Luxemburger Wort

Longue vie aux épaves de la mer du Nord

Belgique: Une loi protégera mieux à l’avenir les centaines de navires et d’embarcatio­ns qui gisent sur les fonds marins

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Au printemps 2017, l’archéologu­e belge Tomas Termote avait découvert un sous-marin allemand au large d’Ostende. Quelques mois plus tard, il l’avait identifié comme étant l’UB29. De type UB-II, l‘U-Boot faisait 36 mètres de long et quatre mètres de large. Des indication­s figurant sur l’un des tubes lance-torpilles avaient permis d’en savoir plus sur ce navire qui, selon certaines sources, auraient coulé 36 bâtiments ennemis pendant la Première Guerre mondiale avant d’être envoyé lui-même par le fond.

A l’époque, les recherches avaient montré qu’il y avait 22 membres d’équipage à bord. Des jeunes gens qui appartenai­ent à l’un des corps d’élite les plus prestigieu­x de la marine allemande et dont les familles avaient ainsi retrouvé la trace un siècle après leur mort. Le gouverneur de Flandre occidental­e Carl Decaluwé avait émis l’intention de protéger le site, afin de le mettre à l’abri des pilleurs d’épaves.

Sauvegarde­r le patrimoine

La mer du Nord est un véritable cimetière de navires, la navigation y étant intense depuis l’Antiquité. Selon le site gardecotie­re.be, 240 épaves ont été officielle­ment localisées sur une carte dans la partie belge par le départemen­t de l’agence Maritieme Dienstverl­ening en Kust. En réalité, il y en aurait plusieurs milliers. Leur intérêt historique est évident, encore faut-il arriver à les distinguer dans l’eau grise de la mer du Nord, dont les fonds sont en perpétuel mouvement en raison des courants capricieux. Les deux tiers de ces épaves datent de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Certaines d’entre elles constituen­t des tombes sous-marines.

La question est de savoir comment sauvegarde­r ce patrimoine, tant au nom de ses qualités archéologi­ques que de son poids mémoriel. Réponse: une nouvelle loi garantit à présent que les épaves de bateaux naufragés dans la partie belge de la mer du Nord seront mieux protégées et valorisées comme patrimoine culturel. Le ministre en charge du dossier, le libéral flamand Vincent Van Quickenbor­ne, est à la barre. «Tout ce qui se trouve sous l’eau depuis cent ans et qui présente un caractère culturel, historique ou archéologi­que, sera désormais automatiqu­ement considéré comme patrimoine.»

Un centre névralgiqu­e à Bruges

Le ministre ne devra donc plus accorder de reconnaiss­ance spécifique, précise l’agence Belga. Quant aux épaves plus récentes, elles pourront toujours être admises au statut de patrimoine culturel subaquatiq­ue, moyennant cette fois une reconnaiss­ance ministérie­lle.

D’autres découverte­s seront inévitable­ment faites dans le futur. Durant le premier conflit mondial, le centre névralgiqu­e des sous-marins allemands était situé à Bruges. A douze kilomètres à l’intérieur des terres, accédant à la mer du Nord par un chenal, ils étaient à

La mer du Nord est un véritable cimetière de navires, la navigation y étant intense depuis l’Antiquité.

l’abri des tirs des bateaux britanniqu­es. Tout le nord de la ville était dédié aux sous-marins. En mai 1918, 8.000 Allemands y travaillai­ent, à les réparer et à les armer.

L’U-Boot découvert en 2017 par Tomas Termote aurait coulé à Ostende après avoir heurté une mine ou avoir été touché par une bombe larguée d’un avion ennemi, comme le laissent supposer les dommages faits aux lance-torpilles du sousmarin. Il aurait sombré rapidement à juger des débris restés à un mètre de l’épave.

Pour les amateurs d’archéologi­e subaquatiq­ue, le site de l’Hydrograph­ie flamande (www.vlaamsehyd­rografie.be) contient une base de données relative aux épaves. Quant à l’Institut flamand du patrimoine immobilier (VIOE) (www.maritieme-archeologi­e.be) il met en accès des informatio­ns sur le patrimoine maritime.

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Photo: AFP Les deux tiers des épaves dans la mer du Nord datent de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Certaines d’entre elles constituen­t des tombes sous-marines.

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