3.800 fois non à l'obligation vaccinale
Une manifestation du personnel soignant a bloqué le centre de Bruxelles au nom du libre choix
Une manifestation contre l’obligation vaccinale faite au personnel soignant a rassemblé quelque 3.800 personnes hier dans les rues de Bruxelles. Logopèdes, infirmiers et autres médecins ont exigé tour à tour «un plan contre la pénurie d’infirmiers» et «du bon sens» face aux contraintes qu’entend leur imposer le gouvernement De Croo. «Mon corps, c’est mon choix» clamait un calicot, récupérant ainsi un slogan féministe pour l’opposer à la vaccination obligatoire.
En Belgique, 90 % du personnel soignant est vacciné. Soit 97 % en Flandre et 85 % du côté francophone.
Les nerfs sont à vif
Après avoir longtemps hésité, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a dévoilé à la fin novembre le projet de loi qui imposera au personnel soignant d’être vacciné dès le 1er janvier. Le 1er avril, les récalcitrants devront quitter le secteur, mais sans perdre leur agrément. Ils auront toujours ainsi la possibilité de faire marche arrière.
Cette porte de secours laissée ouverte sous la pression du Parti socialiste en dépit d’un premier accord avec ses partenaires de coalition gouvernementale n’a pas calmé les principaux intéressés ni les syndicats. Sur le terrain, les nerfs sont à vif. Un reportage paru dans «Le Soir» décrit les relations devenues conflictuelles entre responsables hospitaliers et soignants non-vaccinés. «En se vaccinant», maugrée un médecin dans un hôpital de Charleroi, «ils contribueraient à ne pas permettre au virus de se propager. Si on les empêche d’exercer, ça nous imposera de fermer 10 % de nos lits.»
Cet argument est récupéré par les syndicats qui pointent une mesure susceptible d'aboutir à mettre sur la touche des centaines de soignants alors que les hôpitaux manquent de personnel. Un «nonsens», affirment-ils. Le covid et l’absentéisme ont décimé les rangs des soignants, de moins en moins nombreux à faire face à cette quatrième vague pandémique. Des unités ont fermé.
Des opérations non liées à l’épidémie sont remises sine die faute de personnel pour assister les malades. Mardi, des soignants ont été «réquisitionnés» sur ordre de police.
«Nous pensons que la plus-value d’une obligation vaccinale est moins importante que le risque qu’on fait courir aux services hospitaliers par le fait qu’il y ait eu stigmatisation de ce type de travailleurs et qu’il y ait un risque de fuite encore plus important de ce personnel de santé vers d’autres professions», résume à la Centrale nationale des employés le secrétaire général Yves Hellendorff.
Un manque de personnel soignant Les syndicats refusent toutefois d’être assimilés aux antivax. Ils soutiennent la vaccination, mais mettent le rebond pandémique sur le compte de l’agressivité du variant Delta et sur le manque de mesures de précaution. Parallèlement, ils dénoncent une discrimination sur le terrain à l’endroit des soignants non-vaccinés. Ils demandent aux autorités de produire des chiffres qui permettraient d’objectiver les risques de contamination que les récalcitrants feraient courir aux malades.
En Belgique, le manque de personnel soignant est un problème déjà ancien, que les hôpitaux tentent classiquement de résoudre en débauchant à l’étranger, notamment en Roumanie. Mal payés pour un travail difficile imposant des horaires à rallonge, les soignants quittent le métier parfois après quelques années seulement. En juin 2020, un Fonds Blouse blanche a prévu de consacrer 354 millions d’euros à l’amélioration de l’emploi dans le secteur des soins et 48 millions d’euros au renforcement des soins à domicile indépendants. Mais les effets tardent à se faire sentir.
En Belgique, 90 % du personnel soignant est vacciné.