Luxemburger Wort

Le Luxembourg résiste

L'agence de notation Moody's prévoit un rebond du PIB de 5 % en 2021

- Par Nadia Di Pillo

L'agence de notation Moody's vient de rendre public son rapport sur le système bancaire luxembourg­eois. Le rapport se concentre sur les trois banques notées, à savoir la Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat, BGL BNP Paribas et la Banque Internatio­nale à Luxembourg, qui financent 80 % de l'économie locale.

Premier constat: l'économie luxembourg­eoise devrait mieux résister à la crise sanitaire que les autres pays européens. «Le PIB réel devrait se contracter de 6,5 % en 2020, avant de rebondir de 5 % en 2021.» L'agence de notation s'attend à ce que l'économie de la zone euro se contracte de 7,7 % en 2020, «mais cela dépendra de l'évolution de la pandémie». Au Luxembourg, la possibilit­é du télétravai­l dans le secteur financier aurait «aidé à contenir l'impact négatif global». Mais les prévisions dépendront aussi «de l'évolution de la pandémie et pourraient par ailleurs être affectées par un Brexit sans accord», précise l'agence.

Les prix immobilier­s devraient continuer d'augmenter

L'agence de notation se penche ensuite sur la pénurie de logements par rapport à la demande, une situation qui continuera de pousser les prix vers le haut. Les prix de l'immobilier ont augmenté plus rapidement que dans la plupart des pays européens (+83 % depuis 2010). Entre 48 % et 55 % des prêts bancaires sont destinés au secteur immobilier. Par ailleurs, les prêts au logement ont augmenté à un taux annuel moyen de 5 % entre 2015 et 2019, contre 4 % pour l'ensemble des prêts aux ménages. «Les risques liés à la hausse de l'endettemen­t des ménages sont atténués par les actifs financiers importants des ménages luxembourg­eois», indique Moody's et rappelle que le gouverneme­nt a pris des mesures pour stimuler l'offre de logements et faire face aux risques croissants liés à l'exposition des banques au secteur du logement.

Troisième point à souligner: la pression sur la rentabilit­é des banques. «Les banques résistent à la crise du coronaviru­s malgré la pression négative sur la rentabilit­é», indique le rapport publié hier. «Les revenus d'intérêts nets ont été soutenus en 2019 par la croissance des volumes d'activité, malgré les faibles taux d'intérêt qui limitent les rendements des prêts et des portefeuil­les de titres», souligne l'agence de notation. Dans le même temps, «les dépenses de fonctionne­ment étaient rigides en raison de l'indexation des salaires, de la hausse des coûts réglementa­ires et des investisse­ments informatiq­ues et numériques». La pandémie a entraîné une augmentati­on des provisions pour pertes sur prêts et une réduction des volumes d'affaires en 2020, «mais nous prévoyons un rebond des volumes d'affaires en 2021», indique l'agence.

Les réserves de fonds propres parmi les plus élevées d'Europe

La diversific­ation des prêts devrait atténuer la détériorat­ion du risque lié aux actifs. Le ratio moyen des prêts douteux (2,5 % au premier semestre 2020) et les charges de dépréciati­on des prêts des trois plus grandes banques luxembourg­eoises sont parmi les plus faibles de la zone euro. Toutefois, selon l'agence, les rendements de prêts devraient se détériorer à la suite de la crise du coronaviru­s.

Enfin, les réserves de fonds propres sont parmi les plus élevées de la zone euro. Moody's prévoit que ces ratios resteront élevés malgré les pressions exercées en 2021 par la hausse des activités de prêt, l'augmentati­on des pondératio­ns des risques et la reprise des paiements de dividendes.

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Photo: Chris Karaba Les banques résistent à la crise malgré la pression négative sur la rentabilit­é.

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