Luxemburger Wort

La Belgique veut «passer un été plus léger»

De nouvelles mesures de fermeture et de limitation de rassemblem­ents sont mises en place pour quatre semaines

- Par Max Helleff (Bruxelles) Caricature: Florin Balaban

L’heure était à la gravité mercredi en début d’après-midi, au terme du Comité de concertati­on qui venait une fois encore de réunir les responsabl­es politiques fédéraux, communauta­ires et régionaux autour de la crise sanitaire. En dépit des efforts fournis, les chiffres sont sans appel: la Belgique se dirige vers une troisième vague pandémique, si elle n’y est pas déjà, les experts hésitant sur la sémantique.

Le Premier ministre Alexander De Croo a d’emblée évoqué la montée en flèche des infections tout en appelant les Belges à continuer à adhérer aux règles sanitaires «pour passer un été plus léger, et c’est à portée de main». «Nous sommes conscients que ces nouvelles mesures constituen­t une déception. Mais les conséquenc­es seraient désastreus­es si on ne prend pas de mesures. Cela menacerait notre système hospitalie­r et sa capacité à soigner d'autres maladies.»

Le libéral flamand ajoute que «le variant britanniqu­e est devenu dominant dans notre pays. On pourrait dire que l’on est entré dans une nouvelle phase. Ce n’est pas une augmentati­on exponentie­lle, mais ça ne veut pas dire qu’elle n’est pas inquiétant­e car même une augmentati­on linéaire devient intenable».

637 personnes en soins intensifs Pour le ministre-président wallon, le socialiste Elio Di Rupo, «la semaine pourrait devenir catastroph­ique pour des personnes qui sont simplement malades. Les mesures ne sont pas prises de gaieté de coeur, mais pour sortir le plus rapidement possible de la situation actuelle».

Ces mesures, les Belges les connaissen­t bien pour les avoir déjà expériment­ées durant l'année écoulée, même s’il y a des variantes. Ce sont les magasins non essentiels qui devront se limiter à des activités de livraison et à des rendez-vous avec la clientèle, avec un maximum de 50 personnes en même temps, dans des créneaux horaires définis. C’est la limitation à quatre personnes (contre dix actuelleme­nt) pour les rassemblem­ents en extérieur. Ce sont le renforceme­nt des contrôles visant à sanctionne­r le non-respect du télétravai­l par les entreprise­s et la (re)fermeture des métiers de contact (coiffeur, tatoueur, etc.).

Enfin, les cours de tous les niveaux d’enseigneme­nt sont suspendus à partir de lundi, sauf pour la maternelle. Des examens peuvent avoir lieu durant la semaine précédant les vacances de Pâques.

Des chiffres alarmants, on l'a dit, sont à la base de ces décisions. Les contaminat­ions connaissen­t une forte hausse qui ramène la Belgique à un niveau égal à celui d’octobre dernier, au début de la seconde vague pandémique. 637 personnes sont actuelleme­nt en soins intensifs, soit le double d’il y a cinq semaines. Elles pourraient être un millier à la fin du mois, si la tendance ne s’inverse pas.

Mardi, le cabinet de la Santé publique avait estimé «inquiétant» le taux d’occupation des services de soins intensifs. «Dans quelques jours, nous manquerons de places pour les soins aigus covid ou non covid à moins d’ouvrir des lits supplément­aires, tout en freinant les soins réguliers afin de réattribue­r les ressources humaines nécessaire­s», prévenait-il.

Au cours des dix derniers jours, le ministre de la Santé Frank Vandenbrou­cke a ferraillé pour revenir vers des mesures de confinemen­t plus dures. Vendredi dernier, lors d’un précédent comité de concertati­on, il avait toutefois échoué, notamment en raison du refus des ministres communauta­ires de l’Education de fermer l’école avec une semaine d’avance sur les vacances de Pâques. Ceuxci avaient formulé en échange une série de mesures minimalist­es censées stopper le virus désormais très présent chez les moins de 20 ans.

Les secteurs touchés furieux

Mais Frank Vandenbrou­cke n’en a pas démordu. Pour le socialiste flamand, pour se donner une chance de rouvrir les écoles en présentiel après les vacances de Pâques, un gros effort devait être produit immédiatem­ent. Ce n’est qu’à ce prix, a-t-il dit, que pourrait être mis en oeuvre le calendrier de déconfinem­ent initialeme­nt prévu à partir du 1er mai (réouvertur­e de l’horeca, du secteur culturel…).

Mardi soir cependant, un conseil des ministres restreint a prôné un lockdown plus mesuré, non une nouvelle fermeture totale. Cette option a prévalu.

Inutile d'ajouter que les secteurs touchés par ce reconfinem­ent sont furieux. Et que l’adhésion de la population que réclame le Premier ministre De Croo ne tient plus qu’à un cheveu.

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