Le Fola réduit encore la voilure
Le club doyen se serre un peu plus la ceinture et réécrit ses ambitions en pointillé
Les temps sont durs pour les clubs de football dans la Métropole du Fer. L’US Esch descend en Division 1, la Jeunesse sort d’une saison banale et se tourne avec fébrilité vers l’avenir et le Fola est au régime.
Le club doyen a encore réduit la voilure pour cette saison. Le budget a été ponctionné de 400.000 euros et dépasse à peine le million. Il était de 2,6 millions d’Euros en 2016 avant que le fonds d’investissement américain propriétaire du LOSC ne coupe l’alimentation entre Lille et Esch-surAlzette.
Il a fallu se retrousser les manches au Gaalgebierg et se réinventer. Puiser dans ce travail de fourmi entrepris avec les jeunes à Lallange les raisons d’y croire. Et probablement que Sébastien Grandjean fut l’homme idoine pour assurer cette transition. «De lui, je prendrais volontiers son insouciance quand il accordait sa confiance aux jeunes», déclare Miguel Correia à qui le comité eschois a donné les clefs pour pérenniser le travail du technicien belge.
Départ de quatre piliers
Le départ de ce dernier en a surpris certains alors que d’autres avaient senti le coup venir. On n’en connaît pas les raisons profondes ni les conséquences à court terme. Treize joueurs ont toutefois pris le sillage de leur ancien coach dont le très bon Mirza Mustafic, le très précieux Grégory Grisez ainsi que Bruno Freire et Sylvio Ouassiero. Soit quatre titulaires à part entière. Et Lucas Correia, le fils du coach. «Je ne me voyais pas l’entraîner», dit son paternel. L’espoir partira dans un club professionnel ou à l’université aux EtatsUnis.
Sur les slides que Pascal Welter fait défiler derrière lui lors d’une conférence de presse organisée mercredi soir, on pourrait s’étonner de ne retrouver que deux arrivées pour compenser cette fuite. Le directeur sportif précise que d’autres noms viendront encore s’ajouter, que le club a battu le rappel de ses joueurs prêtés et que plusieurs jeunes présents dans la très belle aventure des U17 lors du défunt Championnat d’Europe seront incorporés au noyau A.
Le compte y sera. La qualité, ça reste à voir. Et on sera mis au parfum rapidement puisque le club connaîtra la semaine prochaine son adversaire au premier tour de la Conference League et que dans un mois le match aller sera déjà dans le rétroviseur.
Miguel Correia reprendra ainsi le chemin des entraînements lundi prochain. Avec Lionel Zanini à ses côtés. Le coach belge, que Grandjean avait emmené dans ses valises, est promu adjoint tout en conservant son rôle d’analyste vidéo. De nouvelles têtes apparaissent. Celle de Filipe Martins, le nouveau préparateur physique, qui remplace l’éternel Miguel da Costa au pied levé. Filipe Martins Noronha cornaque les gardiens et Tania Matos épaulera Veldin Muharemovic dans la création d’une équipe U23 qui servira de zone tampon entre les Juniors et l’équipe première.
La fusion, un «mal» inévitable?
L’escadron est formé et part au combat. Avec quelles ambitions? «J’ai pour mission de former une équipe compétitive. Et personnellement, je n’ai guère de doutes làdessus. Mais ce sont les joueurs qui donneront les réponses à cette question», expliquait Miguel Correia. «Je garderai ma ligne et je ne changerai pas ma personnalité ni mon rapport avec les joueurs parce que je passe du rôle d’adjoint à celui d’entraîneur en chef.»
L’esprit Fola avec des jeunes lancés dans le tourbillon de la compétition sera le fil conducteur d’une saison qui s’annonce toutefois compliquée. Les anciens auront pour mission d’encadrer ces ados. Julien Klein est resté fidèle au club doyen, Stefano Bensi
J’ai pour mission de former une équipe compétitive. Et personnellement, je n’ai guère de doutes làdessus. Miguel Correia (entraîneur)
espère enfin vivre une saison sans pépin et Benjamin Runser est venu apporter sa puissance et son sens éducatif à cette joyeuse bande. Diogo Pimentel est de retour. Pour mieux repartir? Il faudra aussi percer le mystère Michael Omosanya, à qui Grandjean n’a guère accordé de crédit la saison dernière, mais que Luc Holtz a à chaque fois repris en sélection. «Je n’ai jamais reçu autant de sollicitations pour un joueur», précise notamment Welter.
Avec tout ça, on parle à demimots de «groupe qui doit tenir la route», de «milieu de classement» tout en sachant que la tranche de la pièce est très étroite et qu’elle peut tomber d’un côté comme de l’autre. Le Fola n’a pas encore dit adieu à l’Europe mais se prépare à des années plus difficiles. Et quand on glisse le mot «fusion» dans la conversation, on ne s’en empare pas avec gourmandise mais on ne se dresse pas non plus sur ses ergots pour le défier. Ça viendra tôt ou tard. Mais peut-être plus tôt que prévu vu les zones de turbulences traversées par les clubs de la Métropole du Fer.