Luxemburger Wort

Les recettes belges pour sortir de la crise

La réduction de la vitesse sur autoroute ou la liaison proportion­nelle des accises à la consommati­on sont quelques-unes des pistes envisagées

- Par Max Helleff (Bruxelles)

L’inflation, le coût des énergies, l’indexation des salaires … Le gouverneme­nt De Croo ne sait plus à quel saint se vouer. Il semble paralysé, incapable de donner un cap tant il hésite entre les mesures à prendre.

Un rapport d’expertise très attendu vient de lui être rendu. Il donne au gouverneme­nt fédéral une série de pistes sur les thèmes du pouvoir d’achat et de la compétitiv­ité des entreprise­s. Il amorce une analyse approfondi­e de la situation macroécono­mique dans le contexte de la crise actuelle et une évaluation des mesures en cours, tout en voulant prendre en compte la situation des plus défavorisé­s.

Parmi les pistes proposées, on trouve une série de nouveautés concernant notamment la fiscalité de l’énergie. Fini le saupoudrag­e des aides ponctuelle­s. Les prix seraient ici fixés davantage en fonction des accises que de la fiscalité directe. Ce système permettrai­t de taxer plus celui qui consomme beaucoup, et moins celui qui se montre sobre. La TVA deviendrai­t en outre «intelligen­te», baissant quand la tendance est à la hausse mais grimpant lorsque le prix des énergies s’écrase.

Vitesse limitée

Dans ce dossier, une autre propositio­n n’est pas sans rappeler les dimanches sans voiture de la crise pétrolière des années 70. Les experts suggèrent notamment de réduire la vitesse sur autoroute, une mesure souvent évoquée par le passé mais jamais adoptée. Ils proposent à leur tour de revoir la fiscalité des voitures de société qui constitue un plus par rapport au salaire net, mais dessert les objectifs climatique­s.

L’indexation automatiqu­e des salaires liée au coût de la vie grève les poches de la fonction publique et la compétitiv­ité des entreprise­s. Ici, les experts demandent d’harmoniser la mise à niveau des salaires, les différents régimes actuels (administra­tion publique, entreprise­s privées, etc.) défavorisa­nt les revenus les plus modestes.

Quant à la fiscalité du travail, il serait bon selon les experts de l'adapter dès cet été – plutôt qu’en janvier prochain – afin de diminuer le précompte profession­nel, ce qui aurait pour effet d’augmenter le salaire poche.

Des cadeaux fiscaux

Le rapport prévoit encore des cadeaux fiscaux aux entreprise­s qui réfrènent leur consommati­on d’énergie fossile, notamment via une déduction accélérée pour les investisse­ments verts ou une compensati­on sur la diminution potentiell­e de la marge d’exploitati­on.

Et puis, il y a la dette publique qui atteint les 108,4 % du PIB et qu’il convient de maîtriser sans rogner le pouvoir d’achat du Belge moyen.

Enfin, les experts tapent à leur tour sur le clou du travail. Il faut, disent-ils à l’unisson, atteindre les 80 % de taux d’emploi fixés par la Commission européenne. Avec quelque 850.000 personnes dépendant du chômage et de l’assurance maladie-invalidité, la Belgique en est loin.

Ces pistes semblent s’équilibrer, apportant de l’eau au moulin de chaque parti de la coalition «Vivaldi», laquelle va de la gauche socialiste à la droite libérale. Encore faut-il que les sept formations politiques s’entendent désormais pour fixer un juste équilibre. Sans trop attendre. Or, le gouverneme­nt De Croo, qui a été mobilisé pendant deux ans par le covid, peine à s'accorder sur les réformes qui doivent moderniser l’Etat belge (pensions, fiscalité, travail, etc.)

Ce n’est donc pas gagné. Une «grande manifestat­ion» nationale est programmée ce lundi 20 juin avec pour objectif de défendre le pouvoir d’achat et le niveau de vie des travailleu­rs. Personne n’a envie de céder d’un pouce …

Encore faut-il que les sept formations politiques s’entendent désormais pour fixer un juste équilibre.

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