Luxemburger Wort

«Mon rêve, c’est de jouer en Europe»

A la découverte du jeune gardien de but américano-luxembourg­eois Fred Emmings

- Interview: Christophe Nadin

Minnesota United a réussi son début de saison dans la Conférence Ouest de la MLS avec un troisième gardien en partie luxembourg­eois. A 16 ans, Fred Emmings déborde d’ambitions. Du haut de son presque double mètre, il apprécie la situation et se projette vers l’avenir. Rencontre.

Fred Emmings, pouvez-vous nous éclairer sur vos racines?

Mes grands-parents étaient luxembourg­eois. Ils étaient originaire­s de Scheidgen et Moersdorf et ont émigré aux Etats-unis.

Comment s’est noué le contact entre vous et la Fédération Luxembourg­eoise de Football?

En août 2017, ma famille et moi sommes venus visiter le Luxembourg. J’en ai profité pour me mettre en ordre administra­tivement. Un an plus tard, ma mère a pris contact avec Reinhold Breu pour lui dire que j’allais venir en Allemagne avec mon club de Minnesota pour disputer des matches amicaux. La Fédération a envoyé un scout pour me voir et m’a convoqué pour un essai au Luxembourg. J’y suis resté deux semaines entre août et septembre 2019. Ce furent deux semaines fantastiqu­es à tous les points de vue. La famille Breu a vraiment été extraordin­aire avec moi.

J’ai grandi en regardant Iker Casillas. Il a toujours été mon préféré.

Avec à la clef deux premières sélections, non?

Oui, face au Kosovo lors de matches amicaux avec les U16. Cette première expérience internatio­nale fut enrichissa­nte. Elle m’a ouvert les yeux sur un autre style de football que celui que l’on pratique chez nous. Aux Etats-unis, on est un peu formaté.

Et les choses ne se sont pas arrêtées là?

Non, Reinhold Breu est venu passer quelques jours au Minnesota pour me voir jouer, rencontrer mes parents et mon entraîneur.

Votre langue maternelle, l’anglais, vous permet de vous exprimer facilement. En apprenez-vous d’autres?

J’ai appris un peu le français au début de ma scolarité, mais je suis loin d’être bilingue. La prochaine étape sera peut-être d’apprendre l’allemand.

Vous avez la double nationalit­é. Avez-vous déjà fait un choix pour le futur?

Non, je suis encore très jeune. Je me donne le temps de la réflexion.

Vous avez signé votre premier contrat profession­nel il y a cinq mois et vous êtes considéré comme un «homegrown player». Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit?

C’est un statut réservé aux jeunes joueurs qui passent d’une académie à l’équipe première. On n’est pas obligé de passer par les procédures habituelle­s de repêchage comme le MLS Superdraft. Ce statut va courir jusqu’au terme de mon contrat, c’est-à-dire quatre ans.

A 16 ans, vous devez être l’un des plus jeunes joueurs de la MLS, non?

Peut-être pas le plus jeune mais l’un d’entre eux, oui. En tout cas je suis le plus jeune de mon équipe et le plus jeune de l’histoire de Minnesota

United à évoluer en équipe première.

Où vous situez-vous dans la hiérarchie des gardiens de votre franchise?

A la troisième place mais le club dispose de quatre gardiens profession­nels. Deux expériment­és, un jeune de 21 ans et moimême. Le jeune a été prêté à un club de USL (United Soccer League). Je suis donc le troisième actuelleme­nt.

Parlez-nous de votre style de jeu?

Je suis grand et j’utilise ma taille comme atout. Je sors beaucoup dans les airs mais je ne suis pas maladroit dans mon jeu au pied, ce qui n’est pas toujours évident pour quelqu’un de grand.

Avez-vous une idole?

J’ai grandi en regardant Iker Casillas. Il a toujours été mon préféré. Son style et sa rapidité m’ont séduit. Manuel Neuer ne me laisse pas insensible non plus.

Voyez-vous votre avenir aux Etats-unis ou en Europe?

Je suis pleinement concentré sur le championna­t américain mais je rêve de jouer en Europe un jour. Sera-ce dans quatre ou dans 15 ans, je l’ignore.

Quels sont vos prochains rendezvous avec le Luxembourg?

C’est difficile à dire avec le covid-19. On est un peu dans le flou mais je reste en contact avec le staff.

Cette crise frappe durement les Etats-unis. Quelle est la situation dans l’etat du Minnesota?

Ce fut une période difficile, mais on commence à voir les restaurant­s rouvrir. On peut retourner au magasin en gardant les distances sociales et en portant le masque. Les sports sont encore au ralenti et c’est la raison pour laquelle on va à Orlando pour reprendre la compétitio­n.

Vous habitez Saint Paul, à quelques kilomètres de Minneapoli­s. Comment avez-vous vécu les événements de ces dernières semaines qui ont suivi la mort de George Floyd?

Ce fut particulie­r d’entendre les sirènes des pompiers, des ambulances et les bruits des hélicoptèr­es jour et nuit pendant deux semaines, mais ça s’est calmé. Il y a toujours des manifestat­ions mais elles sont plus pacifiques. Il y a moins de violence et de bruit.

Le racisme est revenu au centre de l’actualité. Quel regard portezvous sur ce débat?

C’est difficile pour une personne blanche de se rendre compte de ce que vivent les noirs tous les jours. J’espère que les événements de ces derniers jours vont ouvrir les yeux de certains.

C’est un tabou ou en parlez-vous volontiers dans le vestiaire?

On en a beaucoup parlé à travers l’applicatio­n Zoom qui nous a permis de rester en contact ces dernières semaines et c’est une bonne chose.

 ?? Photo: Privé ?? Fred Emmings (en t-shirt rayé) entouré de sa famille et de Reinhold Breu (3e en partant de la gauche). Le technicien s’est déplacé dans le Minnesota pour prendre le pouls... et peut-être tenter de convaincre le joueur de prendre définitive­ment la nationalit­é luxembourg­eoise.
Photo: Privé Fred Emmings (en t-shirt rayé) entouré de sa famille et de Reinhold Breu (3e en partant de la gauche). Le technicien s’est déplacé dans le Minnesota pour prendre le pouls... et peut-être tenter de convaincre le joueur de prendre définitive­ment la nationalit­é luxembourg­eoise.

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