Les devoirs du «patron des patrons»
Michel Reckinger entend recentrer le débat sur la reprise plutôt que d'évoquer la crise encore et encore
Sept ans de présidence de la Fédération des artisans lui ont tanné le cuir. Et c'est endurci de cette expérience que Michel Reckinger a pris la présidence de l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) en janvier dernier. Une succession à Nicolas Buck au milieu de la crise que ne regrette pas le quinquagénaire. «Qu'on se le dise: je n'ai pas pris la fonction pour partir au bout d'un mandat», prévient-il. Voilà donc ses partenaires de dialogue social prévenus.
Premier dossier à régler en cette rentrée toujours sous le signe du covid: la vaccination en entreprise. «On n'attend que cela!», lance le représentant du patronat. Et s'il a laissé la nouvelle loi covid jouer le statu quo sur les règles s'imposant au travail pour les premières semaines de rentrée, «à partir du 15 octobre, il faudra qu'il y ait des changements». Conscient que la question n'est pas simple à résoudre si l'on tient compte des arguments sanitaires, de la protection des données et de la liberté de chacun, le «patron des patrons» tranche: «La responsabilité d'un chef d'entreprise, c'est de prendre soin de la santé de ses personnels. Donc leur proposer la vaccination – je n'ai pas dit obligation - va bien dans ce sens.»
Et si maintenant il ne faut plus tarder à mettre en place cette mesure, en discussion depuis plusieurs semaines avec le ministère de la Santé, c'est que la situation devient ubuesque: «On se retrouve avec des bureaux qui se remplissent de gens vaccinés à qui l'on exige le port du masque pendant huit heures par jour, de se tenir à deux mètres les uns des autres alors qu'ils ont pris soin de se faire vacciner. Au final, la minorité qui repousse la vaccination impose plus de contraintes à la majorité des gens.» Alors Covidcheck ou autre chose à la porte des ateliers, sur les chantiers ou en bureaux, l'UEL veut que la situation soit également vite clarifiée.
«Une tripartite, pour quoi faire?»
Contrairement à l'OGBL, LCGB ou la CGFP qui martèlent qu'il est temps d'organiser à nouveau une tripartite, l'UEL n'en trouve plus l'utilité maintenant. «La question n'est pas quand doit se tenir cette rencontre, mais pourquoi on la tiendrait là?», questionne Michel Reckinger. «Si c'est pour entendre les syndicats demander ce que le gouvernement ne voudra pas leur offrir, et nous de freiner avec, ça ne fera pas avancer le débat.»
Pour le président de l'Union des entreprises, le dialogue social est d'ailleurs loin d'être rompu. Au contraire, il se félicite de ce que peuvent dire les partenaires aussi bien à la table du Conseil économique et social, du comité de conjoncture ou dans les instances de la Sécurité sociale. «C'est sans tripartite que l'on a réussi à trouver de belles avancées sur le droit à la déconnexion ou le télétravail. Il faut continuer ainsi», plaide-t-il. D'ailleurs, après dix-huit mois de crise covid, le président de l'UEL tire une leçon positive des échanges entre partenaires: «Si notre emploi a mieux résisté, si notre économie a moins chuté que chez certains de nos voisins, si les écoles sont restées plus longtemps ouvertes qu'ailleurs, c'est justement parce que tous ensemble, patronat, syndicats et gouvernement nous avons compris que l'ennemi à combattre était au-dehors et pas entre nous. Voilà l'état d'esprit qui doit perdurer.»
«Fiscalement, il faut bouger»
Que le ministre des Finances ait annoncé que la coalition renonçait à mener à bien sa grande réforme fiscale ne constitue pas en soi une bonne nouvelle pour l'UEL. Certes, voilà qui permettra d'éviter l'éventuel «impôt corona» qu'a pu défendre le vice-Premier ministre Dan Kersch (LSAP). «Pierre Gramegna dit qu'il n'y a plus de marges pour faire des cadeaux fiscaux, et nous le croyons volontiers. Sauf qu'en dehors du pays, les autres Etats ajustent leur fiscalité pour sortir de la crise. L'Allemagne, la France, l'Angleterre ou l'Irlande ne nous attendent pas, donc le risque est de perdre le caractère concurrentiel de notre économie si rien ne bouge.»
