Luxemburger Wort

Inquiétude­s autour de l'accueil des Ukrainiens

En Belgique, associatio­ns et autorités craignent que des réfugiés restent à la rue cet hiver

- Par Max Helleff (Bruxelles)

La compassion vis-à-vis des Ukrainiens a-t-elle atteint son point limite? On peut se poser la question au vu des appels à l’aide et des interviews que certains responsabl­es de l’accueil ont confiés ces derniers jours à la presse.

Dernière à s’exprimer en date, la Croix-Rouge flamande craint qu'à la fin de l'été, il y ait une pénurie d'abris pour les Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays. Elle base cette observatio­n sur les difficulté­s que rencontre le centre de transit Ariane de WoluweSain­t-Lambert, en région bruxellois­e. À l'origine, les réfugiés n’étaient censés y passer qu’une seule nuit avant de trouver un logement chez l’habitant, quelque part dans le pays. Aujourd’hui, un réfugié sur trois reste plus de 15 jours dans ce centre, un sur huit plus de 25 jours.

La Croix-Rouge s’inquiète de l’inadéquati­on entre l’offre de logements et la demande. «Ni le bâtiment, ni les procédures, ni les moyens ne sont actuelleme­nt prévus pour un séjour de deux à trois semaines», précise-t-elle. Les premières difficulté­s de cohabitati­on et d’intégratio­n sont apparues: «Les résidents ont des problèmes d'argent et n'ont en outre plus de perspectiv­es claires, ce qui provoque du stress et de la frustratio­n. De plus, il y a aussi des difficulté­s pratiques, comme le besoin de détente et d'éducation pour les enfants et des installati­ons pour laver les vêtements, par exemple.»

La Croix-Rouge gère également le village d'accueil d'urgence de

Malines, déjà occupé à plus du tiers de ses capacités, un mois après son ouverture. A ce rythme, de solides difficulté­s pourraient se présenter à la rentrée. Or le nombre d’Ukrainiens supplément­aires susceptibl­es d’arriver en Belgique d’ici à la fin de l’année est estimé à 80.000.

Un manque de places disponible­s Dans les colonnes du «Soir», Michael Kegels, le patron de Fedasil (l'organe qui gère l’asile au niveau fédéral), explique qu’il est devenu «de plus en plus difficile de trouver des places» chez les particulie­rs et dans les communes, d’où l’encombreme­nt progressif de centres d’urgence qui ne devraient en principe servir qu’au transit. «Il y a une grosse inquiétude pour cet été», lâche Michael Kegels. «Les familles d'accueil vont partir en vacances. Elles se demandent ce qu'elles vont faire de leur famille ukrainienn­e. Je ne doute pas que les régions vont parvenir à mettre en place des solutions pour ces familles, mais que va-t-on faire des nouveaux arrivants? Le rôle de Fedasil se limite à leur attribuer une place, mais que va-t-on faire s'il n'y a plus de place?»

Ce son de cloche correspond mal à la compassion dont ont fait preuve de nombreux Belges au lendemain de l’agression de la Russie sur l’Ukraine et de l’arrivée des premiers réfugiés. Un élan de solidarité s’était immédiatem­ent déclaré, amenant certains observateu­rs à juger que le comporteme­nt des nationaux était bien plus favorable à l’accueil qu’en temps ordinaire. Entendez: il semble plus facile pour un Belge de donner l’hospitalit­é à un chrétien qu’à un musulman.

Le fédéral doit rentrer davantage Quoi qu’il en soit, l’hiver s’annonce problémati­que pour tous ceux qui auront à gérer l’accueil des Ukrainiens, du niveau fédéral jusqu’aux communes. Ajoutons que le secrétaria­t fédéral à l’Asile et à la Migration cherche un successeur au chrétien-démocrate flamand Sammy Mahdi qui est devenu samedi le nouveau président de son parti CD&V. En Belgique, l’accueil est essentiell­ement l’affaire des régions et des communes. Mais il n’est pas impossible qu’à un moment donné le fédéral doive rentrer davantage dans la danse pour muscler la coordinati­on, financer et parer à l’urgence.

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