La Jeunesse attrape la fièvre jaune
Dudelange a pris la tête du classement après sa démonstration face à une Jeunesse dépourvue d’arguments
Le chantier eschois s’annonçait colossal. On se gardera bien d’en mesurer la profondeur à l’issue de cette première journée de championnat. Car à part les matches amicaux, il n’y a pas pire baromètre que celui que peut vous fournir l’un des ogres de la compétition. Surtout lorsque son entrée en matière en BGL Ligue prend un relief particulier après son crash suédois qui compromet fortement ses chances de qualification en Europa League.
Peut-être que la plus mauvaise nouvelle n’est ni l’ampleur du score, ni la manière pour la Jeunesse. «Ce qui va nous faire mal, ce sont nos deux blessés», résumait Maxime de Taddeo, l’une des six nouvelles recrues lancées dans le bain par Henri Bossi ce lundi. Il y a d’abord eu Julien Bertoux, intronisé patron d’une défense à cinq et contraint de quitter la pelouse après onze minutes. «Mon genou a tourné», confiait-il en regagnant les tribunes. Puis ce fut au tour de Gary Bernard de se tenir l’arrière d’une cuisse. L’ailier redescendu d’un cran n’est pas revenu sur le terrain en seconde période. Une petite catastrophe au regard d’un effectif déjà un peu court.
«Un écart énorme»
Pas question pour autant de s’abriter derrière ces contretemps pour justifier la pilule amère avalée à Dudelange. «Il n’y a rien à dire. Ils étaient plus forts que nous dans tous les secteurs. On voulait éviter de prendre des buts trop rapidement, c’est ce qui est arrivé. On a toujours couru derrière la balle», résumait de façon très fairplay Henri Bossi avant de sortir la formule magique dans ce contexte. «C’est mieux de perdre une fois 0-5 que cinq fois 0-1.»
On ne peut lui donner tort, mais on a tout de même des raisons légitimes de s’inquiéter. Ce bloc bas incapable de ressortir le ballon sous la pression de l’adversaire, ces espaces laissés entre les lignes et cette incapacité à gagner des duels n’augure pas d’une saison de tout repos. Car, en plus, la Jeunesse a prêché dans un désert offensif. A part un but refusé pour une charge sur le roc Manuel da Costa (21e) et une tête de Maxime Deruffe presque surpris de recevoir le ballon (51e), il n’y a pas eu d’autre danger pour Lucas Fox.
«Je retiendrai quand même la deuxième mi-temps au cours de laquelle Dudelange n’a inscrit qu’un but. Notre organisation était meilleure aussi. En première période, j’ai joué avec le système que j’avais mis en place à Hostert, mais ça n’a pas réussi. J’aurais pu placer mon bloc encore plus bas, mais avec leurs qualités individuelles, ils auraient pu aussi faire la différence. C’était tout simplement un écart énorme.» Et peut-être pas le moment opportun de rencontrer le champion en titre. «Dudelange arrivait avec le rythme européen. C’était plus facile pour eux de s’adapter au tempo de la BGL que pour nous de nous mettre au diapason de l’Europe», constatait de Taddeo. «Mais on apprend toujours. On a pu mesurer nos lacunes dans nos 30 mètres et dans les 30 mètres de l’autre côté.»
Le bijou de Kirch
Au-delà de la volonté de remettre les pendules à l’heure après le sale moment passé à Malmö, il y avait, dans le chef de Carlos Fangueiro, le désir de ne rien laisser au hasard. «On a de suite voulu montrer à l’adversaire qu’on était là pour gagner. Je voulais absolument marquer tôt dans la partie pour avoir la possession et qu’on puisse faire respirer le ballon», confiait l’entraîneur dudelangeois.
En d’autres mots, l’examen de gestion a débuté un peu avant la demi-heure de jeu. Joao Magno avait ouvert son compte «buts» au Luxembourg (1-0, 15e), Alexis Boury, sous la pression, inscrivait un but contre son camp (2-0, 19e) puis Dejvid Sinani, à la suite d’un récital technique de Magno sur la gauche, triplait la mise (27e). Le meilleur restait à venir avec cette petite messe basse entre Fangueiro et Mehdi Kirch le long de la ligne de touche suivie d’une reprise de volée fulgurante du capitaine dudelangeois sur un corner de Sinani (4-0, 45e).
Magno soignait ses statistiques après la pause avec un second but et Nélito da Cruz, lui, échouait à deux reprises dans sa quête de secouer les filets adverses. C’était largement suffisant pour une équipe qui va défendre chèrement sa couronne et qui a montré pendant les 45 premières minutes qu’elle joue le meilleur football au pays pour l’instant. «Lorsqu’on travaille des choses à l’entraînement et qu’elles se concrétisent en match, il n’y a rien qui peut rendre un entraîneur plus heureux», ponctuait un Carlos Fangueiro déjà tourné vers le Stade de Luxembourg.
Ils étaient plus forts que nous dans tous les secteurs. Henri Bossi