Comment s’engager dans l’économie circulaire?
Aider les entreprises à s’engager dans des projets d’innovation autour de l’économie circulaire, tel est le rôle de Luxinnovation, véritable point d’accès pour l'expertise, les réseaux et les mécanismes de financement proposés par le ministère de l’Économie.
Sasha Baillie
CEO de Luxinnovation «Luxinnovation est là pour informer, inciter et accompagner les entreprises dans leurs démarches, au travers différents programmes et instruments. Cela concerne par exemple les aides du plan de relance Neistart, qui prévoit un bonus de 20% pour des développements circulaires, ou bien le programme de performance Fit 4 Circularity que nous gérons.
Nous avons également, avec notre cluster Creative Industries, initié le programme Circular by Design Challenge, pour permettre le développement de nouvelles solutions de design et des modèles d’entreprise innovants qui sont en accord avec les principes de l’économie circulaire. Dix start-up sont actuellement en train de terminer un programme de douze semaines d’accompagnement et de coaching intensifs.
Nous prévoyons de mettre en place une campagne de sensibilisation autour de ce qu’il est possible de faire en matière de business model innovation afin d’encourager les entreprises à explorer la possibilité d’aller vers des modèles d’affaires plus innovants et durables. Par ailleurs, les entreprises peuvent bénéficier du programme Fit 4 Resilience, géré par Luxinnovation, avec le soutien du ministère de l’Économie. Il s’agit d’aider les entreprises à gérer la sortie de la crise, mais surtout d’envisager une stratégie de développement à plus long terme en menant une réflexion structurée et approfondie sur les choix stratégiques à effectuer pour l’avenir afin de les rendre plus résilientes. Cela passe notamment par l’intégration d’une approche davantage digitale, circulaire et régionale.»
Barbara Grau
Senior Advisor – Corporate R&D & Innovation Support «Réduire, réutiliser et recycler: ce sont les trois piliers d'un nouveau modèle de consommation basé sur la réutilisation de ce que nous achetons et sur une économie durable. Nos grands-parents, déjà, veillaient à ce que les ordures ne finissent pas dans la nature, ils réutilisaient tout ce qu'ils pouvaient et tiraient le maximum de chaque produit, réduisant ainsi les consommations inutiles.
Ces habitudes adaptées au XXIe siècle et combinées avec l’effet de levier qui offre la digitalisation sont la base de ce nouveau modèle. Les entreprises essayent aussi de s’engager dans cette voie de «consommation responsable» et le changement de modèle économique (Business Model) des entreprises vers l’économie circulaire est inévitable. Initialement, un tel modèle économique permet à l’entreprise de savoir comment créer à la fois de la richesse pour elle-même et de la valeur pour ses clients. Sa motivation pour évoluer vers un modèle circulaire est double: d’une part répondre au besoin d’innover de façon conséquente afin de s’adapter à cette nouvelle tendance de consommation responsable et, d’autre part, contribuer à l'objectif de l‘UE d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2050.
Vu l’importance de la thématique, Luxinnovation travaille sur le volet «Business Model Innovation» (BMI) à plusieurs niveaux: sensibiliser les entreprises à la nécessité du BMI en général et, plus particulièrement, les modèles circulaires; faciliter formations et coachings afin d’augmenter les compétences de leurs employés en BMI et, enfin, les accompagner sur le volet d’aides d’État susceptibles de couvrir ce type de projets d’économie circulaire.»
Philippe Genot
Cluster Manager Wood
«Le bois est une ressource régionale très importante. Chaque année, environ 500.000 m³ sont prélevés dans nos forêts, qui produisent 750.000 m³ au total. Au Luxembourg, la forêt est gérée de façon durable pour éviter toute surexploitation. Une fois coupé, ce bois arrive dans une chaîne de valeur, une filière qui va le transformer à plusieurs reprises pour arriver au produit fini. La première filière est la plus qualitative avec la construction
bois, l’ébénisterie, la menuiserie. La deuxième est la filière industrielle, que ce soit pour fabriquer des panneaux OSB ou de la pâte à papier par exemple. Enfin, on trouve le bois énergie qui connaît une grande croissance.
Nous accompagnons les entreprises au jour le jour afin de développer cette chaîne de valeur de façon régionale et ceci dans le cadre des principes de l’économie circulaire. Le matériau bois est en effet très intéressant pour cela. Il peut notamment avoir plusieurs vies. Par exemple, il peut être utilisé comme poutre de charpente dans une construction. Après 30 ou 40 ans, cette charpente peut être transformée en parquet, qui peut ensuite être utilisé pour fabriquer des panneaux OSB et, finalement être brûlé. Plutôt que de prélever directement du bois pour le brûler, il peut ainsi créer plusieurs fois de la valeur.
En vue de faciliter les liens au sein de la filière et permettre la mise en relation entre l’offre et la demande, nous allons lancer en fin d’année une plateforme digitale, le e-Holzhaff. En outre, le moteur de la filière est clairement la construction. Selon notre analyse, dans les 10 prochaines années, 1 million de m2 seront construits selon les principes de l’économie circulaire. Notre rôle est de voir si, au niveau régional, nous pouvons répondre à la demande et accompagner le développement de nouvelles solutions pour renforcer les différentes chaînes de valeur au sein de la construction durable et circulaire.»
Charles-Albert Florentin Cluster Manager CleanTech «Au travers du programme Fit4Circularity, qui existe déjà depuis plusieurs années, nous avons élaboré en 2020 une nouvelle méthodologie destinée à initier des projets collaboratifs d’entreprises dans le domaine de la circularité. Nous avons travaillé à titre d’exemple sur une première chaîne de valeur, à savoir celle du secteur de la construction. Nous avons tout d’abord sélectionné différents flux et positionné un certain nombre d’ entreprises sur les différents maillons de la chaîne. Puis nous les avons contacté en leur, en leur proposant d’identifier d’éventuelles fuites de valeur dans leur activité.
Une fois une ou plusieurs problématiques identifiées, l’idée est de mettre autour de la table plusieurs entreprises et de travailler ensemble à définir des pistes de solutions technologiques et circulaires en vue de monter un projet de recherche et développement, cofinancé par le ministère de l’Economie. Plusieurs projets vont démarrer dans le secteur de la construction et et nous comptons étendre cette méthodologie à d’autres secteurs, dont l’eau et l’alimentation.
Les problématiques à résoudre dans l’industrie sont encore nombreuses et notre volonté est d’ apporter des solutions circulaires profitables, sur base d’un business model pérenne. L’entreprise doit y trouver un réel relais de croissance et pouvoir également répondre à des exigences règlementaires plus strictes. A plusieurs, on va plus loin. Les entreprises qui viennent nous voir peuvent construire leur projet avec nous. Nous pouvons les accompagner tout au long du processus de génération d’idées jusqu’à l’élaboration du business plan et à la réalisation concrète du projet, cofinancé en lien avec le ministère de l’Economie.»