Le lard et le cochon
Demain dimanche en France aura lieu le second tour des élections législatives, et tous les regards une fois encore, après la présidentielle, se portent sur Jean-Luc Mélenchon, leader des Insoumis et grand timonier de la coalition «Nupes» réunie autour de ceuxci. Tous les regards se portent sur cet homme qui hier encore était considéré comme un pittoresque trublion, mais qui demain pourrait priver Emmanuel Macron d’une majorité parlementaire lui permettant de gouverner à sa guise.
Face au grand turbulent et à ses alliés, le camp macronien ironise: la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) est un bloc de bric et de broc, qui bien vite va se fissurer sous le poids de sa propre disparité, car rien n’est commun aux Insoumis, aux Socialistes, aux Communistes et aux Ecologistes. Rien, en effet, si ce n’est l’hostilité à Macron, le projet d'obstruction à celui-ci étant devenu programme politique à part entière, endossé par des confédérés qui, pour disparates qu’ils soient, n’en sont pas moins porteurs d’une sensibilité collective.
La France, en somme, va voter pour ou contre Macron, une fois de plus.
La France, en somme, va voter pour ou contre Macron, une fois de plus, lors de ces législatives qui constituent bel et bien un troisième tour de la présidentielle.
Macron, qu’on avait connu plus vaillant, adopte devant cette hostilité une attitude de marquis mordu aux escarpins par les roquets du village. Macron, qu’on a connu plus avisé, jette des cailloux aux corniauds plutôt que d'avancer ses propres billes. Macron enfin, qu’on a connu plus rigoureux, constitue en meute indistincte les factions de ses assaillants, comme s’il y avait une essentielle similarité entre la gauche d’une part, extrapolée en «extrême» gauche, et l’extrême droite d’autre part. Macron ainsi, qu’on a vu plus philosophe, commet une faute – ou une imposture – dans l'ordre du raisonnement, en laissant entendre que l’extrême, si extrémisme il y a, est un danger en soi, qu’il soit de gauche ou de droite, ce par quoi le président finit par offenser l’électorat en postulant que l’antisémitisme et le communisme sont une équivalente menace, que la formation de Le Pen et la coalition de Mélenchon sont aussi analogues que le lard et le cochon.
Morale de l’histoire: les meilleurs même déchoient quand le vent tourne. On attendait d’Emmanuel Macron qu’il restaure la complexité, au lieu de quoi il organise la plus binaire, la plus grossière des polarités.