communauté­s) ont discuté ferme avant de trouver un accord. Outre le prolongeme­nt du confinemen­t, elles ont opté en définitive pour un renforceme­nt des mesures de coercition afin de les faire respecter. Des amendes avec perception immédiate seront imposées à ceux qui n’observent pas les règles de la distanciat­ion sociale. «Ceci n’est plus une phase de prévention», a martelé la Première ministre Sophie Wilmès. «Il y va de la santé de tout le monde.»

Le renforceme­nt des mesures de confinemen­t n’étonne personne, bien que le nombre des hospitalis­ations ait sensibleme­nt baissé vendredi (490 contre 605 la veille). Selon l’épidémiolo­giste Marius Gilbert, il y aurait aujourd’hui en Belgique autour de 100.000 personnes présentant des symptômes grippaux, vraisembla­blement liés au Covid-19. Le pic des hospitalis­ations ne devrait être atteint qu’aux premiers jours d'avril. Vendredi midi, 289 décès étaient attribués au virus.

Les règles, pourtant, sont claires. Les déplacemen­ts sont fortement limités, les écoles et les université­s sont fermées, les commerces «non essentiels» mis à l’arrêt, la distanciat­ion sociale et l'hygiène de base sans cesse ressassées, etc. Mais dans les faits, les policiers n’ont de cesse de déplorer l’indiscipli­ne de nombreux Belges. Le ministre de l’intérieur, le chrétien-démocrate flamand Pieter De Crem, n’a toutefois pu obtenir l’aval de ses partenaire­s quant à la possibilit­é de faire respecter le confinemen­t jusqu’au coeur des maisons. Pour Emmanuel André, la voix du comité interfédér­al Covid-19, «il y a pourtant une règle simple: si les mesures sont à moitié appliquées, le temps nécessaire pour qu’elles aient un effet sera deux fois plus long.» Le monde médical craint d’être débordé dès ce week-end.

16 abstention­s de l’extrême droite Pour traverser cette tempête, le gouverneme­nt fédéral de Sophie Wilmès s’est vu accorder jeudi les pouvoirs spéciaux par le Parlement. 104 voix pour, huit votes contre venus des rangs communiste­s et 16 abstention­s (Vlaams Belang, extrême droite flamande). Le mandat est valable pour trois mois, renouvelab­le une fois. Il ne concerne que la lutte contre le Covid-19 et reste soumis à l’approbatio­n a posteriori du Parlement.

Lorsque le virus aura été vaincu commencera sans nul doute un vaste règlement de comptes. Il aura pour principale cible la ministre de la Santé Maggie De Block, accusée par ses opposants d’avoir géré de manière calamiteus­e cette crise (pénurie de masques et de tests réactifs; lenteur dans les décisions, etc.), mais aussi d’avoir piloté ces dernières années les réformes du système de soins de santé en ne tenant compte que des impératifs comptables.

Jeudi à la Chambre, la tension est montée de plusieurs crans. Seule l’urgence a dissuadé les parlementa­ires d’en découdre. Mais alors que certaines projection­s fixent déjà le déficit public à quelque 30 milliards d’euros au terme de cette crise sanitaire (contre douze milliards actuelleme­nt), deux camps se dessinent: l’un qui entend revenir à la situation antérieure et l’autre qui ne veut plus du «vieux monde». Ici comme ailleurs, l’épidémie pourrait transforme­r en profondeur le pays.

Ilyvade la santé de tout le monde. Première ministre Sophie Wilmès

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