La Belgique ne veut plus être un cancre climatique
Après des années de tiraillements, le royaume a révisé son approche de la réduction des gaz à effet de serre
Vendredi matin, au terme du sommet européen, le Premier ministre Alexander De Croo a jugé «ambitieux» l’accord trouvé sur le climat qui voit la réduction des gaz à effet de serre fixé à «au moins 55 %» en 2030 par rapport au niveau de 1990. Pourtant, il s’en est failli de peu pour que la Belgique rate de nouveau ce rendez-vous avec la planète.
Durant la semaine écoulée encore, le plat pays avait été épinglé par le «Climate Change Performance Index 2021» publié par un groupe d’ONG environnementales. Celui-ci établit annuellement les performances d’une soixantaine de pays en matière de lutte contre les changements climatiques. Or la Belgique se retrouve à la 40e place (en recul de cinq places) de ce rapport qui passe au crible les politiques de 57 pays et de l’Union européenne, soit les émetteurs de plus de 90 % des gaz à effet de serre.
Sans surprise, la Belgique est pointée du doigt pour ses émissions polluantes et sa trop faible production d’énergies renouvelables. Son efficacité énergétique et sa politique climatique sont également dans le viseur des ONG. Au bout du compte, la note qui lui a été attribuée par l'Index 2021 est «basse», dénonçant une approche qui reste bien en deçà des objectifs de l’Accord de Paris dont on célèbre aujourd'hui le cinquième anniversaire.
Mais la perspective de souffler ces bougies coiffé d'un bonnet d’âne a manifestement réveillé les ambitions belges. Après des années de tiraillements entre les différents niveaux de pouvoir du pays, un soutien commun à la proposition de la Commission européenne de porter à – 55 % la réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 a été trouvé.
L’arrivée au pouvoir de la coalition Vivaldi pilotée par Alexander De Croo n’est pas étrangère à cette décision. Les écologistes francophones et flamands ont rejoint l'exécutif fédéral et entendent imposer des vues qui ont également percolé ces dernières années dans les autres partis. Une chose est certaine: l’absence de la N-VA nationaliste flamande proche des milieux industriels du nord a levé certains blocages.
A moins que le parti de Bart De Wever n’ait lui aussi évolué. L’appui du gouvernement flamand, à la tête duquel on trouve le N-VA Jan Jambon, est en effet nécessaire à l'approbation des nouvelles propositions belges en matière de climat. Selon certaines indiscrétions, le Premier ministre De Croo, dont le parti libéral OpenVLD participe également à l'exécutif régional flamand, aurait passé un pacte avec la N-VA. Pacte dont il reste à connaître les contre-parties.
Des «flexibilités additionnelles»
Arrivée au sommet européen, la Belgique a demandé que la répartition de l’effort au sein des VingtSept se base sur un rapport coûtefficacité (ce qui lui éviterait des dépenses faramineuses qui ne réduiraient sa capacité à polluer qu’à la marge) et qu’il soit possible de recourir à des «flexibilités additionnelles». Ce dernier mécanisme permettrait par exemple l’achat de permis de CO2 qui équilibreraient en quelque sorte les comptes si le pays n’est pas à même de réaliser les nouveaux objectifs climatiques.
Ces exigences ont été rencontrées puisque la Commission est invitée à tenir compte du rapport coût-efficacité et des flexibilités additionnelles, tout en réalisant de nouvelles études d’impact.
On sait par ailleurs qu’une décision de taille s’imposera à la Belgique dès l’an prochain avec la prolongation (ou non) d’une partie de son parc nucléaire au-delà de 2025. Or l’atome, à lire entre les lignes du sommet, n’a pas dit son dernier mot.
La Belgique est pointée du doigt pour ses émissions polluantes et sa trop faible production d’énergies renouvelables.