En route pour la gratuité
En Wallonie, les transports en commun sont supposés d’offrir une alternative à la voiture
La compagnie des transports en commun wallons – les TEC – est volontiers brocardée pour ses grèves à répétition et le retard chronique de ses bus.
Cette fois, les TEC font parler autrement d'eux. Dès le 1er septembre, l'abonnement sera vendu au prix d’un euro par mois pour les jeunes de 18 à 24 ans. La mesure intervient avec une année d’avance par rapport au calendrier initialement prévu. L'abonnement donne accès à tout le réseau, y compris les lignes Express.
Bientôt la gratuité complète des bus?
Ainsi en a décidé le gouvernement régional. «Il s’agit d’une nouvelle accélération de la gratuité progressive des transports en commun. Cela contribue à rendre les bus et les trams plus attractifs, d’autant plus dans cette période de crise énergétique et de coût exorbitant du carburant», a commenté le ministre de la Mobilité, l’écologiste Philippe Henry.
La Wallonie confirme qu'elle pourrait ainsi mettre en place à l'avenir la gratuité complète des bus. Tous les usagers, et non pas seulement les jeunes et les seniors, n'auraient plus rien à payer au moment de monter dans le bus, à la manière de ce qui se fait au Luxembourg depuis 2020.
C’est précisément en se tournant vers le Grand-Duché que la chaîne publique francophone RTBF a cherché à dresser un bilan de la gratuité. Est-elle efficace? «Deux ans plus tard, il est encore difficile de faire un bilan fiable de la gratuité totale des transports en commun chez nos voisins. En janvier dernier, le ministre luxembourgeois de la Mobilité, François Bausch, indiquait en tout cas que 'le niveau de trafic automobile est revenu à son niveau d’avant-crise' en raison de la reprise économique et des nombreux transfrontaliers belges, allemands ou français qui travaillent au Luxembourg.» En fin de semaine dernière, le même ministre a toutefois affirmé que le nombre total des usagers au sein du réseau TICE au mois de mars 2022 est nettement supérieur à celui du mois d’octobre 2021 (+16,78 %).
Initier un comportement plus vertueux
La RTBF évoque par ailleurs la trentaine de villes françaises où la gratuité des transports en commun a cours, dont Dunkerque. Selon une première étude, 50 % des sondés y utilisent «un peu plus» ou «beaucoup plus» les bus en raison de leur gratuité …
En Wallonie comme ailleurs, l’objectif est d’initier un comportement vertueux propice à la réduction du réchauffement climatique. Moins de voiture sur les routes, c’est moins de pollution et moins de bouchons en ville.
Encore faut-il que la population adhère et que l’offre soit suffisante. La Wallonie est une région pour bonne partie rurale où il est pratiquement impossible de se mouvoir sans voiture. Les commerces et les entreprises ont déserté les villages pour s’agglutiner dans les centres urbains et les zonings qui croissent dans leur périphérie, sans autre moyen d’accès que l’automobile.
C’est pourquoi, parallèlement à la gratuité progressive, les TEC mènent une vaste opération de toilettage qui s’achèvera en 2030 et doit leur permettre de s’adapter aux réalités de l’époque. Les usagers seront invités à s’exprimer sur leurs besoins en termes de mobilité.
Le gouvernement wallon du socialiste Elio Di Rupo veut croire qu’il est possible de convaincre la population que la bagnole n’est pas une fatalité. En dépit du retard pris pour cause de pandémie, la Wallonie veut devenir une région verte. La fin des ventes de voitures neuves à moteur thermique en 2035 est une opportunité à saisir pour promouvoir les transports en commun, sachant que tout le monde ne pourra pas accéder à l'électrique. C’est en tout cas une hypothèse de travail.