Luxemburger Wort

La pression monte pour le personnel soignant belge

L’obligation vaccinale reste à confirmer, mais contribue à accroître le malaise du secteur alors qu’un rebond pandémique est attendu

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Dès ce 1er janvier, le personnel soignant belge aurait dû obligatoir­ement se faire vacciner. Toutefois, l’avant-projet de loi concocté par le ministre de la Santé Frank Vandenbrou­cke doit encore être soumis à la Chambre en ce début d’année pour consultati­on et avis du Conseil d’État.

Une fois la loi votée, les récalcitra­nts auront jusqu’au 1er avril pour se mettre en ordre. Ou perdre leur emploi. S’ils refusent, ils devront trouver un autre job, mais pourront toujours revenir vers leur métier initial pourvu qu’ils acceptent le vaccin. Cette dispositio­n avait finalement été concédée par le gouverneme­nt De Croo, sous la pression des syndicats et du Parti socialiste francophon­e de Paul Magnette.

Cet assoupliss­ement n’apaise toutefois que très partiellem­ent les concernés. Ils jugent la mesure discrimina­toire et remettent en cause les qualités du vaccin. Dans ‘Le Soir’, une infirmière résume: «Je suis vaccinée à peu près contre tout. C’est le mot expériment­al qui ne m’inspire pas confiance. Et le fait qu’il ne s’agisse pas d’un vaccin classique mais d’un ARN messager. Je me suis dit que le taux de 70 % de vaccinés pour atteindre l’immunité serait atteint sans moi. Aujourd’hui, je suis à la fois déçue de voir que ce taux de 70 % ne suffit pas à éteindre l’épidémie, mais aussi un peu rassurée de voir que le vaccin fait effet sur la gravité de la maladie.»

Certains ont capitulé. Pour eux, la pression économique s’est parfois ajoutée à la pression morale. Un soignant explique qu’avec deux enfants, il ne peut renoncer à un salaire, même momentaném­ent. Mais la «sanction» passe mal et l’amertume est bien là. Les syndicats le disent dans toutes les langues. Ils ne désespèren­t pas de voir abandonnée l'obligation vaccinale.

Chaque poste compte

Combien seront-ils à accepter en définitive la vaccinatio­n? Il est trop tôt pour le dire. Si seuls 8 % des soignants refusent toujours le vaccin en Belgique, le manque de personnel dans les hôpitaux donne une importance évidente à chaque poste occupé. Ces dernières semaines, plusieurs établissem­ents hospitalie­rs ont fermé des unités à défaut de disposer d’infirmiers et d’infirmière­s en nombre suffisant. Certains ont rappelé leurs stagiaires pour rester opérationn­els durant les vacances de Noël. La pénurie de personnel constatée depuis de longues années s’est aggravée avec un absentéism­e croissant, souvent dû à la fatigue causée par le surcroît de travail imposé par la crise sanitaire, quand ce n’est pas en raison de la maladie elle-même.

La main-d’oeuvre soignante devient donc une denrée rare que l’on se dispute. La ‘Dernière heure’ évoque ces «nombreux directeurs d’unités de soins et d’hôpitaux qui se font extorquer leur personnel par… la filière Covid». Mieux rémunérés dans les centres de vaccinatio­n, beaucoup de soignants préfèrent troquer leur blouse blanche pour rejoindre temporaire­ment la filière «officielle» chargée de mener la campagne de vaccinatio­n auprès de la population.

Cette absence de personnel en hôpital fait craindre le pire au moment où la variant Omicron devient majoritair­e parmi les Belges. Beaucoup plus contaminan­t mais moins dangereux selon les premières études, il pourrait toutefois mettre de nouveau sous pression les unités hospitaliè­res dès le 15 janvier, estiment certains experts. Selon les statistiqu­es, les admissions quotidienn­es à l’hôpital pour cause de coronaviru­s connaissen­t en ce moment une augmentati­on de 20 % par rapport à la période de référence précédente. Le cap des 28.000 morts liées au virus vient d’être dépassé.

Le cap des 28.000 morts liées au virus vient d’être dépassé.

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