Luxemburger Wort

Echec et mat pour Theo Francken

L’enfant terrible de la N-VA nationalis­te flamande loupe son envol vers les hautes sphères du parti

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Theo Francken a longtemps été considéré comme le dauphin de Bart De Wever. Après avoir réussi l’exploit d’avoir fait de la petite N-VA le premier parti du pays au début de la décennie passée, il était courant d’entendre dire que l’Anversois finirait par faire un pas de côté. Théo Francken serait alors en bonne place pour lui succéder.

C’est pourtant deux personnali­tés moins exposées qui viennent d’être élues à la vice-présidence du parti: Valérie Van Peel et Lorin Parys. Theo Francken, lui, a échoué. Sèchement, puisqu’il n’a pas fallu un second tour pour départager les candidats et nommer les bras droits de l’inamovible Bart De Wever.

Theo Francken n’a pas souhaité commenter sa défaite. Pour le bouillant Jean-Marie Dedecker, «c’est presque devenu un châtiment public. La popularité génère beaucoup de jalousie.» Le député flamand qualifie de «révolution de palais» l’échec de son camarade de travées parlementa­ires.

«Révolution de palais» car ce sont uniquement les membres du conseil du parti qui ont voté. Non les militants. Or, Theo Francken a démontré par le passé qu’il pouvait être un redoutable faiseur de voix.

La N-VA divisée en deux camps

La chute de l’ex-secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Theo Francken serait à attribuer aux liens qu’il a entretenus par le passé avec un certain Melikan Kucam. Ce dernier vient d’être condamné à huit ans de prison pour avoir vendu des visas à des ressortiss­ants syriens qui voulaient entrer en Belgique. Melikan Kucam a abusé de ses entrées au cabinet Francken pour se livrer à un trafic délictueux. Le tribunal a déclaré en revanche qu’il ne voulait pas s’exprimer sur le rôle précis de Theo Francken dans cette affaire, aucune enquête ne le visant. La justice estime toutefois qu’il n’était pas au courant.

Cette parenthèse fermée, il est clair que sur un plan purement politique l’état-major de la N-VA vient de tourner le dos à la ligne dure que représente Theo Francken. Une ligne conservatr­ice et identitair­e qui trouve un moteur puissant dans la lutte contre l’immigratio­n clandestin­e. Theo Francken avait ainsi livré bataille, lorsqu’il était secrétaire d’Etat, contre l'octroi de visas humanitair­es à des Syriens. On comprend mieux pourquoi, avec une telle toile de fond, l’affaire Kucam soit devenue gênante pour le nationalis­te flamand. Le revers de Theo Francken est aussi synonyme de changement de cap pour le parti de Bart De Wever. Ces dernières années, la N-VA s’est divisée entre les partisans d’une alliance avec le Vlaams Belang (extrême droite) et ceux qui la rejettent, préférant voir en elle un parti de pouvoir, capable d’aller gagner sur le terrain gouverneme­ntal l’autonomie supplément­aire que réclame la Flandre. Récemment, Bart De Wever a mis les choses au point en rejetant toute possibilit­é d’alliance avec l’extrême droite. Pour combler son retard dans les urnes avec le Vlaams Belang, la N-VA entend se faire plus sociale. Ce sont précisémen­t les thèmes sociaux qui ont valu au Belang de lui ravir la place de premier parti du pays aux législativ­es de mai 2019. Ce sont aussi eux que les adversaire­s de Theo Francken dans la course à la vice-présidence du parti ont mis en avant.

Theo Francken n’est pas fini pour autant: «Beaucoup l’imaginent déjà à la tête du futur congrès doctrinal de 2023, celui qui se chargera de concevoir la ligne idéologiqu­e du parti pour les élections 2024, celui qui dessinera aussi les contours de la Belgique de demain défendus par les nationalis­tes flamands lors d’une future réforme de l’Etat», résume la chaîne publique RTBF.

Récemment, Bart De Wever a mis les choses au point en rejetant toute possibilit­é d’alliance avec l’extrême droite.

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Photo: Archives LW Theo Francken.

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