En attendant Sophie Wilmès
La Première ministre belge marque des points, mais reste toujours à l’écart des négociations gouvernementales
La Première ministre Sophie Wilmès est aujourd’hui l’«homme politique» préféré des francophones belges. Au jeu de la popularité, elle s’impose en tête du Grand Baromètre, un sondage récurrent diffusé par plusieurs médias. Elle toise ainsi le socialiste Paul Magnette ou le communiste Raoul Hedebouw. L’actuelle cheffe de l’exécutif fédéral est récompensée pour le travail patient et consensuel qu’elle a fourni aux pires heures de la crise sanitaire. Son équipe s’en sort toutefois moins bien: seul un Belge sur deux estime que le gouvernement Wilmès a fait «ce qu’il fallait». La gestion des maisons de retraite, où plus d’un décès sur deux attribués au Covid-19 a été constaté, est jugée calamiteuse.
«Un reflet, quand même,
de la société belge»
Il n’est donc pas certain que l’élan de popularité de Sophie Wilmès lui permettra de donner à la Belgique son futur gouvernement, un rôle que certains voudraient lui voir endosser. L’enquête d’opinion montre ainsi que le parti de la Première ministre – le Mouvement réformateur – ne bénéficie pas du même plébiscite.
Pour l’heure, le libéral francophone Georges-louis Bouchez, son homologue flamand Egbert Lachaert et le chrétien-démocrate flamand Joachim Coens tentent toujours de former une coalition qui disposera de la majorité à la Chambre. Mais le travail des présidents des trois partis actuellement au pouvoir n’est guère aisé. Après une semaine de discussions, il semble qu’ils doivent déjà renoncer au mariage improbable du PS de Paul Magnette et de la N-VA de Bart De Wever. Or on sait que la présence de cette dernière dans le prochain gouvernement y conditionne celle des chrétiens-démocrates flamands.
A ce stade, plusieurs options restent ouvertes. L’une d’elles veut que le PS pourrait se retrouver hors jeu, ce qui apparaissait invraisemblable jusqu’ici. La N-VA monterait au gouvernement, à condition de trouver un partenaire francophone qui pourrait être le Mouvement réformateur. En 2014, Charles Michel, alors chef de file des libéraux du sud du pays, en avait fait le pari, quitte à passer pour un «traître» auprès des autres partis francophones.
Six ans plus tard, les socialistes se disent toujours autant rebutés par une union avec les nationalistes flamands de Bart De Wever. «Ce qui se dessine avec le trio des présidents, c'est notre crainte, c'est le retour de la suédoise type 20142018, le gouvernement le plus destructeur de la sécurité sociale depuis la Seconde Guerre», a confié au «Soir» le socialiste Elio Di Rupo. «Ce dont le pays a besoin, c'est d'un gouvernement social, qui donne la priorité à la santé des citoyens.»
Le Montois reste accroché à l’idée d’un gouvernement fédéral basé sur les trois familles traditionnelles et qui travaillerait ponctuellement avec le Parlement, «notamment avec Ecolo-groen, pour apporter les majorités nécessaires». Cette tripartite mêlant gauche et droite, et restant à l’écart des extrêmes, serait «un reflet, quand même, de la société belge». Le ministre-président wallon affirme encore que des contacts ont bien eu lieu avec la N-VA, mais que celle-ci a refermé les portes.
Des avancées à très petits pas
Bref, si des avancées ont lieu, elles se font à très très petits pas. De quoi échauder l’opinion publique qui, toujours selon le Grand Baromètre, se dit prête à aller revoter.
Notons encore que le même sondage fait du Vlaams Belang (extrême droite) le premier parti de Flandre, devant la N-VA. A Bruxelles, ce sont les écologistes qui s’imposent. Les socialistes, eux, se tassent, même s’ils restent devant les communistes du PTB en Wallonie.