Le covid accentue les divisions belges
Assouplissements différents selon les régions, mise au ban des non vaccinés: la crise sanitaire fracture un peu plus le pays
La Belgique vient de révéler un peu plus ses divisions à la faveur de son dernier train de mesures sanitaires. Ainsi, si vous vous rendez en Flandre à partir du 1er octobre, sachez que vous ne devrez plus porter le masque dans l’horeca et les commerces. Cette protection restera au contraire obligatoire à Bruxelles, l’accès aux restaurants et aux cafés y étant de surcroît conditionné à la présentation d’un covid safe ticket (pass sanitaire). Quant à la Wallonie, elle se tâte …
Ce régime sanitaire à multiples vitesses est le résultat de la pression mise par la Flandre sur le niveau fédéral et les autres régions. Ces dernières semaines, la droite flamande a insisté pour que la population du nord du pays soit libérée d’une partie des mesures anticovid au motif qu’elle s’est montrée exemplaire en termes de vaccination. Plus de 90 % des Flamands de plus de 18 ans sont en effet vaccinés. Il est logique dans ce cas qu’ils retrouvent une vie presque normale, ont fait valoir plusieurs responsables politiques.
Cette demande pressante a été entendue par le Comité de concertation, l'organe qui réunit les différents niveaux de pouvoir du pays. Vendredi, il a décidé d’abroger le port obligatoire du masque «en tant que règle générale» tout en laissant aux Régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles) le soin d’adopter ou non la nouvelle mesure.»
Le chemin de croix de la vaccination
Le masque restera ainsi obligatoire à Bruxelles, mais aussi dans la ville et la province de Liège où la pandémie connaît un important rebond. Les hospitalisations y ont grimpé de 15 % en une semaine. Résultat: le port du masque reste la règle dans les magasins et les restaurants liégeois. Les événements intérieurs conservent une jauge maximale fixée à seulement 200 personnes. Selon certaines sources, ces mesures permettraient d'attendre l’instauration d’un pass sanitaire à l’échelle de la Wallonie. Mais pour l’heure, celui-ci n’a pas de base juridique et pose déjà la question de la manière dont les contrôles seront effectués.
Comme Bruxelles, Liège paie le prix fort d’une campagne de vaccination poussive. Seulement 66 % de la population totale est complètement vaccinée au niveau provincial. Verviers – qui connaît d’importants problèmes de précarité – plafonne à 56 %. Certaines communes comme Waimes et Malmedy sont particulièrement touchées par la pandémie. Ce qui vaut à Liège pourrait s’étendre demain à toute la Wallonie. Aucune décision ferme n’a été prise pour l’instant, mais le ministre-président wallon, le socialiste Elio Di Rupo, appelle à la prudence en attendant que la question soit examinée par son gouvernement. Il plaide également pour la vaccination.
En cela, le socialiste rejoint le Premier ministre Alexander De Croo qui a tenu vendredi des propos très durs. «Cette pandémie, a martelé le chef du gouvernement, devient une épidémie des non vaccinés (…) Ce sont ceux qui ne se sont pas fait vacciner qui sont responsables. Personne n'a le droit de mettre les autres en danger. Personne ne pourrait infliger cela à un autre», alors que les vaccins contre le coronavirus sont «sûrs, gratuits et disponibles partout».
Une telle déclaration s’accorde mal avec la tempérance dont a fait preuve depuis un an Alexander De Croo dans la gestion du covid. Mais elle traduit ce qui attend probablement la Belgique dans les mois à venir: le retour à la vie normale y sera conditionné en tout ou en partie à la vaccination. Le sésame sanitaire – le covid safe ticket – devrait s’imposer en de nombreux secteurs dans le sud du pays au cours des prochains mois. Les non vaccinés sont prévenus …
Une «Belgique du covid éclatée façon puzzle»
Dans son éditorial, «Le Soir» évoque une «Belgique du covid éclatée façon puzzle». «En conséquence, l’énergie politique ne sera plus concentrée sur la mise en application d’une stratégie d’ensemble, mais sur la « chasse » à la nonvaccination, désignée vendredi par le Premier ministre comme l’ennemi public numéro un. Alexander De Croo a frappé fort, mais les mots n’ont jusqu’à présent pas poussé les «récalcitrants vers les vaccins», constate le quotidien.