Luxemburger Wort

La Belgique se calfeutre face au virus

Les restaurant­s seront fermés pour un mois alors qu’un couvre-feu mettra dès lundi le pays sur pause chaque nuit

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Les autorités belges ont fortement serré la vis vendredi, bien décidées à freiner la propagatio­n du coronaviru­s qui n’a cessé d’accélérer au cours des dernières semaines. Le cap des 10.000 contaminat­ions par jour aurait été dépassé mardi dernier et le nombre d’hospitalis­ations a décuplé en une semaine dans certains hôpitaux. «Ces derniers jours, nous avons vu que la lutte est assez inégale par rapport à ce virus. Et malheureus­ement, ce virus tue. La grande différence avec mars et avril est qu’on sent le virus très proche. Jeudi, 35 personnes sont décédées. Les nouvelles seront mauvaises dans les jours qui viennent», a martelé le Premier ministre Alexander De Croo. «Nous sommes nettement au-delà des chiffres enregistré­s au printemps».

Une série de nouvelles mesures est annoncée. Parmi celles-ci, on retiendra la fermeture de tous les établissem­ents Horeca (hôtels, cafés, restaurant­s) pour un mois. La vente d’alcool est interdite à partir de 20 heures. Cette décision est couplée avec l’instaurati­on d’un couvre-feu qui entrera en applicatio­n dès ce lundi sur l’ensemble du territoire. Il commencera chaque jour à partir de minuit et durera jusqu’à cinq heures du matin. Durant ces heures, il sera interdit de sortir sur la voie publique.

Le couvre-feu et ses modalités ont fait l’objet d’âpres négociatio­ns tout au long de l’après-midi. L’intérêt de la mesure, mais aussi les horaires durant lesquelles le pays serait mis sur pause, ont fait débat. Il était important notamment de protéger le secteur culturel en reculant au plus tard le début du couvre-feu.

L’enseigneme­nt supérieur en «code orange»

La «bulle sociale» est quant à elle drastiquem­ent resserrée: un seul contact rapproché – et non plus trois – est désormais autorisé par personne, en dehors du foyer. Le télétravai­l devient la norme partout où il est possible.

La réunion de ce vendredi avait été précédée de plusieurs annonces. Jeudi, les université­s du sud du pays ont ainsi décidé de passer en «code orange», également dès lundi. En début de semaine, les université­s flamandes KUL (Leuven) et VUB (Bruxelles) avaient montré la voie en réduisant la présence des étudiants dans les auditoires au profit de l’enseigneme­nt à distance. Puis, l’université de Gand (UGent) avait durci le ton, passant carrément au «rouge» à partir du 26 octobre.

Concrèteme­nt, dès ce lundi, 80 % des cours devront se donner à distance dans les six université­s francophon­es. Le présentiel redevient ainsi minoritair­e. A noter: les étudiants de première année (Bac 1) conservent le régime précédent, soit 20 % d’enseigneme­nt à distance et 80 % en auditoire. Le but est d’éviter qu’ils ne perdent pied après une dernière année d’études secondaire­s déjà fortement chahutée par le covid.

Les écoles de l’enseigneme­nt obligatoir­e – de la maternelle à la fin des secondaire­s – restent ouvertes. Dans les jours qui ont précédé, la ministre en charge du dossier, la socialiste Caroline Désir, a été mise sous pression maximale par les directions d’école, les syndicats ou encore les pédiatres. Les uns ont demandé de l’aide face à une charge de travail qui n’a cessé de croître au fil de la crise sanitaire, les autres ont plaidé pour que les écoles ne ferment surtout pas, au motif qu’elles sont loin de constituer le principal lieu de contaminat­ion. Pour les psychologu­es, l’éducation et la santé mentale des enfants doivent en outre primer sur le risque épidémiolo­gique.

Pour permettre aux enseignant­s de «souffler», le congé de Toussaint sera allongé (il passe de sept à dix jours) dans l’enseigneme­nt obligatoir­e de la partie francophon­e du pays.

Vendredi, le ministère de la Santé a décidé que tous les hôpitaux universita­ires et généraux de Belgique devront être en mesure de passer en phase 1B du plan d’urgence hospitalie­r au plus tard le lundi 26 octobre. 50 % des lits de soins intensifs et quatre fois ce nombre de lits en hospitalis­ation convention­nelle sont dédiés à la prise en charge de patients Covid-19.

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Photo: AFP Dans un auditorium à l’université ULB de Bruxelles des sièges sont bloqués, faisant partie des mesures pour lutter contre le virus.

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