La quête d’un père confronté à l’impensable
Olivier Adam explore avec «Tout peut s’oublier» les liens qui unissent les parents à leurs enfants
Comme tous les livres d’Olivier Adam, «Tout peut s’oublier» est un roman désespéré, mais certes pas désespérant. Cela en raison de l’écriture très onirique de l’auteur dont chaque scène proposée s’apparente à un tableau. Avec un soin apporté à la description de décors jouant un rôle prépondérant dans l’histoire, on est saisis par le mélange de réalisme et de vision fantasmée que les personnages ont de la réalité.
«L’hôtel qu’il avait réservé occupait une grande maison de bois aux bardeaux peints en vert pâle. La façade était percée de bow-windows et le toit couvert de tuile rouge. Ça avait un petit côté Walt Disney/carton pâte. Mais charmant malgré tout. A l’intérieur, tout était décoré dans un style cosy, très vieille Angleterre. A peine entré, on lui proposa du thé et des scones», peut-on lire page 128.
Fuir la réalité
L’environnement dans lequel évolue l’homme toujours plus grand que lui, on sent que ce dernier demeure happé et ne s’en sortira que s’il peut s’en extraire. C’est cela aussi le drame de la vie de Nathan. Comme le jour où, alors qu’il vient chercher Léo, son petit garçon chez son ex-femme, il découvre avec stupéfaction que celle-ci a quitté les lieux en les laissant entièrement vides. Il va très vite comprendre que Jun qu’il a tant aimée est rentrée dans son Japon natal, et très vite la panique s’empare de lui. Comment les retrouver? Et pourquoi cette fuite à laquelle il n’était pas préparé?
Bien sûr il n’était ni un mari idéal, ni un père très présent pour son gamin dont il ne s’occupait qu’une semaine sur deux. Un peu ours oui... mais attentif aux autres tout de même! Lui, qui gérant de cinéma en Bretagne, prompt à fuir la réalité pour se perdre dans la
Olivier Adam: «Tout peut s’oublier», Flammarion,
263 pages, 20 euros. fiction des films, prend par exemple Lise en affection, et tente d’offrir à cette femme, privée comme lui de son fils, une oreille attentive.
Un thriller psychologique
Là encore on verra comment un autre lieu en l’occurrence la salle de cinéma pèse de tout son poids dans son quotidien. Mais son vrai combat est ailleurs... De France jusqu’au Japon, un Japon ici incroyablement cruel, nous assistons tout au long de ce roman dramatique à la quête effrénée d’un homme désemparé mais jamais résigné. Et Olivier Adam d’explorer en filigrane dans ce thriller psychologique nourri de ténèbres les liens qui unissent les parents à leurs enfants.