Luxemburger Wort

Patrimoine indigène en danger

Le géant minier anglo-australien BHP autorisé à détruire des dizaines de sites aborigènes en Australie

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Sydney. Le géant minier australien BHP a été autorisé à détruire jusqu’à 40 sites du patrimoine aborigène dans l’ouest de l'australie, a annoncé hier le gouverneme­nt local, quelques jours après que Rio Tinto eut infligé un dommage irréversib­le à d’autres grottes préhistori­ques.

Des représenta­nts de la communauté aborigène se sont dits «profondéme­nt troublés et attristés» par le fait que le géant minier anglo-australien, le mois dernier, ait détruit un site qui fut habité il y a plus de 46.000 ans par des Aborigènes, lors de travaux à l’explosif pour agrandir une mine de fer qui avaient été autorisés par le gouverneme­nt de l'etat d’australie-occidental­e. Le ministre des Affaires aborigènes de cet Etat, Ben Wyatt, a annoncé hier avoir approuvé la demande de BHP de détruire 40 sites aborigènes. Il a donné ce feu vert le 29 mai, trois jours seulement après l’annonce des destructio­ns commises par Rio Tinto qui ont provoqué l’émoi d’une partie de la population.

Population locale non impliquée

BHP avait déposé une demande de destructio­n de ces sites dans le cadre de l’expansion de la mine de fer de South Flank, dans la région de Pilbara. Cette mine se situe sur les terres traditionn­elles du peuple Banjima, dont les représenta­nts avaient en 2015 conclut un accord pour l’exploitati­on de cette zone. Celui-ci impliquait la protection de 72 sites de grande importance culturelle et des compensati­ons financière­s pour la population Banjima.

Celle-ci n’a pas déposé de recours contre la dernière demande de BHP. Mais en vertu des lois de l’etat, l’accord de 2015 fait qu’elle n’est pas impliquée dans le processus d’approbatio­n gouverneme­ntal.

M. Wyatt, qui est lui-même aborigène, a dit qu’il travaillai­t à une réforme des lois sur le patrimoine afin que les groupes miniers négocient directemen­t avec les population­s aborigènes concernant l’impact de leurs projets industriel­s. «Je crois fermement au droit à l’autodéterm­ination des aborigènes et soutiens les groupes indigènes qui utilisent leurs droits chèrement acquis pour nouer des accords commerciau­x avec les groupes qui exploitent les terres», a-t-il ajouté.

Il a dit avoir demandé à BHP de travailler avec les population­s locales pour minimiser l’impact sur un site identifié comme ayant une grande importance culturelle pour le peuple Banjima.

Manifestat­ions contre destructio­ns

BHP n’a pas voulu répondre à des questions. Mais le «Sydney Morning Herald» rapporte hier que le groupe minier compte suspendre son expansion dans l’attente d’une expertise scientifiq­ue et de consultati­ons avec la population locale.

Le minerai de fer est la ressource la plus exportée par l'australie. Elle a rapporté 77 milliards de dollars australien­s – environ 47 milliards d’euros – l’année dernière.

L’essentiel provient de la région très peu peuplée de Pilbara, dont une grande partie des terres est la propriété des population­s aborigènes.

Une manifestat­ion a notamment eu lieu cette semaine devant les bureaux de Rio Tinto à Perth pour dénoncer les destructio­ns de sites aborigènes. AFP

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