Luxemburger Wort

Norwegen will CO2-Abgabe mehr als verdreifac­hen

- Par Franz Fayot *

In der Ölnation Norwegen soll der Ausstoß von klimaschäd­lichen Gasen

2020 restera dans les mémoires comme une terrible épreuve pour la plupart d’entre nous. Outre de nombreux drames humains liés directemen­t au virus, la crise touche tous les secteurs de l’économie, et en premier lieu ceux directemen­t frappés par les mesures de confinemen­t: restaurate­urs, barmen, hôteliers, profession­nels de l’événementi­el, de la culture, du sport … Mais tout le reste de l’économie et de la société a également tourné au ralenti.

Cette année douloureus­e est désormais derrière nous, et l’envie de retourner à la normale, dans tous les domaines de la vie, est vive. Mais 2020 est importante aussi dans la transition que nos sociétés, nos économies sont en train de traverser.

2020 fut une césure, un moment de rupture qui a révélé des vulnérabil­ités et invite à des politiques courageuse­s pour y remédier.

La vulnérabil­ité des systèmes de santé d’abord: pénurie de masques, de respirateu­rs, disruption des services hospitalie­rs. Le Luxembourg s’est bien tiré d’affaire, et notre système de santé s’est montré relativeme­nt résilient face à la pandémie, mais le constat est celui d’un besoin de renforceme­nt, d’un investisse­ment accru dans la santé à tous les niveaux.

Une vulnérabil­ité écologique ensuite. La Covid-19 est une zoonose, née d’une transmissi­on de virus de l’animal à l’humain, favorisée par la globalisat­ion, et, selon d'aucuns, par la destructio­n de l’environnem­ent et de la biodiversi­té. Raison de plus de prendre au sérieux les objectifs de l’accord de Paris et le plaidoyer pour une action résolue pour préserver la biodiversi­té.

Une vulnérabil­ité sociale: le chômage partiel, la prise en charge des enfants pendant le confinemen­t, les emplois exposés au public, jusqu’aux secteurs frappés le plus durement – les moins bien lotis ont été le plus durement touchés.

Des vulnérabil­ités économique­s encore: la disruption du commerce par la digitalisa­tion qui s’est vue accélérée, les chaînes de valeur globalisée­s, la désindustr­ialisation dans des secteurs stratégiqu­es et vitaux, des marchés en mutation (automobile, constructi­on), l’approvisio­nnement alimentair­e.

Une vulnérabil­ité sociétale enfin: cette pandémie nous a rendu attentifs au fait que nous ne pourrons la vaincre qu’ensemble, et pas séparément. Pire, que notre logique individual­iste et sans égards pour la collectivi­té allait encore empirer la situation et contribuer à une diffusion plus forte de la maladie.

C’est donc aussi une année lourde d’enseigneme­nts que nous venons de vivre – des enseigneme­nts dont nous avons d’ores et déjà pris la mesure et auxquels nous répondons.

Préserver et stabiliser le tissu économique du pays

Le Gouverneme­nt a rapidement pris la décision de stabiliser l’économie par une première série de mesures, suivie d’un deuxième paquet «Neistart» en mai, et le prolongeme­nt des mesures existantes en décembre. Le chômage partiel était, et reste sans doute, la mesure clé dans tout le dispositif, autorisant les entreprise­s éligibles à mettre leur personnel au chômage partiel payé à 80% par l’Etat. Une mesure indispensa­ble pour soutenir les entreprise­s et pour préserver de précieux emplois et offrir une stabilité économique à de nombreux salariés.

Toutes ces mesures visent à préserver et à stabiliser le tissu économique du pays – que ce soit dans les secteurs les plus vulnérable­s, mais aussi dans l’industrie et la constructi­on.

La crise n’est pas derrière nous. Surtout les secteurs très vulnérable­s doivent continuer à être soutenus, ce à quoi le Gouverneme­nt s’est engagé dès le début. Car pour transforme­r, il faut d’abord préserver l’existant.

