Un Noël généreux et une Saint-Sylvestre austère
Portugal: Les mesures covid pour les jours fériés
Depuis quelques jours Lisbonne ressemble à une princesse réveillée. Les lumières de Noël dans la «baixa», le centre de la ville, donnent de l’éclat aux rues quasi désertes le soir venu depuis des semaines. Le sapin géant sur le «Terreiro do Paço», la grande place centrale au bord du Tage, attire les enfants et les parents. L’installation qui évoque un palais des mille et une nuits et l’arc lumineux de la rue Garett, dans le «Chiado», l’hyper centre commercial se taillent un franc succès. Depuis quelques jours, les badauds bravent les couvre-feux pour venir admirer les décorations lumineuses. Une sorte de tolérance sous surveillance avant un Noël qui sera généreux.
Le gouvernement a en effet décidé de ne pas imposer de restrictions pour le pont du 25 décembre, afin de permettre les rassemblements familiaux. La tradition est très forte au Portugal. Alors que près de 70 % des 10,3 millions d’habitants vivent dans les villes du littoral, comme Lisbonne et Porto, la population migre vers l’intérieur au moment des fêtes.
Les Portugais maintiennent un lien fort avec leurs origines rurales. Ils ont des grands-parents et des parents dans les villages ou les bourgs: on se déplace avec victuailles et cadeaux pour organiser de grandes tablées copieusement garnies. En apparence, cette permissivité de Noël donne l’impression que les touristes veulent profiter de l’aubaine. Le Portugal est l’un des pays qui limitent le moins les voyages, si on exclue les sévères restrictions imposées désormais aux Britanniques ou aux émigrés revenant du Royaume-Uni.
Un premier de l’an verrouillé
Mais si Noël donne l’illusion d’une quasi normalité retrouvée, en revanche le 1er de l’an s’annonce très austère. Les mesures imposent l’interdiction de circuler entre les municipalités, le couvre-feu à 23 heures la nuit de la Saint-Sylvestre et à 13 heures les trois premiers jours de 2021. Il n’y aura pas de fêtes ni de feux d’artifice et les restaurants seront fermés. L’impact sur le tourisme s’annonce cruel. Les compagnies aériennes annulent les vols en provenance du Royaume-Uni, notamment à Faro, la capitale de l’Algarve. Cette région très touristique du sud du pays qui jouit d’un climat amène et de golfs verdoyants en toute saison est très prisée des nordiques.
Une première estimation fait état de 4.000 touristes britanniques en moins. Mais les professionnels du secteur redoutent de nouvelles défections en janvier et février 2021. Même son de cloche à Madère, l’archipel au large des côtes africaines, très prisé aussi des Anglo-Saxons. Au Portugal on estime que les recettes du tourisme ont chuté de 60 %, selon des chiffres encore parcellaires. Les conséquences sur l’emploi est dramatique. L’Algarve, par exemple, a enregistré en octobre dernier 100.000 demandeurs d’emploi de plus qu’en octobre 2019.
Des dizaines d’hôtels en vente
L’AHP, l’association des propriétaires d’établissements hôteliers, estime que 45 % des hôtels sont totalement fermés. Et ceux qui restent ouverts fonctionnent à 30 % de leur capacité. Le malaise dans le secteur est palpable. Il y a actuellement 166 hôtels en vente dans tout le pays et ce chiffre est en hausse constante depuis le mois de mars et le début de la pandémie au Portugal. Leur valeur est comprise entre 500.000 et 36 millions d’euros. Sans surprise ce sont les régions du centre, incluant Lisbonne, l’Algarve et Madère qui cherchent à céder ces hôtels. Les prévisions sont pessimistes. L’AHP ne veut pas s’engager au-delà de mars pour parler d’un début de reprise.
La «lueur au fond du tunnel» que tout le monde évoque avec le début de la vaccination en janvier prochain est ténue. Le Président de la République Marcelo Rebelo de Sousa et le Premier ministre Antonio Costa ont à nouveau lancé un appel aux sens des responsabilités des Portugais. Un Noël prudent et un 1er de l’an sans fêtes pourront seuls empêcher un nouveau dérapage des nouveaux cas de covid en début d’année prochaine. Un dérapage extrêmement redouté.