Différents, mais unis
Le Réseau des centres culturels régionaux cherche des solutions de sortie de crise
Avant de faire le point sur la crise qu’il vient de traverser, le Réseau des centres culturels régionaux s’est réuni hier matin à Differdange pour accueillir un nouveau et dixième membre: l’Aalt Stadhaus, dirigé par Réjane Nennig et le service culturel de la Ville de Differdange. La bourgmestre de Differdange, Christiane BrasselRausch, également présente à la réunion, a souligné que le centre culturel de sa ville, qui désormais bénéficie d’une convention avec le ministère de la Culture, a pour but, à l’image des autres membres du réseau, de promouvoir la diversité culturelle du pays tout en soutenant la scène culturelle du pays.
Le réseau se compose, outre le nouveau venu differdangeois, de la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette, du Centre des arts pluriels d’Ettelbruck (CAPE), du Prabbeli de Wiltz, du Mierscher Kulturhaus de Mersch, le Cube 521 de Marnach, du centre opderschmelz de Dudelange, du Trifolion d’Echternach, du Kulturhaus de Niederanven et du Kinneksbond de Mamer.
Claude Mangen, du Mierscher Kulturhaus, a pour sa part rappelé que «la programmation que proposent tous nos membres est énorme et représente la grande majorité de l’offre culturelle du pays.»
Carl Adalsteinsson, directeur du CAPE mais aussi président du Réseau des centres culturels régionaux, est quant à lui revenu sur les missions du regroupement créé en décembre 2008. «La solidarité entre les membres est primordiale, nous voulons parler d’une seule voix lorsqu’il s’agit de garantir notre visibilité ou d’aborder certaines questions avec nos partenaires, tels le ministère de la Culture ou les communes. C’est essentiel d’être unis!» Le réseau qui regroupe des pôles culturels aux quatre coins du pays, ne sort pas indemne
Veulent unir leurs efforts en vue du déconfinement culturel: de g. à d. Anne-Marie Krettels (Prabbeli) Odile Simon (Cube 521), Claude Mangen (Mierscher Kulturhaus) John Rech (opderschmelz) Carl Adalsteinsson (CAPE), Réjane Nennig (Aalt Stadhaus), Jérôme Konen (Kinneskbond), Nora Waringo (Kulturhaus Niederanven) Maxime Bender (Trifolion), manque René Penning (Kulturfabrik). de la crise sanitaire. «Nous avons été les premiers à devoir fermer les portes, toutes nos activités ont été mises à l’arrêt brutalement» se souvient le président.
Déconfinement culturel
«Aujourd’hui nous sommes dans une phase de déconfinement culturel. Nous sommes tous optimistes, confiants, motivés à reprendre le service. Mais, nous avons aussi des doutes, des réserves et beaucoup de questions», note Carl Adalsteinsson.
Un rapide tour de table des membres du réseau a suffi hier pour constater cette insatiable envie de retrouver artistes et publics. Ici ou là, de Differdange à Marnach, de timides tentatives de reprises voient le jour – souvent en plein air pour mieux respecter les restrictions sanitaires.
Et pourtant, tous les directeurs de centres restent conscients que les programmes de leurs saisons 2020-21 qu’ils ont préparées restent tributaires de l’évolution de la crise et que des changements seront inévitables.
Et d’autres questions importantes se posent. «Le public est-il prêt à revenir? Sous quelles conditions pourrons-nous l’accueillir? Deux solutions sont actuellement possibles pour répondre aux normes de sécurité. Soit garantir une distanciation de deux mètres à 360°, donc réduire notre capacité de spectateurs à 20 pour cent. Soit le port du masque pour atteindre une capacité quasi normale», précise le président d’un réseau qui n’a cessé de collaborer avec les pouvoirs publics et communaux pour trouver une sortie de crise acceptable tant par les artistes que par les spectateurs. «Nous devons intensifier notre travail de lobbying auprès du ministère et des communes, nos principaux financiers».
En plus de l’arrêt de toutes activités, la crise a depuis la mi-mars aussi eu de lourdes conséquences sur la situation financière des institutions culturelles du pays. «Nous avons chiffré la baisse de nos recettes à près de 60 pour cent», estime Odile Simon, directrice du Cube 521 de Marnach. «La situation diffère pour chacun d’entre nous», souligne Claude Mangen, «il est de toutes façons encore trop tôt pour chiffrer les pertes.» Les répercussions ne se feront sentir que dans les mois à venir, estiment unisono les responsables culturels. Carl Adalsteinsson se veut rassurant: «Les subventions et dotations du ministère de la Culture et des communes sont pour cette année garanties».
La crise a par ailleurs engendré une autre source d’inquiétude pour tous ceux qui font vivre la vie culturelle du pays. «Même si la fragilité du secteur n’est pas venue avec la crise, elle se retrouve renforcée ces temps-ci», note le directeur du Mierscher Kulturhaus. «La question de la précarité est directement liée à celle du budget de nos maisons», lui répond le président du réseau. «La solution ne peut qu’être une sécurité financière garantie. Même si dès le début du confinement, la politique s’est rapidement engagée dans le soutien des artistes afin d’éviter une précarité immédiate, il faut tout mettre en oeuvre pour éviter que certains restent sur le carreau dans un futur proche. D’autant plus qu’il sera très difficile pour nous tous de retrouver une situation semblable à ce que nous avons connu il y a encore six mois.»
C’est pourquoi, tous les directeurs veulent à l’avenir continuer à soutenir la scène et les artistes du pays. En attendant, tous se préparent à lancer leur saison 202021 dès la rentrée. Avec enthousiasme et confiance. «Et pourtant sans certitude totale, car les règles ou restrictions peuvent encore évoluer», tempère le président.
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Les répercussions de la crise sur nos centres culturels se feront encore sentir dans les mois à venir. Carl Adalsteinsson, président du Réseau des centres culturels régionaux