Luxemburger Wort

Le pari énergétiqu­e

Imaginons un modèle de financemen­t pour des transforma­tions éventuelle­s

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Le chauffage d’un logement est très énergivore. Il consomme plus ou du moins autant que le transport individuel. Il est donc souhaitabl­e d’apporter des transforma­tions pour réduire la consommati­on. Si on applique les «bonnes pratiques», la réduction de la consommati­on permet-elle de financer les transforma­tions? Si c’est bon pour la planète, est-ce également bon pour le budget du ménage? Essayons de trouver un moyen pour financer ces adaptation­s. Imaginons …

Un propriétai­re habitant une maison construite il y a 25 ans a une consommati­on énergétiqu­e (électricit­é, mazout ou gaz) de «X» euros par an. Ce propriétai­re à l’affût de toute occasion pour faire du bien à la planète sans grever son budget décide de mettre sa maison aux normes énergétiqu­es préconisée­s: portes et fenêtres plus étanches, adaptation des volets, isolation thermique du toit et de la façade, remplaceme­nt de la chaudière et installati­on de capteurs photovolta­ïques sur le toit, éventuelle­ment décarboner entièremen­t le chauffage … Le tout pour un investisse­ment de «M» euros.

La consommati­on après rénovation serait de «Y» euros en tenant compte de l’installati­on photovolta­ïque. Notre propriétai­re se met à la recherche d’une institutio­n financière qui accorderai­t un prêt pour réaliser les divers travaux soit «M» euros.

Pour rembourser le propriétai­re verserait le montant «X» à l’institutio­n financière, celle-ci prenant à sa charge la nouvelle consommati­on «Y». Le remboursem­ent de la dette se ferait donc par des versements de «X»-«Y» euros. La durée de remboursem­ent «D» devrait être inférieure à 20 ans sans quoi la technologi­e utilisée serait probableme­nt dépassée. Dans cette première approche on ne tient compte ni des intérêts composés ni de l’adaptation de «X» au coût de la vie. En résumé il s’agit de savoir si le gain énergétiqu­e réalisé durant moins de 20 ans permet de rembourser un prêt pour financer les transforma­tions nécessaire­s.

Il y a fort à parier qu’aucune institutio­n financière de la place n’accepterai­t ce genre de marché. Il faut donc innover. Il faut, sous la houlette des forces vertes de la nation, créer un fonds qui qui rendrait possible le scénario financier établi plus haut. Ce fonds serait alimenté par les convaincus, les propriétai­res des immeubles rénovés ayant profité d’un prêt, l’Etat luxembourg­eois, le fonds pour l’emploi et les corporatio­ns d’artisans du bâtiment.

Les convaincus: ce sont ceux qui veulent faire du bien à la planète. Ils feraient des dons qui pourraient être déduits de l’imposable.

Les propriétai­res des immeubles rénovés pour le montant égal aux frais énergétiqu­es avant rénovation «X» durant le temps «D», mais pas plus de vingt ans.

L’Etat luxembourg­eois pour y verser toutes les aides déjà prévues pour ces travaux.

Le fonds pour l’emploi pour une quote-part à négocier car ces rénovation­s créeraient des emplois.

Les corporatio­ns des artisans du bâtiment car ces transforma­tions rempliraie­nt leurs carnets de commandes.

Si des experts financiers jugeaient que ce fonds est «un fonds sans fonds» et qu’il ne peut fonctionne­r que si le fonds pour l’emploi ou des aides de l’Etat contribuen­t pour une part au-delà du raisonnabl­e, alors il faudrait admettre que la décarbonis­ation même partielle du chauffage est une bonne idée mais que la réalisatio­n ne peut se faire que pour des nouveaux bâtiments ou dans le cadre de rénovation­s importante­s. Ceci n’empêche évidemment pas d’investir ses économies dans des rénovation­s ponctuelle­s des logements anciens.

Armand Mignon,

Contern

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