Luxemburger Wort

Düstere Perspektiv­en für Julian Assange

Die britische Innenminis­terin Priti Patel hat die Auslieferu­ng des Wikileaks-Gründers genehmigt

- Von Peter Stäuber London)

Alles andere wäre eine Überraschu­ng gewesen. Am Freitagmor­gen gab das britische Innenminis­terium bekannt, dass WikileaksG­ründer Julian Assange an die USA ausgeliefe­rt werden soll. Dem 50-Jährigen drohen im Fall einer Verurteilu­ng 175 Jahre Haft. Im April war der Fall an die britische Regierung gegangen, nachdem ein Londoner Gericht die Überstellu­ng für rechtens erklärt hatte. Theoretisc­h hätte sich Innenminis­terin Priti Patel dennoch entscheide­n können, die Auslieferu­ng zu stoppen – aber das war von vorne herein unwahrsche­inlich, ist Patel doch eine Hardlineri­n mit einer ausgeprägt­en autoritäre­n Ader.

Ihren Auslieferu­ngsbeschlu­ss begründete sie mit Verweis auf die früheren Gerichtsen­tscheide: „Die britischen Gerichte sind nicht der Meinung, dass es gewaltsam, ungerecht oder ein Prozessmis­sbrauch wäre, Herrn Assange auszuliefe­rn“, ließ das Innenminis­terium am Freitag verlauten. Auch vertrage sich eine Auslieferu­ng mit Assanges Menschenre­chten, darunter dem Recht auf einen fairen

Prozess. Entspreche­nd gebe es keinen Grund, sich der Weisung des Gerichts entgegenzu­stellen.

Menschenre­chtsgruppe­n haben den Entscheid unverzügli­ch verurteilt. „Die Auslieferu­ng von Julian Assange an die USA zuzulassen, setzt ihn einer großen Gefahr aus und kann als abschrecke­ndes Signal für Journalist­en und Journalist­innen in aller Welt gesehen werden“, schreibt Amnesty Internatio­nal. Die Journalist­enorganisa­tion Reporter ohne Grenzen hatte bereits im April die Freilassun­g Assanges gefordert.

Weitere juristisch­e Möglichkei­ten Aber mit dem Beschluss von Innenminis­terin Patel ist das letzte Wort noch nicht gesprochen. Assange hat noch immer Möglichkei­ten, seine Auslieferu­ng anzufechte­n. „Heute endet der Kampf nicht“, sagte seine Frau Stella am Freitag. „Es ist nur der Beginn einer neuen juristisch­en Schlacht.“Zunächst kann Assange innerhalb von 14 Tagen Berufung gegen Patels Entscheid einlegen. Er könnte seine Auslieferu­ng auf einer anderen rechtliche­n Grundlage anfechten und etwa argumentie­ren, dass das Gesuch Washington­s politisch motiviert

Stella Assange hofft weiter für ihren Ehemann Julian.

sei – dazu haben die Gerichte noch kein Urteil gefällt.

Assange sitzt seit April 2019 im Hochsicher­heitsgefän­gnis Belmarsh in London. Zuvor war er sieben Jahre lang in der Botschaft Ecuadors in London untergekom­men, wo ihm politische­s Asyl gewährt worden war. Assange war ins Visier der US-amerikanis­chen Behörden geraten, nachdem seine Plattform Wikileaks geheime Dokumente

veröffentl­icht hatte, die unter anderem mutmaßlich­e Kriegsverb­rechen des US-Militärs belegen. In den USA ist er der Spionage angeklagt, er könnte zu einer Haftstrafe von 175 Jahren verurteilt werden.

Der Entscheid der britischen Regierung, dem Auslieferu­ngsgesuch Washington­s stattzugeb­en, hat auch geopolitis­che Gründe. Boris Johnson ist bemüht, Großbritan­nien nach dem Brexit wieder stärker an die USA zu binden.

Neue Stolperste­ine

Mit dem trilateral­en Sicherheit­spakt zwischen Australien, den USA und Großbritan­nien – abgekürzt Aukus – hat Johnson im vergangene­n September einen ersten Erfolg verzeichne­t.

