Luxemburger Wort

Le roman d’un envol après la chute

Sébastien Lapaque publie «Ce monde est tellement beau»

- Par Jean-Rémi Barland

«C’est à la fois une chronique d’un monde qui vend son âme au ricanement et l’histoire d’un homme qui trouve peu à peu la forme de sa propre résistance à cette dégringola­de spirituell­e», nous diton, en guise de présentati­on de «Ce monde est tellement beau» mettant en scène un professeur de collège désillusio­nné, en route vers la mer. Signé Sébastien Lapaque, critique littéraire posant sur le monde un regard acéré et amical, ce roman fort, ample, sombre et lumineux à la fois touche le lecteur pour sa manière de raconter une élévation après la chute.

Lazare, dont la femme Béatrice s’est absentée pour cause de visite à ses parents rochelais, est une sorte d’apôtre Paul sans l’évangile qui tombé de cheval se redresse après avoir été éclairé de l’intérieur. Loin d’être un illuminé, c’est un être lucide mais rêveur, dont le salut passera par des promenades en forêt, l’observatio­n de moineaux en ville, sans oublier des visites à son jeune voisine où l’écoute de Bach ou la lecture des Shakespear­e.

Construit sur trois parties intitulées «L’immonde», «La promesse», «La joie», ce récit d’un éveil annoncé raconte au final un envol avec réflexion sur l’éthique d’un moi et d’un rapport à la nature

Sébastien Lapaque: «Ce monde est tellement beau»,

Actes Sud,

325 pages,

21,80 euros justes et partageabl­es. «C’était l’hiver maintenant, à nouveau l’hiver, comme au début de cette histoire» peut-on dans le chapitre «Le commenceme­nt d’un autre commenceme­nt» où, en plein Paris, le narrateur s’émeut de voir «sur le pont de Bir-Hakeim, des Chinois, coiffés d’un chapeau rouge de père Noël, photograph­iaient la tour Eiffel tandis que des goélands jouaient avec le vent.»

Une belle prose panthéiste qui a pour effet de proposer une relation apaisée de l’homme avec ses semblables venus d’horizons différente­s, et les éléments du monde qui l’entourent. S’approprier le réel pour en faire une oeuvre d’art, et comme il est suggéré en quatrième de couverture «une épiphanie tendre et lumineuse». Superbe et poignant avec de beaux portraits de femmes libres.

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