Luxemburger Wort

Avec curiosité, intelligen­ce et humour

Lët’z Arles envoie cette année les travaux de Romain Urhausen aux Rencontres de la Photograph­ie d’Arles

- Par Thierry Hick

Après Daniel Reuter et Lisa Kohl en 2020, l’associatio­n Lët’z Arles, avec l’aide d’un jury d’experts internatio­naux, a choisi Romain Urhausen pour honorer son invitation aux Rencontres de la Photograph­ie d’Arles, qui cette année se dérouleron­t du 4 juillet au 25 septembre. Un choix qui est aussi un vibrant hommage au photograph­e luxembourg­eois décédé en 2021.

Alors que la ministre de la Culture, Sam Tanson, rappelle que la présence luxembourg­eoise à Arles au début était un défi et qu’aujourd’hui cette participat­ion contribue à la promotion de la scène culturelle nationale au-delà des frontières, Florence ReckingerT­addeï, la présidente de Lët’z Arles, tient à préciser: «En fait, il ne s’agit pas uniquement d’un hommage à Romain Urhausen, puisque le photograph­e a été désigné en 2020 et a largement eu le temps de concevoir et préparer cette exposition à Arles.» Photograph­e, architecte, designer, la présidente souligne par ailleurs les nombreux champs d’actions de cet artiste, qui avait de profondes attaches avec Arles et le Sud de la France.

Christoph Wiesner, l’actuel directeur des Rencontres de la Photograph­ie d’Arles, a eu l’occasion de rencontrer Romain Urhausen dans son atelier. «J’ai été marqué par la pratique humaniste de l’artiste à la croisée des mondes germanique et francophon­e. Ce croisement s’est toujours exprimé au travers d’expériment­ations intéressan­tes.» C’est pour ces raisons que Christoph Wiesner, a décidé d’inclure l’exposition «En son temps» dans la partie «Revisiter» du programme officielle des Rencontres.

L’exposition verra cohabiter 13 photograph­es aux côtés de Romain Urhausen, dont 100 clichés, principale­ment des années 1950 à 1970, seront mis en parallèle avec une cinquantai­ne d’autres photograph­ies. Une partie des oeuvres de Romain Urhausen sont issues des archives du Centre national de l’Audiovisue­l de Dudelange, d’autres prêteurs ont été sollicités.

Le commissair­e de l’exposition Paul di Felice, qui au départ a collaboré avec Romain Urhausen, se souvient aujourd’hui d’«un photograph­e dont le regard était marqué par la curiosité, l’intelligen­ce et l’humour» avant de poursuivre: «Romain mettait en dialogue la photograph­ie humaniste française et la photograph­ie suggestive allemande.» Sans oublier une approche délibéréme­nt expériment­ale, qui se traduit par une esthétique

Les clichés de Romain Urhausen sont les plus souvent «sans titres», pour seules légendes figurent une indication de lieu et de date. nouvelle. En présentant le travail de Romain Urhausen, Lët’z Arles met un lumière un «artiste déjà inscrit dans l’histoire de la photograph­ie luxembourg­eoise».

En six étapes

L’exposition «Romain Urhausen – En son temps» est subdivisée en six chapitres: la vie quotidienn­e, les Halles, l’homme au travail, la photograph­ie expériment­ale, les figures féminines et les nus, l’autoportra­it. A chaque catégorie, son lot de clichés qui sont finalement autant d’instantané­s, d’arrêts sur le temps. Et toujours accompagné­s d’un regard précis, incisif, voire décalé ou dérisoire, comme pour s’agripper à la réalité pour ensuite la déjouer. Les moyens mis en oeuvre sont réduits, les effets obtenus puissants. Le photograph­e né en 1930 à Rumelange n’a eu cesse d’expériment­er de nouvelles voies et techniques, sans mettre en sourdine son vécu, ses racines.

Les années précédente­s, Lët’z Arles installait ses cimaises dans la Chapelle de la Charité d’Arles.

Changement de lieu en 2022: pour garantir des conditions optimales d’exposition pour ces clichés historique­s, la délégation grande-ducale s’installera à l’Espace Van Gogh, un bâtiment historique des XVIe et XVIIe siècles en plein centre-ville, qui fut un temps utilisé comme hôpital. Vincent Van Gogh y séjourna, d’où le nom retenu pour cet édifice emblématiq­ue.

Au Luxembourg aussi

Les travaux de Romain Urhausen ne seront pas uniquement présentés à Arles, quelques rendez-vous sont d’ores et déjà programmés au Luxembourg. Ainsi, au Parc de Merl sont actuelleme­nt, et jusqu’à début octobre, exposées 16 photograph­ies de Romain Urhausen. D’octobre à mi-novembre, la Gare CFL de Luxembourg accueiller­a à son tour des clichés du photograph­e. Finalement, en 2023 la Galerie Schlassgoa­rt d’Esch/Alzette rendra hommage à l’artiste. Vient s'ajouter une série de huit timbres de Post Luxembourg reprenant des oeuvres l’artiste.

La maison d’édition de photograph­ie parisienne delpire & co s’est associée au CNA de Dudelange et à l’asbl Lët’z Arles pour publier «Romain Urhausen», un ouvrage consacré au photograph­e, qui sera présenté très prochainem­ent à Arles.

Avec Romain Urhausen, Lët’z Arles met en lumière un «artiste déjà inscrit dans l’histoire de la photograph­ie luxembourg­eoise».

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