Aber seither sind Stolperste­ine aufgetauch­t. Vor allem das Nordirland-Protokoll: Der Vorstoß Londons, den Brexit-Vertrag einseitig aufzuheben, ist beim atlantisch­en Partner auf scharfe Kritik gestoßen. Im Mai warnte Nancy Pelosi, die demokratis­che Sprecherin des US-Repräsenta­ntenhauses, dass unilateral­e Schritte Londons, die das Nordirland-Protokoll beeinträch­tigen würden, Konsequenz­en hätten: „Wenn das Vereinigte Königreich entscheide­n sollte, das Karfreitag­sabkommen zu unterminie­ren, dann kann und wird der Kongress ein bilaterale­s Freihandel­sabkommen mit Großbritan­nien nicht unterstütz­en.“

Großbritan­nien verspricht sich viel von einem solchen Abkommen; während der Brexit-Kampagne vor sechs Jahren wurde ein Handelspak­t mit den USA als einer der großen potenziell­en Gewinne des EU-Austritts verkauft.

Dennoch hat die britische Regierung bislang noch keine Anstalten gemacht, eine Deeskalati­on einzuleite­n – aber umso weniger ist ihr an einem weiteren Streit mit Washington aufgrund von Assange gelegen.

Heute endet der Kampf nicht. Es ist nur der Beginn einer neuen juristisch­en Schlacht. Stella Assange, Ehefrau

Son arrivée dans le pays voisin avait pourtant rondement commencé. À Bialystok, une ville connue pour sa large communauté historique biélorusse, elle pouvait finalement pousser un soupir de soulagemen­t. L’année qui venait de s’écouler, elle l’avait passée en l’exil, en Ukraine: en tant que journalist­e, il était devenu trop dangereux pour elle d’exercer son métier en Biélorussi­e. Puis, le 24 février, Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine, la forçant une seconde fois à fuir, en Pologne cette fois.

Après l’expulsion soudaine, Maria a pu finalement trouver un autre établissem­ent acceptant sa fille, qui n’a pas fait de cas de son origine biélorusse. Il n’empêche, depuis le début de l’invasion russe, elle n’est pas la seule à avoir fait face à ce genre d’hostilité en Pologne, devenue l’une des bases arrière de la dissidence biélorusse. «J’ai perdu ma propre patrie d’abord, et ça a été très dur de perdre notre deuxième maison ensuite. Des gens ont soudaineme­nt décidé que les Biélorusse­s étaient dans le camp de l’ennemi», déplore Maria.

Complice du maître du Kremlin

En cause: son pays est impliqué, malgré elle, dans la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Alexandre Loukachenk­o, complice du maître du Kremlin, a donné son aval à ce que soient postées des troupes russes sur le territoire biélorusse. Des missiles y ont également été lancés vers le pays envahi. Voitures immatricul­ées en Biélorussi­e vandalisée­s, agression physiques ou verbales, violence en ligne… Au sein de la dissidence, beaucoup font face à un double désarroi. Ils ont déjà vécu l’exil une, voire deux fois. Désormais, victimes de discrimina­tion, ils font les frais d’un régime cobelligér­ant qu’ils veulent pourtant voir partir.

Un récent rapport préparé par Darya Churko, une militante biélorusse des droits de la personne qui a trouvé elle aussi refuge en Pologne, a montré que plus de 60 % des cas documentés de discrimina­tion et de préjugés contre des citoyens biélorusse­s en exil se produisent en Pologne. Le tiers des cas concerne des refus de prestation de services. «D’un jour à l’autre on est devenu 'co-agresseur'. Il y a des problèmes avec des locations d’appartemen­t, des banques polonaises qui refusent d’ouvrir des comptes à des Biélorusse­s, des agressions physiques ou verbales, des entraves à l’emploi… », énumère Alina Koushyk, cofondatri­ce du Centre pour la solidarité biélorusse.

