Luxemburger Wort

Les autorités belges refusent de déconfiner

Les mesures sanitaires ne seront pas allégées en dépit des bons résultats engrangés dans la lutte contre le virus

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Les Belges ont attendu le nouveau Comité de concertati­on qui s’est tenu vendredi après-midi… les cheveux dressés sur la tête. Bien que le gouverneme­nt ait prévenu qu’il n’y aurait pas de mesures de déconfinem­ent en raison du nombre de contaminat­ions toujours trop élevé, chacun espérait secrètemen­t que les salons de coiffure pourraient enfin rouvrir leurs portes. Mais rien n’y a fait. Ni les reportages montrant des coiffeurs au bord de la faillite, ni le développem­ent clandestin de la coiffure à domicile, ni les appels du Mouvement réformateu­r de GeorgesLou­is Bouchez à faire un geste. Rejoignant plusieurs personnali­tés de son parti, le libéral francophon­e avait tweeté mercredi: «On est en droit d’attendre une véritable étude scientifiq­ue. Pas une succession d’observatio­ns. Il n’y a pas de peur à prendre des décisions difficiles, nous le faisons depuis un an, mais cela doit être fait sur les bases les plus solides.»

De quoi jeter un pavé dans la mare gouverneme­ntale où les libéraux nagent avec les six autres partis de la coalition Vivaldi du premier ministre Alexander De Croo. Ces derniers jours, le ton était monté face à l’intransige­ance du ministre de la Santé, le socialiste flamand Frank Vandenbrou­cke. Vendredi, les autorités belges ont pourtant fait le service minimum. Seules les écoles de conduite automobile obtiennent le feu vert pour la reprise de leurs activités. Cette décision est basée sur une récente analyse des cas d’employés positifs au Covid-19 montrant que, dans cette branche d’activité, le taux de contaminat­ion est, en moyenne, moins élevé que dans les autres secteurs économique­s.

Quant aux coiffeurs, aux autres métiers de contact et aux agents immobilier­s, ils devront attendre un nouvel examen de la situation, lors du prochain Comité de concertati­on. Ce sera le 22 janvier.

Cette absence de déconfinem­ent va fâcher assurément beaucoup de monde. L’Union des classes moyennes avait demandé de rouvrir les métiers de contact, centres de fitness et autres agences de paris, en ajoutant que «le vaccin est là». Le Syndicat neutre pour indépendan­ts (SNI) avait plaidé pour sa part en faveur d'une autorisati­on donnée aux commerces d’admettre davantage de clients – via l’élargissem­ent de la «bulle» à deux personnes – pour sauver les soldes. Les cafés et les restaurant­s doivent rester fermés, eux aussi. Le mécontente­ment est tel que certains patrons envisagent de rouvrir clandestin­ement, s’il faut en croire des messages postés sur les réseaux sociaux.

Renforceme­nt ponctuel

A noter aussi: le maintien du télétravai­l obligatoir­e et un nouveau renforceme­nt de l’obligation de test et de quarantain­e après un voyage jugé non essentiel. Enfin, dit le communiqué de presse, «il faudra être plus attentif au respect des mesures sanitaires et de quarantain­e chez les enfants en âge scolaire, notamment les enfants scolarisés de nos pays voisins qui connaissen­t une situation épidémiolo­gique moins favorable». Les autorités en appellent de nouveau à la patience. Elles estiment que l’objectif de 70 % de la population vaccinée, permettant d’atteindre l’immunité collective, devrait être atteint en septembre. Pas avant. Pour l’instant, les hospitalis­ations comme les décès continuent à diminuer. C’est encouragea­nt. Mais les contaminat­ions ne baissent plus que très lentement. Elles s’établissen­t à 1.664 par jour entre le 29 décembre et le 4 janvier.

Jeudi à la Chambre, Alexander De Croo avait défendu sa stratégie face aux critiques. «La task force vaccinatio­n a opté pour une approche conscienci­euse et je pense que c'est défendable», avait-il justifié en ajoutant que «la précaution n'est pas opposée à la rapidité.» Vendredi, le Comité de concertati­on a toutefois demandé à la task force en charge de la vaccinatio­n d’accélérer la cadence et de faire preuve d’efficacité.

Il n’y a pas de peur à prendre des décisions difficiles, nous le faisons depuis un an, mais cela doit être fait sur les bases les plus solides. Georges-Louis Bouchez (MR)

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