Et Michel Reckinger de clarifier: «Il faut 19 milliards de recettes au budget de l'Etat, réfléchissons sur le meilleur moyen de trouver cette somme. Quel impôt il faut maintenir, quel autre alléger pour s'assurer une relance forte qui rapportera aux caisses de l'Etat.» Et cela sans faire une croix sur le nécessaire débat sur la redistribution de l'argent public. Si le gouvernement investit, cela doit servir de levier à l'économie nationale. «Il serait donc intéressant de réviser l'accompagnement des entreprises dans la transition digitale, écologique ou dans la formation ou en matière de logement. Que cela soit plus incitatif pour les sociétés privées de suivre ces voies.»
«L'Etat fait perdre des salariés au privé»
Cet Etat (providentiel) dont il juge qu'«il a globalement bien géré la crise», Michel Reckinger et l'UEL ont quelques reproches à lui faire. Un vieux cheval de bataille: l'administration d'Etat ou communale prend trop d'importance en termes de fonctionnaires recrutés et constitue même un aspirateur de profils trop puissant. «Rien que l'an dernier, les administrations ont embauché 2.000 personnes! En termes d'effectif, c'est autant que de postes occupés à la BIL... Sur quatre ans, la masse de fonctionnaires a grossi de 20 %, 60 % depuis 2003, c'est considérable».
Considérable car il faut assurer traitements (et pensions demain) de ces agents, mais aussi considérable car ce sont autant de recrues potentielles que le privé n'a pu retenir ou faire entrer dans les sociétés. Pour un peu, au vu de certaines rémunérations, Michel Reckinger parlerait presque d'une concurrence déloyale... «Je pense que ce pays pourrait faire plus avec moins d'administration, c'est clair.» Et le patron des patrons de regretter d'autant plus la situation qu'elle nuit encore un peu plus à une volonté de se lancer dans l'entrepreneuriat déjà bien timide au Luxembourg. «Pourtant c'est de cet esprit de construire par soimême, de cette indépendance que naît le dynamisme d'un pays.»
«Un entrepreneur n'aime pas être aidé»
Des aides, il en a plu comme jamais sur les entreprises depuis dixhuit mois. «Et merci pour cela.» Rien que la couverture étendue du chômage partiel pour maintenir en situation d'emploi des milliers de salariés – et donc préserver des sociétés de la fermeture - aura coûté 1,1 milliard d'euros à l'Etat. Sans oublier les quelque 170 millions d'euros d'avances (remboursables), la prise en charge des coûts non couverts (82 millions), les 73 millions du fonds de relance ou les 33 millions d'indemnités d'urgence versés aux indépendants... Et maintenant?
«Je suis d'accord qu'il faille couper certains robinets, mais tout en gardant un oeil sur les secteurs les plus en difficulté.» Pour Reckinger, un suivi «mois par mois» doit encore être maintenu. Car si «octobre sera décisif en raison de l'arrêt de l'aide aux coûts non couverts (dans la restauration ou l'événementiel), il est d'autres secteurs qui voient arriver des nuages noirs».
A l'UEL, on craint par exemple pour les entreprises du bâtiment encore impactées par un manque préoccupant de matières premières pour mener à bien les chantiers. Dans les mois à venir, l'industrie va aussi souffrir du fait de l'augmentation des coûts de l'énergie. Et l'Horesca ne s'en sortira pas si un télétravail trop conséquent prive toujours les tables des restaurants de leur clientèle de cols bleus et cols blancs.
«C'est pourquoi je demande au gouvernement de continuer à nous écouter, insiste Michel Reckinger. Avec les chambres et les fédérations, nous ressentons le pouls du pays, de l'économie et ensemble on peut voir comment garder toutes nos activités en bonne santé.»
aber das muss nicht bedeuten, dass Hunderte oder Tausende Stellen verloren gehen. Die Anforderungen an die Qualifikationen der Mitarbeiter werden sich aber verändern. Für den Standort Luxemburg bedeutet das, dass man attraktiv bleiben muss für Fachleute in diesen Technologiebereichen.
Wird die Digitalisierung auch die Produkte verändern, die in der Branche gehandelt werden?
Ja, die Fonds werden zunehmend in digitalisierte Vermögenswerte investieren. Im Moment konzentriert sich die Diskussion auf Kryptowährungen wie Bitcoin, aber ich glaube, dass in Zukunft jede Vermögensklasse digitalisiert werden kann, zum Beispiel Anleihen. Auf den Handel mit solchen
Die Krise hat die Digitalisierung um fünf Jahre beschleunigt.