Les recettes belges pour sortir de la crise
La réduction de la vitesse sur autoroute ou la liaison proportionnelle des accises à la consommation sont quelques-unes des pistes envisagées
L’inflation, le coût des énergies, l’indexation des salaires … Le gouvernement De Croo ne sait plus à quel saint se vouer. Il semble paralysé, incapable de donner un cap tant il hésite entre les mesures à prendre.
Un rapport d’expertise très attendu vient de lui être rendu. Il donne au gouvernement fédéral une série de pistes sur les thèmes du pouvoir d’achat et de la compétitivité des entreprises. Il amorce une analyse approfondie de la situation macroéconomique dans le contexte de la crise actuelle et une évaluation des mesures en cours, tout en voulant prendre en compte la situation des plus défavorisés.
Parmi les pistes proposées, on trouve une série de nouveautés concernant notamment la fiscalité de l’énergie. Fini le saupoudrage des aides ponctuelles. Les prix seraient ici fixés davantage en fonction des accises que de la fiscalité directe. Ce système permettrait de taxer plus celui qui consomme beaucoup, et moins celui qui se montre sobre. La TVA deviendrait en outre «intelligente», baissant quand la tendance est à la hausse mais grimpant lorsque le prix des énergies s’écrase.
Vitesse limitée
Dans ce dossier, une autre proposition n’est pas sans rappeler les dimanches sans voiture de la crise pétrolière des années 70. Les experts suggèrent notamment de réduire la vitesse sur autoroute, une mesure souvent évoquée par le passé mais jamais adoptée. Ils proposent à leur tour de revoir la fiscalité des voitures de société qui constitue un plus par rapport au salaire net, mais dessert les objectifs climatiques.
L’indexation automatique des salaires liée au coût de la vie grève les poches de la fonction publique et la compétitivité des entreprises. Ici, les experts demandent d’harmoniser la mise à niveau des salaires, les différents régimes actuels (administration publique, entreprises privées, etc.) défavorisant les revenus les plus modestes.
Quant à la fiscalité du travail, il serait bon selon les experts de l'adapter dès cet été – plutôt qu’en janvier prochain – afin de diminuer le précompte professionnel, ce qui aurait pour effet d’augmenter le salaire poche.
Des cadeaux fiscaux
Le rapport prévoit encore des cadeaux fiscaux aux entreprises qui réfrènent leur consommation d’énergie fossile, notamment via une déduction accélérée pour les investissements verts ou une compensation sur la diminution potentielle de la marge d’exploitation.
Et puis, il y a la dette publique qui atteint les 108,4 % du PIB et qu’il convient de maîtriser sans rogner le pouvoir d’achat du Belge moyen.
Enfin, les experts tapent à leur tour sur le clou du travail. Il faut, disent-ils à l’unisson, atteindre les 80 % de taux d’emploi fixés par la Commission européenne. Avec quelque 850.000 personnes dépendant du chômage et de l’assurance maladie-invalidité, la Belgique en est loin.
Ces pistes semblent s’équilibrer, apportant de l’eau au moulin de chaque parti de la coalition «Vivaldi», laquelle va de la gauche socialiste à la droite libérale. Encore faut-il que les sept formations politiques s’entendent désormais pour fixer un juste équilibre. Sans trop attendre. Or, le gouvernement De Croo, qui a été mobilisé pendant deux ans par le covid, peine à s'accorder sur les réformes qui doivent moderniser l’Etat belge (pensions, fiscalité, travail, etc.)
Ce n’est donc pas gagné. Une «grande manifestation» nationale est programmée ce lundi 20 juin avec pour objectif de défendre le pouvoir d’achat et le niveau de vie des travailleurs. Personne n’a envie de céder d’un pouce …
Encore faut-il que les sept formations politiques s’entendent désormais pour fixer un juste équilibre.