La Belgique atteindra l'objectif de l'OTAN
A l'horizon 2035, 2 % du PIB seront consacrés à la Défense, conditionnés par un large volet économique et social
Après plusieurs semaines d’incertitudes et de tractations, le gouvernement vient de parvenir à un accord sur la réévaluation du budget de la Défense. D’ici 2035, la Belgique y consacrera 2% de son produit intérieur brut (PIB). C’est donc soulagé que le Premier ministre Alexander De Croo se rendra à Madrid du 28 au 30 juin pour le sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays de l'OTAN.
L’effort est important et rompt avec des décennies de sous-investissements. Depuis la chute du Mur de Berlin en 1989 et la fin de la Guerre froide, les gouvernements belges successifs ont renâclé à mettre de l’argent dans une armée qui paraissait inutile, en dépit des nombreuses missions lancées en exYougoslavie, au Liban ou encore au Mali.
Le matériel et les hommes vieillissaient dangereusement. Sous la précédente législature, la polémique entourant l’achat des chasseurs-bombardiers américains F-35 en remplacement des F-16 atteints par la limite d’âge avait traduit une fois encore le désamour entre une partie des Belges et la chose militaire. L’agression de la Russie sur l’Ukraine le 24 février dernier a modifié radicalement la donne. Dans un premier temps, un accord avait été conclu sur un effort d'1,54 % du PIB d'ici 2030. Mais cela restait insuffisant en regard des engagements atlantiques pris par le passé. Dès 2030, la Belgique accélérera donc la cadence pour atteindre les 2 % du PIB en 2035.
Viser un retour sur investissement
Pour la ministre de la Défense, la socialiste Ludivine Dedonder, «cette trajectoire de croissance confirme le redimensionnement de notre armée, avec une perspective d'un retour social et sociétal».
Autrement dit, la Belgique attend un retour sur investissement. C’est une des conditions posées avant de mettre l’argent sur la table. D’aucuns avaient jugé insuffisants les avantages promis au pays lors de l’achat des F-35 américains. Le gouvernement entend bien cette fois que l’augmentation du budget de la Défense profite également au tissu industriel belge et européen.
Il est également question de davantage d'intégration européenne, en complémentarité avec l'OTAN, d’un retour sociétal plus important, notamment en matière de cybersécurité et d'éducation, d’un élargissement de la notion d’aide à la nation censé appuyer les forces civiles en cas de crise profonde, comme lors des inondations de la mi-juillet dernier ou de la pandémie.
Le volet environnemental et climatique
Mais cet accord est aussi accompagné du volet environnemental et climatique qui a permis d’arracher l'accord des écologistes, une des composantes de la coalition Vivaldi au pouvoir. Les Verts refusaient que les nouveaux investissements militaires se fassent au détriment de politiques dont la mise en oeuvre ne peut plus attendre, comme la lutte contre le réchauffement climatique.
Malgré ces efforts, certains observateurs estiment que la Belgique pourrait continuer à être à la traîne des pays de l’OTAN, devant le Luxembourg avec qui il devra former d'ici 2028 un bataillon pour le compte de l'OTAN. Ils rappellent que le gouvernement néerlandais annonce l’investissement structurel de cinq milliards d’euros supplémentaires pour la Défense.
Une approche jugée irresponsable
Il reste que le gouvernement belge est parvenu à un accord en dépit des sensibilités parfois fortement opposées de ses composantes politiques, qui vont de la gauche socialiste à la droite libérale, cela alors que les finances publiques se noient dans le rouge.
Dans l’opposition, les communistes du PTB rejettent l’augmentation du budget militaire, la jugeant «irresponsable» en regard des difficultés économiques et sociales que rencontrent les Belges.