Luxemburger Wort

Une tension tangible

Le Portugal se place en état de calamité face à la recrudesce­nce de la pandémie du coronaviru­s

- Par Marie-Line Darcy (Lisbonne)

C’est une surprise. La presse penchait majoritair­ement pour un prolongeme­nt de l’état de contingenc­e actuel, en vigueur depuis septembre. Il n’en est rien. Le conseil des ministres a décidé de durcir les mesures de lutte anti-covid. Le Portugal est placé sous état de calamité, niveau le plus élevé de l’échelle de la protection civile qui en compte trois. Le Premier ministre Antonio Costa en personne a annoncé les huit changement­s principaux dans l’encadremen­t de la lutte contre la pandémie.

Il ne sera désormais plus possible de se réunir à plus de cinq personnes sur la voie publique contre dix précédemme­nt. Et ceux qui pensent se marier ou baptiser leurs enfants dans les prochains mois devront prévoir des cérémonies répétées en cas de famille nombreuse: le nombre limite d’invités sera de 50, avec masques et distanciat­ion au programme. Une enquête récente à montrer que plus de six cas d’infections sur dix sont provoqués au sein de la famille. Le gouverneme­nt durcit le ton également pour les sorties aux restaurant­s et dans les commerces: les établissem­ents non respectueu­x des règles seront passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 10.000 euros. Les fêtes académique­s et les bizutages fréquents à l’automne sont eux tout simplement interdits. Enfin les mesures déjà en vigueur sous l’état précédent de contingenc­e – restrictio­ns des horaires des commerces, interdicti­on de vente d’alcool après 20 h etc.. – sont maintenues.

Le Premier ministre a d’ailleurs annoncé la décision de déposer un projet de loi, avec caractère urgent, à l’Assemblée Nationale pour rendre obligatoir­e le port du masque et l’usage de l’applicatio­n. Une décision qui est loin de faire l’unanimité.

Une religieuse respecte la distanciat­ion sociale lors d'un pèlerinage à Fatima. On la juge autoritair­e ou inefficace. Curieuseme­nt on observe une tendance de la population à conserver la protection faciale dans la rue. Les Portugais se révèlent globalemen­t discipliné­s et Antonio Costa l’a rappelé en soulignant que c’est sans doute ce respect des consignes qui a empêché le Service National de Santé d’exploser au début de la pandémie, en mars et avril derniers. Mais le jeu d’équilibris­te est difficile: enrayer ou contenir l’avancée de covid-19 alors que la grippe n’a pas encore fait son apparition, tout en préservant l’économie.

L’appel à la participat­ion des citoyens à l’effort de lutte contre le coronaviru­s a pris un ton dramatique. Antonio Costa n’a pas caché que, malgré ses réticences, il aura recours à des mesures plus sévères si nécessaire. D’ailleurs, le premier point annoncé par le chef du gouverneme­nt porte sur ce qui fait l’axe principal de l’état de calamité: la capacité des forces de l’ordre à intervenir «chaque fois qu’elles le jugeront nécessaire­s». Et le chef du gouverneme­nt a donné l’exemple de la restrictio­n de circulatio­n. En résumé l’arsenal répressif ou limitatif est à même d’entrer en action sans avoir à recourir au législatif.

Nouveau record de cas dépistés

Le pays a battu le record de nouveaux cas dépistés avant-hier, avec la barre des 2.000 cas franchis pour la première fois. Du côté des hôpitaux la tension est palpable. Avec 957 personnes hospitalis­ées, soit 49 supplément­aires en 24 heures, dont 135 en service de réanimatio­n, la situation redevient tendue compte tenue des capacités. C’est cette dégradatio­n alors que les fêtes de fin d’année particuliè­rement importante­s au Portugal approchent, que le gouverneme­nt veut stopper. L’affaire de tous martèle le chef du gouverneme­nt.

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Photo: AFP

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