Les 500 coups de Jonathan Joubert
Le gardien du F91 va disputer sa 22e saison parmi l’élite du football luxembourgeois et fêtera aujourd’hui son 500e match
Depuis que Ronny Souto a quitté la BGL Ligue, Jonathan Joubert en est devenu le doyen. Le seul joueur né dans les années 1970 toujours en activité parmi les 16 meilleures équipes du pays va fêter son 500e match de championnat ce soir face à Differdange.
L’ancien gardien de la sélection rêvait certainement d’une dernière saison plus aboutie dans les buts de son F91 adoré. Un 14e titre national était devenu utopique, une qualification européenne via le championnat incertaine mais une neuvième Coupe de Luxembourg toujours envisageable pour celui qui a finalement lié son destin avec le Swift Hesperange.
Avec 500 matches à son compteur, «Jon» laisse désormais Denis Scuto à 76 longueurs et René Peters à 78. Daniel da Mota est le joueur en activité le plus «proche» de son ancien coéquipier avec une centaine de piges en moins.
La fonction de gardien de but favorise bien évidemment une présence plus longue sur les terrains, mais Jonathan Joubert, formé au FC Metz, n’a que très rarement été blessé. Avec lui, on a picoré quelques souvenirs de match. Certains sont difficiles à replacer sur une ligne du temps. «Je me souviens d’une rencontre contre Differdange à domicile. Il y avait un vent terrible et mes dégagements me revenaient presque dans les gants», en rigole-t-il aujourd’hui. La colère de Jos Ronk à la mi-temps d’un match contre Rosport alors qu’il défendait les buts de Grevenmacher lui tire aussi un sourire tant le président mosellan n’était pas l’homme à venir pousser une gueulante dans un vestiaire.
Morceaux choisis...
Le premier
«C’était à l’Aris. Je ne me souviens plus de grand-chose car ça commence à dater, mais on avait fait 1-1. On avait dominé et on encaisse à la fin.»
Le dernier
«Un mauvais souvenir alors que c’était l’une des dernières chances après notre défaite contre le Progrès pour rester dans le bon wagon. On a fait un non-match (défaite 0-1 au Racing) avec beaucoup trop d’erreurs individuelles. Je ne sais pas si c’est un manque d’envie ou de motivation, mais il y avait un manque de quelque chose. Pourtant on avait été avertis à la mi-temps. Le coach nous a dit que si nous continuions de la sorte, on allait en prendre un. Et on a fini par encaisser. Sur un plan personnel, je n’ai pas eu grand-chose à faire.»
Le meilleur
«Le plus frais c’est celui contre le FC Ararat-Armenia au terme duquel on se qualifie pour les poules de l’Europa League, mais ce n’est pas du championnat. Si ma mémoire ne me trahit pas, celui que je joue avec Grevenmacher à Dudelange en 2003 n’était pas mal. On est allé gagner là-bas 1-0. Ce fut le premier titre de l’histoire du club. Je pense aussi à un match au RM
Hamm où l’on gagne 2-0 ou 3-0 lors de la saison 2016-2017. C’était mon 425e match. J’ai sorti plein d’arrêts.»
Le plus émotionnel
«Le dernier match du championnat 2015-2016 contre Wiltz. On ne pouvait pas perdre ce jour-là si on voulait être champion. On se retrouve menés 0-1. A un quart d’heure de la fin, Rodrigue Dikaba met une superbe frappe sous la barre. A chaque fois que les Wiltzois venaient dans notre camp, on tremblait. Alors oui, en termes d’émotion, je choisis celui-là.»
Le plus renversant
«Celui face à Hostert lors de l’avant-dernière saison. On se retrouve menés 0-3 à un peu plus de vingt minutes de la fin et on finit par gagner 4-3. C’est celui-là qui me reste en tête car on n’a pas souvent été menés...»
Le pire
«Je fais encore une entorse au championnat en évoquant celui de la finale de la Coupe de Luxembourg en 2015. Guy Hellers assurait l’intérim. J’ai beaucoup d’affection pour lui et je pense que c’est réciproque. Un ballon me passe sous le pied et on perd la rencontre. J’étais déçu. Pas pour moi mais plus pour lui. Je sais toute la confiance qu’il m’a accordée en sélection. Et peut-être que ça lui a coûté sa place. Cette erreur nous prive d’un titre même s’il restait beaucoup de temps après. Mentalement, je n’étais plus dans le match non plus.»
Le plus tendu
«Il y a eu beaucoup de matches chauds quand je jouais à Grevenmacher et que l’on affrontait Dudelange. Il y avait du monde, c’était tendu et le CSG essayait de décrocher son premier titre. Il y a eu aussi les duels avec Ettelbruck à l’époque de Holtz et des Leweck. Chez eux, c’était toujours enflammé. Je me souviens notamment d’un match disputé sur terrain neutre (Schieren) que l’on a fini par perdre. Il y en a aussi un qui est parti en vrille, c’était à Canach en 2011. On était entraînés par Marc Grosjean. Dan (da Mota) avait pris un rouge en fin de match et sur le chemin des vestiaires, des coups de poing s’étaient perdus.»
Le plus ennuyeux
«Un Dudelange – Wiltz disputé par un froid de canard que l’on a gagné 15-0. Je n’ai pas eu un seul ballon en première mi-temps et j’ai dit que j’avais un peu mal aux adducteurs pour sortir à la pause. J’étais congelé.»
Le plus frustrant
«Chaque défaite a été frustrante à Dudelange. On est censé être une machine à tout gagner. Le dernier, c’est celui contre le Progrès car on fait un bon match. On ne méritait pas de perdre. On s’incline et on dit adieu au titre.»
Le plus triste
«Celui qui a suivi la mort d’Oumar Sylla.»
Le 22 février 2015, le F91 avait battu Hostert 3-1.