L’escalade de la pandémie
Les Portugais sont appelés aux urnes le dimanche – les écoles ferment
Après plusieurs jours de niveau alarmant de nouveaux cas covid, aux alentours de 10.000 par tranche de 24 heures, la situation s’est encore aggravée. Mercredi 20 janvier, un nouveau record a été atteint avec près de 15.000 nouveaux cas en 24 heures. Entamée en octobre dernier la courbe ascendante de la contagion s’est accélérée aux premiers jours de janvier.
Face aux signes de tension dans le service hospitalier, le gouvernement a imposé un nouveau confinement le 15 janvier. Un reconfinement à la portugaise, intitulé «devoir civique de recueillement domiciliaire», basé sur la bonne volonté et l’engagement des Portugais. Une formule qui avait fonctionné lors du premier confinement en mars 2020. La seconde version prévoyait une cinquantaine d’exceptions à l’injonction du «Restez chez-vous».
Autant de prétextes pour que les Portugais, fatigués et agacés par la situation exigeante, continuent une vie à peu près normale. «Cela fait presqu'un an qu’on est là-dedans. On a fait beaucoup d’efforts. Mais ça ne marche pas. Alors à quoi bon?», commentait Fernanda dans une rue de la Baixa de Lisbonne. Masque sur le visage et distance respectée pour s’exprimer, cette femme de ménage commentait ainsi le laisser-aller observé dans les rues de la capitale.
Au bord de la catastrophe
Force est de constater que la situation épidémiologique a pris un tournant dramatique dans le pays. En 17 jours, le Portugal est passé de 78 décès covid à 221 en 24 heures. Le taux de létalité est de 3,4 % Actuellement 5.630 personnes sont hospitalisées, dont 702 en service de réanimation. Les hôpitaux sont arrivés à saturation. «Nous ne sommes pas encore au stade d’assister à des scènes comme on en a vues en Italie ou en Espagne au printemps dernier, mais on est sur le chemin», reconnaissait João Gouveia, médecin, président de l’Association des soins intensifs. Les hôpitaux de campagne ont refait leur apparition et les traitements ou opérations non urgentes sont toutes reportées.
Marta Temido, la ministre de la Santé, qui ne nie pas la situation de pré-catastrophe, évoque désormais la réquisition des hôpitaux privés, si nécessaire. L’accélération de la pandémie pourrait être due en partie à la présence du variant «anglais» de la covid. Repéré sur l’île de Madère en décembre dernier – après dépistage sur des touristes britanniques – on estime à 20 % l’incidence sur le total des nouveaux cas. Les autorités sanitaires évoquent un taux de 60 % des cas d’infections à court terme. «Nous avons constaté qu’il y a une forte augmentation de patients plus jeunes hospitalisés. Probablement une conséquence du variant qui se répand plus facilement parmi ces catégories d’âge. Le facteur aggravant est souvent l’obésité. Heureusement les jeunes sont plus résistants», reconnaît le docteur João Gouveia
Après un tour de vis donné trois jours après l’instauration du confinement le 15 janvier, pour éviter les attroupements, cette fois ce sont les établissements scolaires qui ferment. Le gouvernement s’y résout, alors qu’il avait tenté de l’éviter afin de ne pas perturber le bon déroulement de l’année scolaire. Face à la propagation du variant «britannique» du sars-cov-2 le gouvernement préfère donc suspendre tout simplement les cours pour 15 jours et sans imposer l’enseignement à distance. La période est suffisamment longue pour pouvoir réévaluer la situation et suffisamment courte pour que les cours soient récupérés lors des prochaines vacances scolaires de février, de Pâques et même d’été.
Des élections maintenues
Les Portugais sont appelés aux urnes le 24 janvier pour élire le chef de l’État. Le président sortant Marcelo Rebelo de Sousa du Parti Social Démocrate est le favori à sa propre succession. Le sondage le plus récent lui accorde 63 % d’intentions de vote. Un score confortable même s’il traduit un recul de cinq points par rapport au sondage précédent.
Le véritable intérêt politique de l’élection se trouve dans la présence d’un candidat populiste de l’ultra-droite, André Ventura, du parti Chega! (Assez!). C’est la première fois qu’un candidat anti-système se présente à une élection de cette importance. André Ventura, dont les ressorts politiques fonctionnent comme ceux des autres partis populistes de droite en Europe, exploite la volonté de changement de certaines catégories sociales, fustige les «privilégiés» de la société, dénonce la corruption et traite de parasites les Tsiganes, éternels discriminés.
André Ventura, qui se défend d’être d’extrême droite, a reçu le soutien personnel de Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National, cheffe de l’extrême droite française. Ventura vise la seconde place du scrutin. Il est crédité de 10 % des voix, derrière la candidate socialiste indépendante Ana Gomes, créditée de 14 % des voix. Malgré la covid le scrutin est maintenu et on s’attend à une forte abstention.