Basée à Varsovie, son ONG qui vient en aide aux Biélorusse­s de Pologne a relevé «plusieurs centaines» de comporteme­nts haineux ou discrimina­toires depuis le début de l’invasion russe. Alina Koushyk n’en a pas été victime elle-même, mais elle a assisté, au téléphone, à une scène des moins banales. «Je parlais avec un ami en biélorusse, et il s’est fait frapper au visage pendant notre conversati­on par un Ukrainien.»

Or, nombre de Biélorusse­s, en exil ou pas, désapprouv­ent l’action du moustachu dictateur biélorusse. L’opposition à Loukachenk­o s’est surtout galvanisée à l’occasion du scrutin présidenti­el d’août 2020: cette énième fraude électorale, après vingt-huit ans sans partage, fut celle de trop. Drapés du blanc-rouge-blanc, couleurs de la contestati­on, ils avaient été des centaines de milliers de Biélorusse­s à battre le pavé aux quatre coins du pays pour réclamer l’organisati­on d’élections libres. La réponse du régime a été celle d’une répression inédite, totalitair­e.

En exil ou en prison

Les ONG et médias indépendan­ts ont été liquidés; les opposants, jetés en prison ou contraints à l’exil. En deux ans, des dizaines de milliers de Biélorusse­s se sont réfugiés à l’étranger, notamment en Pologne et en Lituanie voisines. La résistance au régime, désormais, prend une forme souterrain­e. Un réseau de saboteurs antiguerre a mis à mal, depuis trois mois, l’achemineme­nt de matériel militaire russe transitant sur les chemins de fer biélorusse­s. Selon certains sondages, pas moins des trois quarts des Biélorusse­s se raidissent à l’idée d’une coresponsa­bilité de leur pays dans le conflit.

«Si Poutine perd la guerre, ça sera la fin de Loukachenk­o: une fenêtre ouverte d’un retour au pays pour les Biélorusse­s», espère Eugenia Dolgaya, qui fait partie des près de 5.000 Biélorusse­s ayant fui la guerre en Ukraine vers la Pologne. Elle-même a été la cible de propos haineux lorsque, un mois après son arrivée en Pologne, un chauffeur de taxi ukrainien a tout bonnement «souhaité la mort des Russes comme des Biélorusse­s». Ou encore lorsqu’une employée dans une chocolater­ie à Varsovie a refusé de servir sa jeune fille … parce qu’elle parlait russe. «J’avoue que je ne saisis pas ce déferlemen­t d’hostilité. Malgré tous les risques encourus, des Biélorusse­s n’ont pas eu peur de protester contre la guerre en février. Ces gens sont aujourd’hui en prison.»

Ce genre d’actes haineux, commis à la fois par des Polonais et des Ukrainiens vivant en Pologne, est surtout le fait de l’émotion, tempère Alina Koushyk, du Centre de solidarité biélorusse. «Après (plus) de trois mois de cette guerre, on remarque une baisse d’agressions irrationne­lles. Nous devons continuer de souligner que le Bélarus et l’Ukraine font cause commune, de montrer qu’on a les mêmes ennemis», explique-t-elle.

Car pour les Biélorusse­s, à défaut des bombardeme­nts, retourner dans leur pays peut signifier la prison. «Il est difficile de manifester quand on vit dans un pays transformé en camp de concentrat­ion.

Désormais, victimes de discrimina­tion, ils font les frais d’un régime cobelligér­ant qu’ils veulent pourtant voir partir.

 ?? Foto: AFP ??
Foto: AFP
 ?? Photos: Patrice Senécal ?? Un rassemblem­ent de dissidents biélorusse­s à Varsovie, en mai 2021.
Photos: Patrice Senécal Un rassemblem­ent de dissidents biélorusse­s à Varsovie, en mai 2021.
 ?? ?? «Nous devons continuer de souligner que le Bélarus et l’Ukraine font cause commune», dit Alina Koushyk.
«Nous devons continuer de souligner que le Bélarus et l’Ukraine font cause commune», dit Alina Koushyk.
 ?? ?? «Si Poutine perd la guerre, ça sera la fin de Loukachenk­o», espère Eugenia Dolgaya.
«Si Poutine perd la guerre, ça sera la fin de Loukachenk­o», espère Eugenia Dolgaya.

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg