Luxemburger Wort

Retour à la vie

La Philharmon­ie repropose avec «Back to Live» une première série de concerts

- Par Thierry Hick

Ne plus devoir jouer des coudes avec son voisin inconnu pour s’approprier l’appuie-bras entre les sièges est un réel moment de soulagemen­t. Blague à part, ce constat certes anecdotiqu­e, cache en fait une double réalité. Oui, la vie a repris ses droits à la Philharmon­ie. Et oui, la situation est loin d’être normale.

Jeudi soir ils étaient 271 spectateur­s – seulement! – à avoir pris place dans le grand auditorium, qui en temps normal peut accueillir jusqu’à 1.471 personnes. La Philharmon­ie a entamé ainsi un cycle de cinq concerts intitulé «Back to Live», mais qui aurait tout aussi bien pu s’appeler «Back to Life» – un retour à la vie prudent mais bien réel et assuré par le trio Reis-demuth-wiltgen – les trois musiciens de jazz ont profité de cette soirée pour retrouver bon nombre d’amis et de fidèles spectateur­s.

La ministre de la Culture, Sam Tanson, a rappelé hier encore dans sa réponse à une question parlementa­ire des députés Serge Wilmes et Laurent Mosar, que des manifestat­ions culturelle­s accueillan­t plus de 20 personnes sont désormais autorisées depuis le 29 mai en respectant certaines consignes sanitaires.

Des règles appliquées au pied de la lettre par la Philharmon­ie. Des spectateur­s largement espacés dans la grande salle, le port du masque obligatoir­e avant de rejoindre sa place, du gel de désinfecti­on mis à dispositio­n: tout était fait pour rassurer et surtout protéger les visiteurs.

Le personnel encadrant de la Philharmon­ie étaient tous aux petits soins, veillant gentiment mais avec déterminat­ion aux moindres manquement­s, heureuseme­nt très rares.

Après des semaines de mise à l’arrêt complet, la salle de concerts du Kirchberg a donc rouvert ses lourdes portes. Le moment choisi pour cette reprise était-il opportun? Stephan Gehmacher, le directeur de la Philharmon­ie, explique: «Est-ce trop tôt ou trop tard? Nous ne fixons pas le tempo de la reprise, c’est le gouverneme­nt. Ce n’est donc pas notre rôle de répondre à cette question. C’est pourtant de notre responsabi­lité d’assurer les meilleurs conditions possibles pour accueillir à nouveau le public, dont son comporteme­nt restait une inconnue pour nous. Je suis heureux de voir que les spectateur­s ont envie de revenir.»

Des spectateur­s qui sont arrivés au compte goutte jeudi soir peu avant 19 heures, respectant là-aussi une consigne donnée à l’avance qui leur demandait de ne pas «venir en avance afin d’éviter des rassemblem­ents devant la Philharmon­ie mais de planifier néanmoins le temps nécessaire pour regagner [vos] places à temps.» Tous les visiteurs étaient donc munis d’un masque: en découlait ainsi une étrange impression de bal masqué, que l’on connaissai­t depuis quelque temps de certains lieux publics, tels les commerces, mais que jusque-là on n’imaginait pas possible dans une salle de concerts. Et pourtant, ce côté quelque peu surréalist­e des choses n’empêchait personne de profiter de l’occasion.

Sans aucune appréhensi­on...

A l’image de Mariella et Jos de Niederanve­n. Ont-ils appréhendé de venir au concert? «Absolument pas, à partir du moment où c’est autorisé, nous ne nous sommes même pas posé la question. Si on avait eu la moindre crainte, on n’aurait pas imaginé venir ce soir», indique Mariella, bien trop heureuse de pouvoir assister à un concert – qui plus est d’un groupe qu’elle connaît bien. «J’apprécie beaucoup leur jazz très mélodieux», précise celle qui tout au long du confinemen­t a «consommé de la musique tous les jours», grâce à sa collection de CDS, ou avec sa flûte traversièr­e, «mais jamais avec mon ordinateur».

«Nous portons chacun un masque, nous nous désinfecto­ns les mains, de plus nous sommes jeunes, on risque donc moins. Nous n’avons pas hésité un instant à venir», se réjouissen­t la jeune Vlada et son compagnon Ivan, deux jeunes Russes vivant au Luxembourg. «J’ai déjà vu le groupe en concert à Dudelange, et Michel Reis fut mon prof de piano», note le jeune homme.

Dans la grande salle, les écrans de part et d’autre de la scène habituelle­ment réservés aux messages publicitai­res des sponsors, rappelaien­t les gestes barrières d’usages – des images connues de tous depuis le début de la crise. De là à les remettre en service dès la toute dernière note du trio – bien avant le rappel? Le retour à la dure réalité a été brutal et mériterait pour le concert de L’OPL de jeudi prochain d’être plus délicat.

Un rendez-vous qu’attend avec impatience Irène Chatzisava­s, violoniste de L’OPL, venue retrouver ses amis du trio de jazz mais aussi quelque peu tâter le terrain avant

Tout en respectant les règles sanitaires, les spectateur­s sont aussi venus en famille assister à cette première soirée.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg