Une tension tangible
Le Portugal se place en état de calamité face à la recrudescence de la pandémie du coronavirus
C’est une surprise. La presse penchait majoritairement pour un prolongement de l’état de contingence actuel, en vigueur depuis septembre. Il n’en est rien. Le conseil des ministres a décidé de durcir les mesures de lutte anti-covid. Le Portugal est placé sous état de calamité, niveau le plus élevé de l’échelle de la protection civile qui en compte trois. Le Premier ministre Antonio Costa en personne a annoncé les huit changements principaux dans l’encadrement de la lutte contre la pandémie.
Il ne sera désormais plus possible de se réunir à plus de cinq personnes sur la voie publique contre dix précédemment. Et ceux qui pensent se marier ou baptiser leurs enfants dans les prochains mois devront prévoir des cérémonies répétées en cas de famille nombreuse: le nombre limite d’invités sera de 50, avec masques et distanciation au programme. Une enquête récente à montrer que plus de six cas d’infections sur dix sont provoqués au sein de la famille. Le gouvernement durcit le ton également pour les sorties aux restaurants et dans les commerces: les établissements non respectueux des règles seront passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 10.000 euros. Les fêtes académiques et les bizutages fréquents à l’automne sont eux tout simplement interdits. Enfin les mesures déjà en vigueur sous l’état précédent de contingence – restrictions des horaires des commerces, interdiction de vente d’alcool après 20 h etc.. – sont maintenues.
Le Premier ministre a d’ailleurs annoncé la décision de déposer un projet de loi, avec caractère urgent, à l’Assemblée Nationale pour rendre obligatoire le port du masque et l’usage de l’application. Une décision qui est loin de faire l’unanimité.
Une religieuse respecte la distanciation sociale lors d'un pèlerinage à Fatima. On la juge autoritaire ou inefficace. Curieusement on observe une tendance de la population à conserver la protection faciale dans la rue. Les Portugais se révèlent globalement disciplinés et Antonio Costa l’a rappelé en soulignant que c’est sans doute ce respect des consignes qui a empêché le Service National de Santé d’exploser au début de la pandémie, en mars et avril derniers. Mais le jeu d’équilibriste est difficile: enrayer ou contenir l’avancée de covid-19 alors que la grippe n’a pas encore fait son apparition, tout en préservant l’économie.
L’appel à la participation des citoyens à l’effort de lutte contre le coronavirus a pris un ton dramatique. Antonio Costa n’a pas caché que, malgré ses réticences, il aura recours à des mesures plus sévères si nécessaire. D’ailleurs, le premier point annoncé par le chef du gouvernement porte sur ce qui fait l’axe principal de l’état de calamité: la capacité des forces de l’ordre à intervenir «chaque fois qu’elles le jugeront nécessaires». Et le chef du gouvernement a donné l’exemple de la restriction de circulation. En résumé l’arsenal répressif ou limitatif est à même d’entrer en action sans avoir à recourir au législatif.
Nouveau record de cas dépistés
Le pays a battu le record de nouveaux cas dépistés avant-hier, avec la barre des 2.000 cas franchis pour la première fois. Du côté des hôpitaux la tension est palpable. Avec 957 personnes hospitalisées, soit 49 supplémentaires en 24 heures, dont 135 en service de réanimation, la situation redevient tendue compte tenue des capacités. C’est cette dégradation alors que les fêtes de fin d’année particulièrement importantes au Portugal approchent, que le gouvernement veut stopper. L’affaire de tous martèle le chef du gouvernement.