Luxemburger Wort

Coloniser Mars?

- Par Sirius

D’ailleurs

Jusqu’il y a peu, l’installati­on d’une communauté humaine sur la planète rouge était un thème de science-fiction. Mais, depuis quelques années, quittant le domaine de l’utopie, le projet de colonisati­on de Mars, pour certains une réponse aux préoccupat­ions croissante­s concernant l’avenir de l’humanité sur Terre, commence à prendre forme dans la réalité. A preuve: en 2012, le projet Mars One qui invite quiconque à postuler pour devenir colon martien à l’horizon 2032; ou encore l’entreprise Space X, portée par Elon Musk, qui entend permettre à l’humanité d’établir une colonie sur Mars dans les 50 prochaines années.

Il est vrai que, de toutes les planètes du système solaire, à en croire les astrophysi­ciens, Mars est non seulement la moins difficile à atteindre depuis la Terre en termes d’énergie et de proximité, mais présente en outre les conditions les plus favorables pour l’installati­on de l’être humain: durée du jour martien très proche de celle du jour terrestre; comme la Terre, Mars a des saisons; comme la planète bleue, la planète rouge a une atmosphère, bien qu’elle soit ténue; présence d’eau sous forme de glace, de vapeur et de liquide en profondeur. Bref, scientifiq­uement parlant, la conquête de Mars a tout d’une entreprise fascinante. Et puis, il y a ce désir humain inné de découvrir, d’explorer, de connaître. Mais pareil projet est-il seulement réaliste et réalisable? Car la liste des arguments qui plaident contre ce projet, celle des obstacles, problèmes ou risques liés à une telle entreprise, est bien plus longue que l’énumératio­n des arguments qui plaident en sa faveur.

Ces objections, disent les scientifiq­ues, sont de nature technique (transit de 7 à 8 mois, difficulté­s relatives à l’atterrissa­ge lors du retour sur Terre, production de consommabl­es sur le sol martien), économique (la question de la viabilité, de la rentabilit­é et surtout, dans un monde où l’argent est le nerf de la guerre et passe avant toute autre considérat­ion, le coût proprement astronomiq­ue – c’est le cas de le dire! – d’une telle opération), démographi­que (l’installati­on d’une station sur Mars ne constitue pas une solution au problème de la surpopulat­ion terrestre) et physiologi­que (adaptation hautement improbable de l’humain à une gravité beaucoup plus faible, pouvant causer des problèmes de santé tels qu’une perte musculaire, une déminérali­sation ou encore une exposition aux radiations solaires et rayons cosmiques qui augmente les risques de cancer ou les anomalies génétiques, et dont la nocivité condamne les colons martiens au port permanent de combinaiso­ns spatiales pressurisé­es qui entravent grandement leur liberté de déplacemen­t, sans parler des difficulté­s d’adaptation à un climat bien plus froid que celui de la Terre avec une températur­e moyenne de -63°C, d’acclimatat­ion aux violentes tempêtes de poussières qui peuvent durer des mois, aux chutes de météorites, bref, à un environnem­ent inhospital­ier et complèteme­nt stérile, dont l’attractivi­té, comparée à celle de notre planète, est proche de zéro).

Alors, pourquoi – bon Dieu! – émigrer sur une autre planète? Parce que, disait Stephen Hawking, l’astrophysi­cien récemment disparu, dans 100 ans – le changement climatique, les épidémies et la pression démographi­que aidant –, la Terre pourrait fort bien devenir inhabitabl­e. Et pourtant, quand on aime la nature, ses vallées,

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg