Bruxelles a des fins de mois difficiles
Les perspectives de reprise économique sont pour l’instant limitées dans la capitale de l’Europe
Bruxelles se porte un tout petit peu mieux. Du moins si l’on se fie à l'affluence de la rue Neuve, une des principales artères commerçantes de la capitale. Ses magasins ont tourné le week-end dernier avec un chiffre d’affaires avoisinant les 75% de la normale, selon un coup de sonde donné par la corporation. La Ville évoque pour sa part des chiffres «meilleurs que ce que l’on a pu craindre».
Des volets tirés et des trottoirs vides
Mais la rue Neuve qui bénéficie de la réouverture des commerces dits non essentiels n’est pas tout Bruxelles. A deux pas de là, certains quartiers qui vivent essentiellement de la restauration sont aujourd’hui de véritables déserts économiques. Les volets sont tirés. Les trottoirs sont vides. La perspective de rouvrir est plus que compromise pour nombre de bistros et de restaurants. Le prix demandé pour un pas de porte lors d’une reprise de bail a parfois diminué des trois-quarts.
Tout n’est pas noir pour autant. Très représenté à Bruxelles, le secteur tertiaire s’en sort plutôt bien. Mais la capitale souffre assurément de l’absence des navetteurs en raison du télétravail devenu obligatoire et de la quasi disparition des touristes. Les indépendants sont directement touchés par l'absence de cette population, avec une diminution de 42,7 % de leur chiffre d’affaires d’avant-crise. Par ailleurs, si l’événementiel et la restauration ne représentent qu’une toute petite partie de l’économie bruxelloise, leur mise à l’arrêt contribue amplement à plomber l’atmosphère de la ville.
Cette perte de vitesse a un coût humain et social. Le chômage est reparti à la hausse cet été, surtout parmi jeunes, ce qui n’était plus arrivé depuis cinq ans. Les pertes d’emploi restent toutefois sous contrôle, en raison des mesures de soutiens gouvernementales mais aussi de la présence de secteurs (assurances, banques, consultance…) qui ont pu continuer à fonctionner en télétravail.
Un tel tableau peut rassurer. Dans le sillage de l’Union européenne, le gouvernement De Croo entend soutenir la relance, mais on attend toujours de savoir comment. Les Belges ont de surcroît épargné quelque 22 milliards d’euros au cours de la crise sanitaire, une manne qui pourrait être renvoyée vers l’économie réelle. Mais, de nouveau, comment s’y prendre?
Olivier Willocx, l’administrateur-délégué de Beci, la chambre de commerce bruxelloise, estime qu’ «on ne pourra pas sauver tout le monde». «Toutes les activités classiques qui fonctionnaient bien ne vont pas reprendre, et certaines entreprises qui allaient déjà mal avant le premier confinement vont sombrer après le deuxième.» Il affirme que continuer à saupoudrer l’argent public à la faveur de mesures générales n’est pas «sain». «Des moyens doivent être mobilisés, pas seulement publics car les besoins s’expriment en milliards d’euros, pour renforcer les fonds propres des entreprises afin de leur permettre non seulement de se relancer mais aussi de pivoter», ditil encore. Celles-ci devront donc se réinventer, faire preuve de «résilience».
Un grand besoin de main-d’oeuvre qualifiée
Deux axes majeurs au moins s’offrent à la relance économique de la capitale. Le vaste chantier environnemental européen qui doit conduire à la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 implique une rénovation et une isolation d’un bâti bruxellois souvent vieillot. L’économie numérique représente également une opportunité de taille. Mais dans les deux cas, il faut une main-d’oeuvre qualifiée qui fait souvent défaut en raison du manque de formation d’une jeunesse en partie issue des quartiers défavorisés.