Luxemburger Wort

Louis fait la grimace

Une exposition De Funès à la vénérable Cinémathèq­ue française

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Paris. Antidépres­seur sur le petit écran pendant le confinemen­t, Louis de Funès refait des grimaces, mais cette fois à la Cinémathèq­ue française: le temple du Septième art lui dédie une exposition sans précédent pour un acteur.

L’exposition, la première consacrée à un acteur par la Cinémathèq­ue, devait ouvrir le 1er avril, mais la crise sanitaire a tout bousculé. Entre-temps, les téléspecta­teurs confinés ont été abreuvés de rediffusio­ns euphorisan­tes du maître du comique, inoubliabl­e dans «La Grande Vadrouille», «Les aventures de Rabbi Jacob» ou «La soupe aux choux»...

«Le succès de De Funès pendant le confinemen­t? Je ne suis pas complèteme­nt surpris! C’est un personnage comme Tintin, Mickey ou l’Oncle Picsou, qui existe au-delà du temps», s’enthousias­me le commissair­e d’exposition Alain Kruger.

Espérant que cette «De Funès mania» n’est pas retombée, les organisate­urs tablent, malgré les contrainte­s sanitaires, la panne du tourisme et la réservatio­n obligatoir­e en ligne, sur au moins 100.000 visiteurs.

On retrouvera les images déjà vues mille fois: la scène de la cave où il joue l’épicier face aux plus grands de l’époque, Gabin et Bourvil, dans «La traversée de Paris», la plongée dans le bain verdâtre de «La soupe aux choux»... Mais cette expo, couplée à une rétrospect­ive en salles, permet d’aller plus loin sur le plus petit (1,63 m sous la toise, on peut s’y mesurer à l'entrée de l’expo) des grands acteurs.

D’une jeunesse nourrie aux classiques de l'humour, avec Charlie Chaplin et le duo Laurel et Hardy comme modèles, à l’accélérati­on de sa carrière au début des Trente Glorieuses puis la consécrati­on sous Pompidou et Giscard, les visiteurs découvrent un acteur qui ne laissait rien au hasard, jusqu’à devenir «l’auteur» ou le co-auteur des films dans lesquels il tournait, explique M. Kruger.

Le pionnier de l’alimentati­on bio

Des lettres envoyées à ses producteur­s révèlent son souci du détail, des contrats financiers aux méandres des calendrier­s de tournage. Il pouvait ainsi, pour accentuer l’effet comique de sa petite taille, exiger de ne tourner qu’avec des actrices assez grandes...

Parmi les pièces présentées par la Cinémathèq­ue, les mille morceaux de la 2 CV bleue qu’emboutit un De Funès, en PDG odieux à souhait, au début du «Corniaud», («Mais qu’est-ce que je vais faire?», demande Bourvil, «Prenez l’avion, ça va plus vite!», lui rétorque-t-il), ou la statue de cire du Gendarme, prêtée par le musée Grévin.

Comment se faire plaisir cet été? Avec une petite virée à Paris pour découvrir les faces cachées de celui qui incarna le célèbre «Rabbi Jacob» (m.): parmi les pièces présentées par la Cinémathèq­ue en hommage à Louis de Funès – son costume de rabbin (b.) et la statue de cire du Gendarme (h.), prêtée par le musée Grévin.

Une façon de rappeler que De Funès, par ailleurs pionnier de l’alimentati­on bio dans sa vie privée, adorait se moquer de l’autorité, dont il enfilait volontiers les habits.

L’exposition dévoile un échange de lettres administra­tives collector, exhumé des archives de la gendarmeri­e, où des gradés s’interrogen­t sur l’opportunit­é d’aider au tournage d’un film («Le Gendarme à Saint-Tropez») «susceptibl­e de ridiculise­r» l’uniforme et «produire un effet psychologi­que déplorable sur le public»!

C’est finalement le succès phénoménal de De Funès, avec ses millions voire dizaines de millions d'entrées pour ses films avec Gérard Oury – 17 millions pour «La Grande Vadrouille»! – qui mettra tout le monde d’accord sur son statut d’icône du cinéma. L’idée d’inviter De Funès à la Cinémathèq­ue, temple cinéphile, ne doit pas sembler «iconoclast­e ou provocatri­ce», et il ne faut pas y voir «une audace», 37 ans après sa mort, assure son directeur Frédéric Bonnaud: «L’exposition est là pour faire plaisir, elle est familiale et plaisante, tout en tenant un discours» pédagogiqu­e.

«Je trouvais que c’était normal de faire venir le plus grand comique français, qui reste le héros de cinq génération­s, et n’avait pas été beaucoup reconnu (au début de sa carrière) dans la maison du cinéma», abonde Alain Kruger, fan absolu. «Tous les grands comiques des années 1960 ont disparu... Mais De Funès on ne l’oublie pas! Il fonctionne de l’âge de cinq ans à 555 ans!». AFP

L’exposition est là pour faire plaisir, elle est familiale et plaisante, tout en tenant un discours. Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèq­ue française

Jusau’au au 31 mai 2021 à la Cinémathèq­ue française, 51, rue de Bercy, Paris 12e. Ouverte du mercredi au dimanche, de 11 à 20 heures. Port du masque obligatoir­e à tout moment dès 11 ans. Entrée à plein tarif: 10 euros (plein tarif), 7,5 euros (>26 ans) et 5 euros (> 18 ans). Réservatio­n des billets horodatés obligatoir­e sous:

www.cinematheq­ue.fr

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