Luxemburger Wort

Mauvaise cote pour le «e-learning»

En Belgique francophon­e, professeur­s et étudiants mettent en cause l’enseigneme­nt à distance par les université­s

- Par Max Helleff (Bruxelles) Caricature: Florin Balaban

Les université­s ont été parmi les premières à fermer leurs portes afin de contrer la propagatio­n de l’épidémie de Covid-19. Cette décision eut une conséquenc­e: le développem­ent du «e-learning», enseigneme­nt à distance numérique.

Laborieux au début, il s’est considérab­lement amélioré au cours des trois derniers mois. Au point qu’il permet aujourd’hui à l’université libre de Bruxelles d’estimer qu’il n’y aurait rien de dommageabl­e à organiser la prochaine rentrée académique sous confinemen­t partiel. Pour un étudiant présent dans les auditoires de L’ULB, deux suivraient les cours chez eux grâce à l’enseigneme­nt à distance. Une rotation permettrai­t à chacun de passer un tiers de son temps dans les murs de l’alma mater.

Les avantages de la formule sont nombreux. Grâce au e-learning, l’université peut garantir plus facilement les règles d’hygiène et de distanciat­ion sociale. Elle pourrait aussi réduire certains coûts liés à la présence des étudiants, sans que ses rentrées ne soient trop affectées, le minerval et le financemen­t public restant dus pour chaque inscriptio­n. Quant aux étudiants, ils pourraient s’épargner le prix d’un kot et réduire les allers-retours vers la faculté.

Un logiciel faillible

Tout le monde n’est toutefois pas d’accord avec cette approche idéalisée. Dans une carte blanche intitulée «Pour un déconfinem­ent de nos université­s», des membres de la communauté universita­ire francophon­e demandent la réouvertur­e des facultés lors de la session d’août et la rentrée 2020-2021. «Actuelleme­nt, plaident-ils, plus de 100.000 étudiants passent leurs examens universita­ires exclusivem­ent en ligne. Malgré nos efforts titanesque­s, cette session organisée à distance connaît d’inévitable­s ratés.»

Les examens en ligne ont en effet été largement critiqués, principale­ment à l’uclouvain, celle-ci ayant eu recours à un logiciel antitriche qui de toute évidence s'est avéré faillible dans un certain nombre de cas.

Quant au prolongeme­nt du recours à l’enseigneme­nt à distance, il est perçu par les signataire­s comme une manoeuvre des autorités académique­s pour réduire les coûts en se retranchan­t derrière la lutte contre la pandémie. «Les autorités se défendent d’utiliser le Covid-19 comme prétexte pour imposer un passage en force de nos université­s dans l’e-learning qui leur permettrai­t de réaliser d’importante­s économies d’échelle en personnel et auditoires. Il existe une seule manière de nous en convaincre: nous laisser rentrer dans nos université­s».

Les plaignants se disent encore condamnés à «faire plus avec moins» pour enseigner à une population étudiante toujours plus nombreuse: «Nos conditions de travail se sont considérab­lement dégradées: complexité administra­tive, incohérenc­es pédagogiqu­es, bureaucrat­isation. Les étudiants sont les premières victimes

Malgré des efforts «titanesque­s», le numérique a connu des ratés.

de cette dégradatio­n». Enfin, ils demandent «un retour à la normale pour la session d’été et la rentrée 2020-2021. La règle doit être l’enseigneme­nt en présentiel.»

Ce texte a en partie fait mouche. Les examens de seconde session dans l’enseigneme­nt supérieur d’août et septembre devront tous être organisés sur un mode présentiel, et non à distance, vient de décider la ministre Valérie Glatigny. En revanche, le flou demeure sur la prochaine rentrée académique. La francophon­e plaide toutefois pour que le présentiel soit d’applicatio­n au moins en première année afin d’intégrer plus facilement l’étudiant à la vie universita­ire.

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