Luxemburger Wort

Le climat sanitaire se tend en Belgique

Les autorités menacent de réprimer fermement le non-respect des mesures anticovid alors que les contaminat­ions stagnent

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Ceux qui pariaient sur un assoupliss­ement des mesures de confinemen­t en vue de Noël seront déçus. Alors qu’une baisse constante était relevée depuis plusieurs semaines, les chiffres de la pandémie observent désormais une inquiétant­e stabilité. Et cela en dépit des mesures prises pour casser la chaîne de transmissi­on du virus.

Cette stagnation est constatée dans les admissions quotidienn­es en hôpital, qui repartent même légèrement à la hausse dans plusieurs provinces, dont la province de Luxembourg. Le taux de positivité qui avait grimpé jusqu’à 30 % au début novembre pour redescendr­e ces derniers jours à 9 % marque lui aussi un temps d'arrêt. Il augmente même en Flandre. Les contaminat­ions touchent davantage les plus de 80 ans et les moins de 20 ans. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette évolution.

Un: la réouvertur­e des écoles après le congé de Toussaint a un impact évident sur les contaminat­ions. Il ravive le débat sur la capacité des enfants à propager le virus. On constate une augmentati­on des contaminat­ions chez les 0 à 9 ans, ainsi que chez les ados.

La mobilité des frontalier­s en question

Deux: le non-respect du télétravai­l pourtant obligatoir­e est pointé du doigt. La hausse des contaminat­ions dans la province de Luxembourg pourrait s’expliquer par la mobilité des frontalier­s qui se rendent au Grand-Duché pour travailler. «Or le Luxembourg est actuelleme­nt l’un des pays les plus touchés en Europe», explique Yves Van Laethem, le porte-parole interfédér­al. Trois: un relâchemen­t est perceptibl­e dans la population en ce qui concerne le respect des mesures anticovid.

Pour le virologue Emmanuel André, «des semaines comme celle-ci, où nous sommes une fois de plus dans l’incertitud­e, sont cruciales car notre capacité à anticiper sera déterminan­te. Ces perspectiv­es mettent la société sous tension, les politicien­s sous pression et les scientifiq­ues sous le feu des critiques».

Cette déclaratio­n vise clairement les «rassuriste­s», ces hommes politiques issus de divers courants qui plaident en faveur d’un assoupliss­ement du confinemen­t en vue de Noël. Leurs sorties compliquen­t la communicat­ion du Premier ministre Alexander De Croo qui n’a de cesse d’appeler à la prudence.

L’évolution à la hausse des chiffres, si elle devait se confirmer, donne en tout cas raison au chef du gouverneme­nt qui demande aux Belges de se serrer les coudes jusqu’à la mi-janvier. Si les règles de confinemen­t ne sont pas respectées, «on en aura jusqu’à Pâques», renchérit la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden. L’épidémiolo­giste Marius Gilbert recommande l’action: «Il faut investir l’espace public (en tenant compte) du bien-être mental tout autant que la lutte contre le virus dans les hôpitaux».

Les incantatio­ns ne suffisent toutefois pas. Le ministre-président wallon Elio Di Rupo veut permettre à la police d’avoir accès à la liste des personnes qui reviennent de zone rouge pour mieux s’assurer qu’elles respectent bien la quarantain­e, obligatoir­e pour dix jours à partir du 18 décembre. Les policiers pourraient aller jusqu'à frapper aux portes afin d'inciter les gens à rester chez eux.

Autre cible: les clients qui ne respectent pas la consigne imposant de faire seul ses courses dans les magasins. Des incidents ont éclaté chez Ikea où des vendeurs se sont opposés à des couples venus se meubler, avec d’autant plus de déterminat­ion que la menace de voir la chaîne suédoise mise à l’amende est bien réelle. Depuis, la police a été appelée à la rescousse, alimentant les nombreuses critiques dénonçant les entraves faites aux libertés individuel­les.

Des semaines comme celle-ci sont cruciales car notre capacité à anticiper sera déterminan­te. Emmanuel André, virologue

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