La Belgique fait ses comptes en marge du Brexit
Si la Flandre sera davantage touchée, la Wallonie compte bien faire valoir ses intérêts en termes de compensations
Les bisbrouilles communautaires ne sont jamais bien loin en Belgique. Ainsi, les socialistes wallons n’ont-ils guère apprécié d’entendre le nationaliste flamand Geert Bourgeois exiger pour sa région 85 % des moyens belges issus du Fonds européen d’ajustement au Brexit.
«Si nous ne contestons pas l’impact important sur la Flandre, il faudra aussi tenir compte de la Wallonie. La clé de répartition proposée est indécente», a fait valoir le député PS Maxime Hardy.
Ici comme ailleurs, la tension monte autour du Brexit. Lors de la dernière réunion du Comité des régions, le ministre-président wallon Elio Di Rupo a menacé de demander à son parlement «d’utiliser son droit de véto, comme ce fut le cas pour le Ceta, si les futurs accords commerciaux avec le Royaume-Uni transgressent les lignes rouges fixées par mon gouvernement». «Mais», a-t-il ajouté bon prince, «je veux aussi mettre en exergue la nécessité de trouver un accord dans l’intérêt des régions européennes qui seront les plus proportionnellement impactées, et notamment la Flandre».
Le Ceta est ce traité de libreéchange entre l’Union européenne et le Canada que le socialiste Paul Magnette avait bloqué en 2016. A l’époque, l’ex-ministre-président wallon avait dénoncé les conséquences négatives qu’aurait le Ceta sur les agriculteurs, le droit du travail, le respect de l'environnement et les pouvoirs des multinationales.
Or, c’est précisément en multipliant les pactes de libre-échange que la Flandre voudrait compenser le manque à gagner engendré par le Brexit. «Geert Bourgeois propose également de conclure certains accords commerciaux de libre-échange, comme le Mercosur ou l’Accord UEMexique. Nous nous y opposons fermement», a expliqué Maxime Hardy en rappelant les difficultés rencontrées par les agriculteurs wallons.
Un Brexit dur menacerait quelque 5.000 emplois wallons et 21.000 jobs flamands, selon une étude. Le port d’Anvers devrait particulièrement pâtir du divorce entre l’Europe et le Royaume-Uni. Ce dernier est le principal partenaire commercial maritime de la métropole après les États-Unis et la Russie.
A l’échelon national, les conjectures vont bon train sur le coût annoncé du Brexit. Selon le ministère de l’Economie, les entreprises belges devront débourser près d’un milliard d’euros de droits de douane sur des produits exportés vers le Royaume-Uni. Cette estimation a été revue à la hausse récemment en tenant compte de la nouvelle liste des tarifs douaniers qui, selon Londres, s’appliqueront en cas de Brexit «dur». Des tarifs moins avantageux pour les produits belges, exportés à hauteur de 18 milliards d’euros chaque année vers le Royaume-Uni.
Si ce scénario se réalise, 41 % des droits de douane seront à la charge des sociétés alimentaires et agricoles. «Pour les pommes de terre par exemple», écrit le quotidien économique «L’Echo», «les droits de douane passeront de 0 à 16 %.» «En plus de ces taux élevés, le secteur alimentaire sera confronté à de nouvelles barrières», poursuit «L’Echo».
Tenir compte du ralentissement
Les comptes s’annoncent également mauvais pour le secteur automobile et les échanges transManche de pièces détachées ou pour les marchandises étrangères qui transitent par Anvers. A chaque fois, les finances belges perdent davantage qu’elles ne gagnent dans l’opération. Il faut aussi tenir compte du ralentissement que pourraient entraîner ces nouvelles contraintes sur le développement de certaines activités portuaires et logistiques.
Un Brexit dur menacerait quelque 5.000 emplois wallons et 21.000 jobs flamands.