Un vent de détente souffle sur la Belgique
Si les frontières restent fermées, les signaux favorables aux voyageurs se multiplient – résidences secondaires accessibles
Au niveau européen, c’est la cacophonie. L’italie va rouvrir ses frontières au tourisme. La Grèce la suivra à la mi-juin. La France espère bien recevoir ses hôtes étrangers cet été. Plus radicale, l’espagne a décidé de prolonger les mesures d’alerte au moins jusqu’au 6 juin…
Et la Belgique? Officiellement rien n’a changé. Le site de son ambassade à Luxembourg rappelle que «dans le cadre de la crise liée au coronavirus, le gouvernement belge a décidé d’interdire tous les voyages non essentiels vers l’étranger, jusqu’au 7 juin compris.»
Un régime particulier reste d’application pour les travailleurs frontaliers. Dans l’autre sens, et sauf exception dûment justifiée, le franchissement reste interdit. La police belge a tenu à rappeler la règle des déplacements «non essentiels» à la veille du week-end de l’ascension, menaçant de verbaliser tout contrevenant qu’il soit belge ou étranger.
Il y a toutefois de la détente dans l’air. Au niveau diplomatique, les représentants belges, français, néerlandais, allemand et luxembourgeois, s’étaient vus le weekend dernier pour discuter de la levée progressive des restrictions qui entravent leurs frontières communes. Mercredi, ce sont dix pays (dont la Belgique, la France et le Luxembourg) qui se sont entendus pour une «approche par étapes progressives coordonnées et convenues entre les États membres de L’UE et de (l’espace) Schengen» en vue d'aboutir à une normalisation progressive des voyages transfrontaliers et à la réouverture des postes frontaliers. Le chef de la diplomatie belge,
libéral francophone Philippe
le
Goffin, répète à l'envi qu’une levée des restrictions aux frontières dépend de la similitude des approches entre la Belgique et ses voisins face à la maladie et à la maîtrise de contamination.
Bonne nouvelle: les chiffres montrent que les phases successives de déconfinement n’ont pas relancé la pandémie en Belgique. Il reste aux autorités belges à convaincre leurs partenaires que c’est la méthode statistique employée qui explique un nombre aussi élevé de décès attribués au coronavirus sur le territoire national – plus de 9.000 morts. Il est assez facile d’expliquer que ce décompte est trop large dans la mesure où il inclut les morts en maison de repos sans qu’il ne soit vérifié s’ils ont été atteints ou non par le Covid-19.
Les résidences secondaires
accessibles
Il est évidemment moins simple au plan politique de reconnaître que, s’il a fallu recourir à un tel biais, c’est bien parce que la Belgique était mal préparée pour résister à l’épidémie.
Concrètement, ce début de week-end de l’ascension a envoyé une série de signaux positifs aux voyageurs et aux touristes. L’aéroport de Bruxelles-charleroi a décidé de rouvrir ses portes dès le 15 juin. Ryanair, sa compagnie fétiche, enregistre des réservations pour cet été – même si, officiellement, rien ne garantit pour l’instant que les frontières seront levées. Surtout, depuis ce mercredi, l’accès aux résidences secondaires est à nouveau autorisé. Sous la pression de centaines de propriétaires prêts à attaquer l’etat en justice, puis des bourgmestres de la Côte et enfin du gouvernement flamand, le Conseil national de sécurité a fini par céder. Précision: «Un ménage, peu importe sa taille, est autorisé à accueillir chez lui ou au sein de sa résidence secondaire jusqu’à quatre personnes. Ces quatre personnes sont toujours les mêmes.»
C’est une seule question qui préoccupe aujourd’hui les Belges: où vont-ils prendre leurs vacances?
Pour l’instant, la mesure ne concerne que les Belges. Mais on voit mal la Côte renoncer à accueillir les Luxembourgeois et les Allemands qui font vivre son tourisme tout l’été. Idem pour les Néerlandais en Ardenne.
La levée des restrictions pesant sur les résidences secondaires n’était pas attendue au moins avant la semaine prochaine, moment où un nouveau Conseil national de sécurité pourrait décider éventuellement d’autres phases de déconfinement. Il y a donc une accélération, motivée en bonne partie par la seule question qui préoccupe aujourd’hui les Belges: où vont-ils prendre leurs vacances? Maintenir les frontières fermées ferait assurément figure de traumatisme national.