La tolérance à l’épreuve
Réaction à la lettre «L’école luxembourgeoise et le drapeau LGBTQIA+»
Arborer le drapeau arc-en-ciel, pour une école au Luxembourg, c'est avant toute chose assez inédit et courageux. Il ne s'agit pas d'un drapeau national, ni de celui d'une idéologie. Il rassemble pêlemêle des gens qui peuvent enfin sortir d'une mise à l'écart séculaire, pouvant aller jusqu'à la peine de mort, pour des raisons d'orientation sexuelle.
Je ne crois pas non plus que le drapeau soit la bannière derrière laquelle se cacherait un nouveau totalitarisme intellectuel. Dans chaque assemblée humaine il y a toujours tout l'éventail intellectuel, allant de la bêtise essentielle à l'ouverture d'esprit la plus rayonnante. Le totalitarisme intellectuel ne peut exister que dans un pays totalitaire.
Dans une démocratie comme le Luxembourg, le totalitarisme intellectuel vertical a disparu et celui, horizontal, de la bêtise algorithmique, arrive tout juste à me soutirer un sourire ironique, mais certainement pas à m'intimider.
Si les couleurs arc-en-ciel représentent une idéologie, alors le drapeau blanc et jaune, qui flottait en ville du temps de mon enfance, à côté du drapeau luxembourgeois, représentait aussi une idéologie, sauf que je ne m'en rendais pas compte, puisque j'étais en immersion totale. Vu la vitesse avec laquelle se suivent les vérités scientifiques en biologie, je n'oserai pas en arrêter la progression en parlant d'une vérité biologique fondamentale à un moment donné. Surtout que les gens concernés physiquement par la variabilité apparente du genre ne se voient pas en scientifiques. Ils aimeraient juste vivre leur «vérité» sans être intimidés par les tenants de la vérité fondamentale.
«Si je me sens femme/homme/ rien des deux ...», n'est pas un raisonnement ni une logique. C'est un sentiment que seul celui qui le ressent peut exprimer aussi explicitement qu'il en est capable. Une école qui arbore le drapeau arc-enciel ne promeut pas une idéologie, mais élargit l'horizon de sa tolérance. J'aimerai que monsieur Campagna m'explique pourquoi des élèves se sentant LGBTQ... devraient exiger que l'école reconnaisse leur sentiment identitaire. Ils peuvent juste l'espérer. Surtout d'une école qui leur apprend la tolérance.
Quand monsieur Campagna met en parallèle les opprimés Yésides et Ouigours avec les «opprimés» d'une frange du mouvement LGTBQ …, il s'égare un peu, se laissant probablement emporter par la fougue de l'idéologie philosophique qui l'anime.
Jean Schiltz, Luxembourg
Ceci est une réaction à la lettre à la rédaction «L’école luxembourgeoise et le drapeau LGBTQIA+» du 11 juin 2022.