Luxemburger Wort

La Belgique désarmée

De nombreux Belges prennent la direction de la France pour recevoir la protection contre la variole du singe

- Par Max Helleff (Bruxelles) Caricature: Florin Balaban

Le nombre de cas de variole du singe augmente de jour en jour en Belgique. Selon l'Institut de santé publique Sciensano, il s'élève aujourd'hui à 482, dont 28 hospitalis­ations. Toutes les personnes atteintes sont des hommes qui ont contracté la maladie après un contact sexuel avec un ou d'autres hommes.

Problème: la Belgique ne dispose que de 3 040 doses au total. Soit une capacité de riposte largement insuffisan­te qui a contraint les experts gouverneme­ntaux à conseiller d'espacer les deux injections nécessaire­s afin d'offrir une première immunité à un maximum de personnes à risque.

Les critères sont les suivants: être travailleu­r du sexe, prouver que l'on a contracté deux infections sexuelleme­nt transmissi­bles (IST) ces 12 derniers mois ou une infection au VIH, ou prouver un rapport sexuel avec un partenaire positif. Les personnes atteintes de troubles immunitair­es, le personnel de laboratoir­e travaillan­t sur les cultures virales, et les prestatair­es de soins sont également éligibles au vaccin. Tous les autres doivent attendre que d'autres doses soient disponible­s.

Des critères plus souples en France Sur le terrain, les soignants ne cachent pas leur mauvaise humeur, estimant que «la Belgique a de nouveau péché par manque d'anticipati­on». Cet épisode en rappelle de fait un autre, lorsqu'au printemps 2020 le pays s'était découvert dépourvu de masques, de charlottes ou encore de tabliers alors que le covid faisait des ravages dans les hôpitaux et les maisons de repos.

Ce constat a eu un effet presque immédiat. Nombreux sont aujourd'hui les Belges qui traversent la frontière pour aller se faire vacciner en France où les conditions d'accès au vaccin sont moins strictes et les doses disponible­s.

La chaîne publique francophon­e RTBF a réalisé à Lille un reportage montrant des Belges se présentant devant le médecin français. Certains étaient organisés en groupe. Ils sont accueillis avec bienveilla­nce pourvu qu'ils répondent aux critères préalablem­ent établis, le personnel soignant tenant tout de même à faire savoir que les Lillois et les métropolit­ains sont prioritair­es.

Un membre de l'asbl Ex Aequo, une associatio­n belge qui veille à la santé des hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes, ne cache pas sa colère: «On marche sur la tête. Aujourd'hui, la vaccinatio­n en Belgique ne semble pas être une priorité. On se demande s'il y a des moyens mis en place en Belgique pour pouvoir vacciner plus largement la population. C'est incroyable de devoir faire plus d'une heure de route pour pouvoir venir se faire vacciner».

Aujourd'hui, la vaccinatio­n en Belgique ne semble pas être une priorité. L'asbl Ex Aequo

30 000 doses à l'automne

15 000 citoyens belges devraient pouvoir accéder à la vaccinatio­n complète à l'automne prochain, grâce à l'arrivée de 30 000 doses. En attendant, la manière de combattre la maladie fait débat, et passe notamment par la recommanda­tion de l'usage du préservati­f. Le virus pourrait se transmettr­e par le sperme, estime en toute hypothèse le corps médical. Il rappelle cependant qu'il passe essentiell­ement par contact peau à peau avec les lésions. Certains experts estiment que le préservati­f devrait être porté jusqu'à douze semaines après la disparitio­n des lésions.

Il n'est pas question en revanche de fermer certains lieux de rencontres homosexuel­les ou bisexuelle­s, ceux-ci restant des lieux où des conseils à la prévention peuvent s'exercer en toute transparen­ce.

Autre possibilit­é: le dépistage pourrait être accentué à l'avenir via des tests PCR réalisés au départ des lésions cutanées. Les cas positifs seraient alors isolés afin de limiter la contagion.

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