Luxemburger Wort

Un véritable casse-tête

Le duo Magnette-De Wever tentera de convaincre les libéraux ou les Verts

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Bien que jugée importante, la nouvelle n’a pas fait la une des journaux télévisés du soir: la mission du duo De Wever-Magnette a été reconduite par le roi Philippe. «Le Roi invite les partis concernés à faire preuve d’un grand sens des responsabi­lités afin de pouvoir conclure rapidement un accord de gouverneme­nt», a souligné le Palais. Le socialiste francophon­e Paul Magnette et le nationalis­te flamand Bart De Wever devront rendre un nouveau rapport sur les négociatio­ns menées avec d'autres partis le 17 août prochain.

Pas encore de majorité

Quatorze mois après les élections du 26 mai 2019, les avancées accomplies par les deux préformate­urs semblent donc suffisamme­nt solides pour qu’une nouvelle échéance soit fixée. Bart De Wever et Paul Magnette peuvent pour l’instant compter sur l’adhésion de cinq partis. A côté de la N-VA et du PS, on retrouve toujours les humanistes francophon­es (CDH) ainsi que les chrétiens-démocrates (CD&V) et les socialiste­s (SP) flamands. Soit 69 députés à la Chambre sur 150 – 71 si l’on compte deux indépendan­ts prêts à les rejoindre – ce qui reste insuffisan­t pour décrocher une majorité.

Paul Magnette et Bart De Wever ne peuvent toutefois plus reculer. En acceptant de négocier ensemble, les deux ennemis jurés de la politique belge ont mis tout leur crédit dans la balance. Il leur faut donc réussir au nom du bien du pays, mais aussi à titre personnel.

Paul Magnette voudrait accélérer le rythme. «Au vu de la situation sanitaire et économique, il y a vraiment urgence à former un gouverneme­nt», a-t-il insisté dans une courte vidéo.

Mais comment faire? L'invitation du roi Philippe renvoie en effet Magnette et De Wever à un véritable casse-tête. Ils doivent à nouveau tenter de convaincre les écologiste­s de se rallier à eux. Ou accepter de prendre à bord les libéraux du sud et du nord du pays.

Problème: les Verts ont déjà décliné l’invitation la semaine dernière. Ils déplorent que les propositio­ns des préformate­urs manquent à ce point d’accents environnem­entaux. Paul Magnette a depuis reconnu que sa note n’avait pas été conçue pour convaincre les écologiste­s. Non sans raison. Depuis les élections, ces derniers ont maintes fois clamé qu’ils ne s’associerai­ent pas à la N-VA nationalis­te flamande dont le penchant nucléaire est bien connu. Elle est «éco-réaliste » …

Quant aux libéraux, ils refusent de se laisser «déscotcher». Bart De Wever ne veut pas du Mouvement réformateu­r (MR) de Georges-Louis Bouchez, mais les «bleus» francophon­es et flamands ne veulent rien savoir et restent unis. En fin de semaine dernière, la rencontre qui les a mis en présence de Bart De Wever et de Paul Magnette a été expédiée en 42 minutes. Le climat était glacé en dépit de la canicule.

Multiples incidents à la Côte

La canicule, c’est elle qui a volé la vedette à la politique ce week-end, bien que la probabilit­é d’aboutir à la formation d’un nouveau gouverneme­nt n’ait jamais été aussi forte. En cause: les incidents qui ont éclaté sous un soleil brûlant à Blankenber­ge entre des touristes et la police. Des images circulent sur les réseaux sociaux qui montrent l’un d’eux chargeant un policier avec un parasol. La scène serait presque cocasse si elle ne traduisait le désarroi des forces de l'ordre. En plusieurs lieux durant ce week-end caniculair­e, elles n’ont pu faire respecter les règles sanitaires «corona» en vigueur à défaut d’être suffisamme­nt nombreuses.

Les circonstan­ces dans lesquelles a éclaté cette bagarre générale restent mystérieus­es. «Il a été demandé de quitter la plage ou de mettre la musique moins fort, et des réactions agressives ont suivi», a témoigné un serveur auprès de l’agence Belga. «Et en trois secondes, une bagarre de groupe a éclaté, sous les cris ,fuck the police‘.»

Au vu de la situation sanitaire et économique, il y a vraiment urgence à former un gouverneme­nt. Paul Magnette, président du Parti Socialiste

Pas de trains supplément­aires

Dimanche, Blankenber­ge a décidé en conséquenc­e d’interdire l’accès des touristes d’un jour à ses plages. La station balnéaire a été peu après suivie par Knokke-Heist. Des contrôles routiers y ont été mis en place pour refouler les estivants indésirabl­es. La décision a été prise à la suite de «dizaines d'incidents, aussi bien la journée que pendant la nuit» ces derniers jours.

Quant au bourgmestr­e d’Ostende, le libéral flamand Bart Tommelein, il demande une fois encore à la compagnie de chemin de fer SNCB de ne plus déployer de trains supplément­aires vers le littoral et de réduire les wagons à 80 % de leur capacité. Il rappelle que les trois plages ostendaise­s peuvent accueillir 15.000 personnes maximum et non davantage.

Et en trois secondes, une bagarre de groupe a éclaté, sous les cris «fuck the police». Un serveur à Blankenber­ge

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Photo: AFP Plusieurs villes et stations balnéaires flamandes sur le littoral de la Belgique ont annoncé hier l’interdicti­on des «touristes d'une journée» pendant la vague de chaleur après des incidents causés par le non-respect des mesures contre la pandémie.

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