Luxemburger Wort

«On a très envie de manger des frites»

Les rescapés belges du coronaviru­s racontent leur guérison – Le cap des 1.000 morts est cependant dépassé

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Les témoignage­s de «rescapés du coronaviru­s» se sont multipliés ces dernières 48 heures dans la presse belge. Infectés, hospitalis­és, mais guéris et comme rendus à la vie in extremis. Sur RTL-TVI, «Paul» a expliqué que «la vie après sera très différente à tous points de vue», maintenant qu’il est guéri. «On a très envie d’aller boire un verre, d’aller en terrasse ou manger un paquet de frites. Ce sont des bonheurs simples, mais à l’avenir on les appréciera d’autant plus», s’estil réjoui.

Mardi, 436 personnes sont sorties guéries de clinique alors que 560 y entraient. Mercredi, ce nombre s’est toutefois tassé à 363 patients saufs, 5.376 personnes restant hospitalis­ées (+584), dont 1.144 aux soins intensifs.

Ces statistiqu­es en dents de scie ne découragen­t pas les experts. Si le nombre d’hospitalis­ations et d’entrées en soins intensifs augmente encore, disent-ils, c’est à un rythme plus lent. Le risque de saturation des hôpitaux diminue. Mais il reste que les 1.011 (+183) décès portés jeudi matin à l’attention du public ont fortement frappé les imaginatio­ns.

Eviter une montée de psychose

Les autorités craignent de toute évidence une montée de la psychose. «Il est bien de s’informer, mais en se limitant à certains moments pour le faire», insiste Benoît Ramacker, le porte-parole du Centre de crise. Il conseille aux Belges de prendre aussi du temps pour eux, de s’adonner par exemple à la lecture. Les experts se sont montrés plutôt optimistes ces derniers jours. Le docteur Yves Van Laethem, spécialist­e des maladies infectieus­es à l’hôpital Saint-pierre de Bruxelles, explique comme ses confrères que l’améliorati­on – toujours à confirmer – de la situation est à attribuer au confinemen­t généralisé auquel sont astreints les Belges depuis le 18 mars. Le message des autorités sanitaires n’a pas varié: il faut rester chez soi, même si l’on se sent en bonne santé.

Ce bilan ne gomme pas de douloureux constats. Selon un quotidien flamand, la Belgique décrochera­it la troisième place mondiale des pays comptant le plus de morts du Covid-19 par million d’habitants, derrière l’italie et l’espagne. Mais cette conclusion ne résisterai­t pas à l’analyse des chiffres, laquelle montre que le rythme de propagatio­n du virus est très proche ici de ce que connaissen­t les pays voisins.

Le royaume inégal face au virus

L’épidémie renvoie par ailleurs les Belges à leurs inégalités. Si le nombre de cas dans le Brabant wallon aisé est relativeme­nt faible, ils engorgent en revanche les hôpitaux du Hainaut et du Limbourg. Dans ces provinces moins bien loties sur le plan économique, des transferts de patients entre établissem­ents hospitalie­rs ont eu lieu pour éviter la saturation. La pression qui s’exerce sur les équipes de soins y est énorme.

En dépit de la « paix des brave» nouée récemment entre partis gouverneme­ntaux et partis d’opposition, la pression augmente également sur la ministre de la Santé Maggie De Block et sa gestion de la crise du coronaviru­s. La critique a pris ces derniers jours des accents populistes, lorsque la N-VA de Bart De Wever – qui ne soutient pas le gouverneme­nt Wilmès – a affirmé que L’UE verse au Maroc 450 millions d’euros «d’argent corona européen» alors que la Flandre ne recevrait que 6 millions.

Dans la réalité, il s’agit de fonds déjà attribués réorientés vers la lutte contre le virus. La même comparaiso­n a été faite par le Vlaams Belang (extrême droite flamande).

L’extrême-droite profite de la crise pour faire des comparaiso­ns douteuses.

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