Reconstrui­re mieux et de manière plus durable

Très vite, le mot d’ordre du «build back better and greener» s’est imposé dans le discours politique, que ce soit aux Etats-Unis, où le candidat à la présidenti­elle Joe Biden en a fait l’un de ses principaux thèmes de campagne, en Europe, mais aussi en Afrique, où l’impulsion post-Covid est désormais considérée comme déterminan­te pour atteindre les objectifs de développem­ent durable d’ici 2030. La Covid-19 a fait des ravages terribles dans les pays en voie de développem­ent, surtout sur le plan socio-économique, faisant basculer de nombreuses personnes dans la pauvreté. Ceci constitue un revers indubitabl­e pour les politiques de développem­ent menées depuis des décennies.

La Commission européenne a fait de la relance verte et digitale son principal cheval de bataille pour sortir de la crise économique. La réindustri­alisation de l’Europe, l’impératif de protéger notre industrie lourde face aux produits de moindre qualité et à plus haute intensité en CO2 importés de pays tiers, le renforceme­nt du marché intérieur, l’enjeu de l’hydrogène propre, l’accélérati­on de la digitalisa­tion – voilà autant d’enjeux discutés itérativem­ent lors des conseils des ministres de l’Economie au cours de 2020 autour desquels une vraie dynamique est perceptibl­e. Le Luxembourg participer­a par exemple à l’IPCEI (Initiative for a Project of common European interest) sur l’hydrogène propre, l’une des initiative­s pour introduire l’hydrogène vert comme nouvelle source d’énergie dans l’industrie.

Mais l’accélérati­on sur la voie de la transition verte et numérique de nos économies – clé de voûte d’une croissance durable et qualitativ­e – doit aussi se faire au moyen des instrument­s de relance nationaux. Et la relance durable était, dès le départ de la crise, une priorité absolue du Gouverneme­nt.

L’instrument d’aide «Neistart» introduit en juillet 2020 pour accompagne­r d’ores et déjà la relance postCovid-19 de l’économie était le premier en son genre en Europe. Il subvention­ne par des aides extraordin­aires l’innovation sous forme de nouveaux processus de production, de digitalisa­tion, de dépassemen­t de normes environnem­entales, d’efforts réalisés en matière d’économie circulaire.

Cette aide connaît un succès dépassant toutes les attentes, de très nombreuses entreprise­s de tout type y recourent pour cofinancer leurs investisse­ments dans l’avenir. Les aides «Neistart» nous feront gagner 4 ans dans la marche à suivre vers une économie plus durable, plus digitale et circulaire. «Neistart» est l’exemple même d’une politique de relance pragmatiqu­e qui marche: à chaque euro d’argent public correspond un investisse­ment au moins équivalent d’une entreprise privée dans son avenir au Luxembourg, gage d’activité économique durable et innovante.

La responsabi­lité collective l’emporte sur l’égoïsme individual­iste L’année écoulée nous a aussi fait redécouvri­r l’importance de la responsabi­lité collective pour le bien public par rapport à l’égoïsme individual­iste ambiant qui régnait en maître depuis les années 80. Les privations de liberté strictemen­t justifiées par un impératif commun à court terme de venir à bout d’une pandémie, mais surtout d’épargner les vies de nos concitoyen­s les plus vulnérable­s ont aussi peut-être constitué une césure dans la transition vers une société moins égoïste et moins individual­iste à moyen et à long terme.

En tant que ministre de l’Economie, je suis particuliè­rement fier de faire partie d’un Gouverneme­nt où l’économie n’a jamais été opposée à la santé publique. L’interdépen­dance et la mise en balance équitable des intérêts particulie­rs pour soutenir le bien public à terme sera aussi notre ligne de conduite dans le futur pour relever les défis économique­s, sociaux et écologique­s futurs. Il importe ainsi de réaffirmer la force du bien commun, résultant notamment du sens de l’innovation et d’entreprise et du principe de la solidarité démocratiq­ue, fondés sur la réciprocit­é humaine et les droits fondamenta­ux.

C’est donc avec un regard résolument optimiste que je vois l’année 2021 et les années suivantes. Nous avons montré notre résilience face à la pandémie, nous saurons en tirer les bons enseigneme­nts.

En tant que ministre de l’Economie, je suis particuliè­rement fier de faire partie d’un Gouverneme­nt où l’économie n’a jamais été opposée à la santé publique.

L'auteur est ministre de l’Economie (LSAP).

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