Luxemburger Wort

Titus Pétange ou le mouvement perpétuel

Fusionné depuis cinq ans, le club du Bassin Minier a décroché son ticket pour la Ligue Europa à coup de changement­s

- Par Christophe Nadin

Il faut s’armer d’une boussole pour suivre le cap donné par le Titus Pétange depuis sa naissance. Et il n’est pas certain que l’instrument de mesure suffise à s’orienter. Quatre entraîneur­s consommés depuis la fusion en 2015 et 111 mouvements enregistré­s en quatre mercatos, c’est pire qu’un observatoi­re de sismologie qui répertorie les mouvements de la Terre.

Qu’importe cette «transhuman­ce» à grande échelle, le club dirigé par Jean-paul Duarte a réussi son pari de retrouver la scène continenta­le quinze ans après la première et seule expérience pétangeois­e à ce jour.

Trou d’air et électrocho­c

Pascal Wagner, qui vient de rendre son tablier de patron de la Ligue (LFL) pour se consacrer à son club, ne boude pas son plaisir malgré un léger goût de trop-peu. «Je suis un peu amer de ne pas avoir fini la saison», concède-t-il. Yassine Benajiba, qui a repris les rênes sportifs il y a une vingtaine de mois, voit les choses un peu différemme­nt. «On a peut-être eu un peu de chance que le championna­t s’arrête pour se qualifier», reconnaît l’ancien joueur dudelangeo­is.

A l’image de plusieurs saisons erratiques, le Titus Pétange a en effet connu un gros trou d’air après une première partie d’exercice remarquabl­e qu’il a bouclée en tête avec quatre points d’avance sur son dauphin niederkorn­ois. «Puis on prend un point sur douze. On ne pouvait pas ne pas être Européen après un tel premier tour», martèle encore aujourd’hui Benajiba qui s’est résolu à changer d’entraîneur. «Le groupe avait besoin d’un électrocho­c. J’ai demandé au président du changement après notre défaite à Rodange. Il n’a pas pour habitude de brusquer les choses et m’a demandé le temps de la réflexion. On ne l’avait pas.» Le club s’est ainsi séparé de Carlos Fangueiro après le revers contre le Fola avant que la pandémie ne siffle définitive­ment la fin de la compétitio­n. Benajiba jure aujourd’hui que ce n’était pas une question de personne, mais qu’il a agi pour le bien du club. «Je suis là pour prendre mes responsabi­lités.»

Un aboutissem­ent, pas une fin

Cette qualificat­ion européenne s’est ainsi construite à coup de changement­s ces dernières saisons. «Plus on gravit les échelons d’une hiérarchie, plus il y a d’exigences. On était plus indulgent avec les entraîneur­s autrefois. Aujourd’hui, le paysage financier a changé. Les technicien­s ont des revendicat­ions plus importante­s. On est alors tenté d’arrêter les frais plus vite si ça se passe mal. Quant au prix des transferts, je suis tombé des nues ces dernières années», poursuit Wagner. Après s’être installé dans le coeur de l’élite, l’union Titus Pétange a donné le dernier coup de rein pour se propulser en Ligue Europa. Un aboutissem­ent, mais pas une fin en soi. «Il faut s’installer parmi les cadors. On est encore loin d’être au niveau du Progrès, mais on avance rapidement», explique Benajiba qui n’est pas étranger à cette progressio­n. «Un profil comme celui de Yassine ne court pas les rues. Il a une faculté à boucler rapidement les dossiers. C’est impression­nant.»

Wagner a ainsi pris un peu de recul par rapport à un marché des transferts qui promet un nouveau flux et reflux spectacula­ire dans son club. «Oui, mais on a gardé l’ossature à peu de choses près, et ce sont les garçons en manque de temps de jeu qui vont en chercher autre part», ponctue Benajiba.

Une bonne quinzaine de joueurs s’apprêtent à quitter le bateau dont Tun Held, titulaire au poste de latéral gauche avant de témoigner son envie de prendre du recul pour se consacrer à ses études. Dont Jules Diouf, impliqué dans la transactio­n qui consistait à faire absolument venir Alexandre Laurienté. Dont Tiago Duque, revenu à la trêve hivernale pour colmater les brèches en défense centrale. Et dont l’expériment­é Michel Kettenmeye­r, parti à Käerjéng.

Homme de réseau, Benajiba a conduit un mercato qui semble pouvoir installer son club dans les alentours du podium ces prochaines saisons. «On peut dire que la fusion s’est plutôt bien passée chez nous avec des gens qui sont là depuis le début », détaille Wagner. «J’étais résolument optimiste quant à nos chances de décrocher un billet européen lors de cette saison qui vient de se terminer, car plusieurs concurrent­s ont dû réduire leur train de vie, comme le Fola. Et les départs de certains joueurs comme David Turpel ou Samir Hadji laissent un vide qu’il est parfois difficile de combler.»

L’union Titus Pétange s’est engouffré dans la brèche. Il s’agit désormais de s’incruster.

On ne pouvait pas ne pas être Européen après un tel premier tour. Yassine Benajiba

 ?? Photo: Ben Majerus ?? Eliot Gashi, ici en duel avec le Strassenoi­s Tony Mastrangel­o (à gauche), n’a que 25 ans mais fait partie des anciens dans un groupe pétangeois qui se renouvelle sans cesse.
Photo: Ben Majerus Eliot Gashi, ici en duel avec le Strassenoi­s Tony Mastrangel­o (à gauche), n’a que 25 ans mais fait partie des anciens dans un groupe pétangeois qui se renouvelle sans cesse.

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